Il aura fallu attendre 12 ans pour qu’un souverain belge pose à nouveau les pieds au Congo. Ce voyage du roi Philippe et de la reine Mathilde en RDC, à l’invitation du président Félix Tshisekedi, a été reporté à trois reprises. Nombreux sont ceux qui attendent de ce voyage une prise de position du chef d’État belge concernant le passé colonial de la Belgique dans le pays.
12 ans après la visite du roi Albert II, son fils met les pieds au Congo
Le dernier voyage d’un souverain belge en République démocratique du Congo date de 2010. Cette année-là, le roi Albert II avait effectué une visite éclair au Congo, sous le mandat de Joseph Kabila, accompagné de la reine Paola. Le roi Albert II, 76 ans à l’époque, n’avait pas prononcé un seul mot en public pour éviter tout incident diplomatique. L’invitation avait eu lieu à l’occasion des célébrations du 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, le tout dans un contexte de relations bilatérales en dents de scie entre la Belgique et son ancienne colonie.
Le voyage du roi Philippe et de la reine Mathilde au Congo s’annonce tout aussi délicat, même si les relations diplomatiques entre la Belgique et le Congo sont plutôt dans une période favorable. La visite est surtout attendue par les commentateurs, dans un contexte politique mondial où les chefs d’État européens cherchent à se repentir auprès de leurs anciennes colonies.
La coopération entre la Belgique et le Congo avait été suspendue depuis le début des années 90, lors des dernières années de Mobutu. Laurent-Désiré Kabila, qui fit tomber Mobutu, ne fit pas l’unanimité auprès de la diplomatie belge et aucun voyage officiel ne fut organisé durant son ère, de 1997 à 2001. Il faut attendre la succession de son fils, Joseph Kabila, pour que la Belgique invite le nouveau président congolais à Bruxelles, et que celui-ci lance l’invitation de retour à Kinshasa, en 2010.
Le roi Philippe et la reine Mathilde en République démocratique du Congo pendant 7 jours
Félix Tshisekedi, à la tête de la République démocratique du Congo depuis janvier 2019, avait invité le roi Philippe à visiter son pays. Le président a lui-même un lien très fort à la Belgique, où il a grandi et a vécu pendant 30 ans. La pandémie, puis le confinement et enfin la guerre en Ukraine ont obligé les souverains belges à reporter à trois reprises leur voyage au Congo.
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Le roi Philippe et la reine Mathilde ont été accueillis à l’aéroport international N’Djili de Kinshasa par le président de la République démocratique du Conco, Félix Tshisekedi, et la première dame, Denise Nyakeru, à leur sortie de l’avion en fin de journée, le 7 juin 2022. Le roi des Belges a eu droit aux honneurs militaires sur le tarmac et il a passé les troupes en revue. Le roi Philippe et la reine Mathilde ont aussi eu droit à un accueil par un groupe de danse traditionnelle.
Le 30 juin 2021, le roi Philippe avait exprimé « ses profonds regrets » pour les « souffrances et les humiliations » causées durant l’époque coloniale. Certains attendent des excuses claires des autorités belges, alors que les États européens font tour à tour amende honorable vis-à-vis de leurs anciennes colonies. Plusieurs personnalités belges, dont la princesse Esmeralda, tante du roi Philippe, ont demandé que le roi des Belges reconnaisse les agissements de la Belgique depuis le début de l’époque coloniale. Le règne du roi Léopold II est celui qui est le plus décrié dans ce contexte.
Lors de cette visite de 6 jours, particulièrement longue, le roi Philippe restituera une œuvre d’art congolaise au musée de Kinshasa. Il prononcera devant l’Assemblée nationale un discours très attendu. Il découvrira les mines géantes du Katanga et à Bukavu, auprès du Dr Mukwege et s’entretiendra avec les victimes des guerres de l’Est, détaille Le Soir.