La Supertunica et le Colobium sindonis : les robes que portera Charles III à son couronnement

Le 6 mai 2023, le monde entier assistera à la retransmission de la cérémonie de couronnement du roi Charles III à l’abbaye de Westminster. Le programme et le déroulement exacts de la cérémonie sont encore inconnus. Il est de tradition que le souverain soit revêtu de plusieurs tenues au cours de la cérémonie, allant du simple linceul blanc jusqu’aux magnifiques robes et capes richement décorées. Deux tuniques, la Supertunica et le Colobium sindonis, sont portées depuis les couronnements des rois médiévaux. Le Manteau impérial devrait lui aussi être porté, inspiré de l’époque des Tudor et des Stuart.

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Les robes que Charles III pourrait porter lors de son couronnement

Ce 17 février, Rupert Carrington, 7e baron Carrington, qui officie en tant que Lord Grand Chambellan, un pair qui joue traditionnellement un rôle majeur dans les cérémonies de couronnement, a annoncé au Telegraph qu’à l’heure actuelle, il n’avait encore aucune idée précise du rôle qu’il aurait à jouer lors de la cérémonie du 6 mai 2023. Il a simplement reçu jusqu’ici sa convocation à 9 heures 30. C’est dire combien le secret est bien gardé. Personne ne peut affirmer savoir comment se déroulera précisément le couronnement du roi Charles III.

Les cérémonies de couronnement peuvent être aménagées, comme c’est le cas pour une pièce de théâtre, en fonction des affinités du metteur en scène. Certaines parties doivent toutefois être exécutées selon un rituel précis. Ceindre la couronne de Saint-Edouard, prêter serment et recevoir l’onction font partie des éléments auxquels on peut difficilement déroger.

Le Colobium sindonis (centre en bas) est une tunique en lin blanc, la Supertunica dorée (gauche) et le manteau (centre au-dessus) qui se porte par-dessus. Il s’agit d’une représentation des vêtements de couronnement de Jacques II en 1685. Les vêtements ont été remplacés aujourd’hui mais restent inspirés de ces anciens modèles (Photo : Tom Hanley / Alamy / Abacapress)

Les changements de robes durant la cérémonie font partie des éléments rituels qui sont exécutés à chaque couronnement, depuis des siècles. La symbolique des robes ou des tuniques renvoie au changement d’état du souverain, entre le moment où il arrive à l’abbaye et le moment où il en ressort, après la cérémonie.

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Le Colobium sindonis est porté lors de l’onction

Le Colobium sindonis est un simple vêtement en lin blanc sans manches. Colobium est un mot latin, qui vient du grec, qui signifie tunique. Sindonis signifie linceul en latin. Lorsque le souverain porte le linceul, il symbolise le fait de se dépouiller de toute vanité du monde et de se tenir nu devant Dieu. Cette robe est portée au début de la cérémonie et c’est dans cet état qu’il sera oint. L’ordre dans lequel les robes sont portées a été établi dans le manuscrit Liber Regalis, qui compile les scénarios des cérémonies de couronnement depuis le 14ème siècle. Le manuscrit est conservé à la bibliothèque de l’abbaye de Westminster. 

En 1953, lorsque la reine Elizabeth II est arrivée en procession jusqu’à l’abbaye de Westminster et elle portait un long manteau appelé robe d’État. Cette robe est une sorte de cape de six mètres de long, en velours, de couleur carmin et bordée d’hermine. Peu de temps après le début de la cérémonie, six demoiselles d’honneur avaient déshabillé la reine, lui retirant son lourd manteau et ses bijoux. Elle portait alors le simple Colobium sindonis confectionné par Norman Hartnell.

La reine Elizabeth II portait un Colobium sindonis plissé et légèrement plus élaboré que le linceul porté par ses prédecesseurs masculins (Photo : Keystone Press Agency/ZUMA Wire/ABACAPRESS.COM)

Le Colobium sindonis était déjà utilisé lors des cérémonies de couronnement des rois d’Angleterre du Moyen-Âge. Son origine remonterait au couronnement d’Édouard le Confesseur en 1043. Bien entendu, les tuniques et les robes utilisées à cette époque n’ont pas résisté au temps et en particulier aux guerres civiles. Les tuniques utilisées à présent sont des confections modernes et spécialement dessinées pour correspondre à la morphologie de chaque souverain.

La robe, confectionnée par Hartnell, comprenait des éléments pratiques, comme une fermeture éclair dans le dos et des crochets pour faciliter les changements de tenue. La chasuble plissée était agrémentée d’un décolleté en forme de cœur. Lorsqu’elle a quitté l’abbaye, à la fin de la cérémonie, la reine portait la Robe de velours pourpre, qui est en réalité une longue cape portée sur les épaules, par-dessus sa célèbre robe de satin aux broderies complexes. Les emblèmes végétaux de chaque royaume du Commonwealth étaient brodés sur cette robe de satin.

