Ce vendredi 1e juillet 2022, le tribunal de grande instance de Hanovre s’est prononcé dans l’affaire qui oppose les deux princes Ernst August de Hanovre, père et fils. Le père reprochait à son héritier l’ingérence du château de Marienbourg dont il lui avait confié la garde. L’époux de la princesse Caroline, qui ne se montre pas tendre envers son fils aîné et héritier dynastique, vient d’apprendre le verdict du tribunal.
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Le tribunal a tranché dans le différend qui oppose Ernst August de Hanvore à son fils
Le verdict est tombé en matinée du 1e juillet 2022 dans la 16e chambre civile du tribunal régional à Hanovre, concernant le litige qui opposait le prince Ernst August de Hanovre (père) au prince héréditaire Ernst August de Hanovre (fils). Le père avait revendu sa créance à la société salzbourgeoise EAH BetreibungsgmbH. C’est donc elle qui officiellement intentait une action à l’encontre du jeune prince.
La comparution personnelle des justiciables n’était pas nécessaire, le verdict ayant été prononcé publiquement lors d’une audience, puis il a été transmis par écrit aux parties. Le chef de la famille royale de Hanovre n’a donc pas été obligé de croiser son héritier. Cela a donc permis d’éviter les confrontations et les déplacements. Le prince Ernst August de Hanovre, 68 ans, vit également une bonne partie de l’année à Madrid, auprès de sa nouvelle compagne et des jumeaux de son deuxième fils, le prince Christian de Hanovre.
Le tribunal a décidé de ne pas suivre la voie empruntée par le patriarche de la famille, rapporte Bunte. Autrement dit, la justice clôt l’affaire et décide de ne pas poursuivre le prince héréditaire Ernst August de Hanovre comme le demandait son père. Le litige portait sur la gestion du château de Marienburg, un château néogothique construit en 1857 à 20 km au sud de Hanovre. La construction avait été initiée par le roi George V de Hanovre qui souhaitait l’offrir à son épouse à l’occasion de son 39e anniversaire. Le château fait partie de la liste des nombreux biens qui sont encore en possession des descendants de la famille royale. Le prince Ernst August de Hanovre, prétendant au trône du royaume de Hanovre et au trône du duché de Brunswick, avait légué la gestion d’une grande partie du patrimoine familial à son fils aîné et héritier, il y a quelques années.
L’héritier de la Maison Hanovre n’est pas inquiété par la justice
Fin d’année 2018, le prince héréditaire Ernst August avait défrayé la chronique en annonçant vouloir se débarrasser du château de Marienburg pour un euro symbolique à l’État de Basse-Saxe. Le prince de 38 ans expliquait qu’il était incapable de payer les frais d’entretien du château estimés à 28 millions d’euros. Le ministère des Sciences et de la Culture de Basse-Saxe s’était proposé de couvrir les frais.
En plus du château, l’époux de la princesse Caroline exigeait la restitution du domaine de Calenberg dans la commune de Pattensen-Schulenburg