La robe de couronnement de la reine Elizabeth, sur laquelle est posée la Robe de velours pourpre sur les épaules (Photo : Aaron Chown/PA Wire/ABACAPRESS.COM)

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La Supertunica rappelle les vêtements sacerdotaux

La plupart des robes sont refaites à chaque couronnement. Les exceptions actuelles sont la Supertunica, qui a été fabriquée pour le couronnement de George V en 1911, et le Manteau impérial, qui a été fabriqué pour le couronnement de George IV en 1821. Ces robes ont été portées à l’occasion des couronnements des souverains masculins. Pour la reine Elizabeth II, des aménagements avaient eu lieu puisqu’elle devait aussi porter une robe qui ne soit pas une robe cérémonielle. Il faut donc se référer aux couronnements du grand-père et de l’arrière-grand-père de Charles pour avoir une idée des tenues portées par les hommes.

Le roi Charles III pourrait porter son uniforme militaire d’apparat (Photo : Matt Crossick/Empics/ABACAPRESS.COM)

Il est fort probable que le roi Charles III arrive à Westminster dans un uniforme militaire d’apparat. George V, George VI et les rois précédents portaient encore des tenues traditionnelles avec des pantalons bouffants. On sait que le roi Charles III souhaite moderniser et simplifier la cérémonie et il pourrait donc porter un uniforme militaire. On pense aussi qu’il pourrait ne pas porter le Bonnet d’État, un bonnet rouge bordé d’hermine que portaient ses ancêtres sur le chemin vers l’abbaye. Il devrait toutefois porter la robe d’État par-dessus son uniforme. La robe est une longue cape qu’il portera aussi lors des cérémonies d’ouverture du parlement chaque année.

Au moment de recevoir l’onction, le roi Charles III devrait bien porter le Colobium sindonis. La chasuble blanche devrait être confectionnée spécialement pour lui. Elizabeth II portait un Colobium sindonis légèrement plus élaboré que ses ancêtres masculins. Le sien était plissé et plus volumineux car il était porté par-dessus sa robe de couronnement et devait la cacher entièrement. Le roi Charles III devrait revenir à la tradition du linceul blanc le plus pur et le plus simple. On suppose aussi que le roi mettra sa touche durable dans le choix des tissus et de la confection de ses robes, que ce soit pour son linceul ou la robe d’État.

Il devrait porter le Manteau impérial lorsqu’il recevra les joyaux

Autre vêtement impressionnant qui devrait être porté par Charles III, la Supertunica. Ce manteau de soie dorée à manches longues a été confectionné pour le couronnement du roi George V en 1911 et a été porté par le roi George VI en mai 1937 et par la reine Elizabeth en 1953. La Supertunica est placée sur le Colobium sindonis lors de la cérémonie, puis retirée avant la procession de sortie. 

La Supertunica actuelle a été créée pour le couronnement de George V en 1911 et a été portée par George VI et Elizabeth II. Le Manteau impérial vient se porter par-dessus (Photo : Victoria Jones/PA Photos/ABACAPRESS.COM)

La Supertunica s’inspire visuellement des vêtements de l’Église primitive et de l’Empire byzantin. Elle est ornée des symboles nationaux et une étole est aussi posée sur les épaules. Le souverain est revêtu de la tunique dorée après avoir reçu l’onction. Ce vêtement de confection assez récente évoque les habits sacerdotaux, rappelant la nature divine de la royauté. Rappelons que le roi du Royaume-Uni est aussi le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre et que la cérémonie de couronnement est de nature religieuse, principalement. La Supertunica a été confectionnée par le tailleur londonien Wilkinson & Son.

La Supertunica et le Manteau impérial qui se porte par-dessus (Photo : Tom Hanley / Alamy / Abacapress)

Après avoir revêtu la Supertunica, le Manteau impérial vient s’ajouter par-dessus. Le Manteau impérial est doré et rappelle lui aussi les vêtements sacerdotaux. Le manteau, également connu sous le nom de robe pallium ou dalmatique, a été fabriqué pour le couronnement de George IV en 1821. Bien que sa conception date du 19e siècle, le manteau est inspiré des vêtements des portraits des monarques Tudor et Stuart, qui eux-mêmes portaient des vêtements inspirés des couronnements médiévaux. Avant George IV, des manteaux dorés équivalents et assez ressemblants avaient été confectionnés pour chaque souverain.

Le Manteau impérial (Photo : Victoria Jones/PA Photos/ABACAPRESS.COM)

Une fois le Supertunica et le Manteau impérial sur le dos, Charles III devrait recevoir les Joyaux et les bijoux. Des objets sacrés et symboliques lui sont présentés. Il devra en porter plusieurs. Parmi ces objets, on retrouve des sceptres, un orbe, des épées, des éperons ou encore des armilles. Pour la sortie de l’abbaye, on ne sait pas si le roi Charles portera une cape équivalente à la Robe de velours pourpre portée par sa mère.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr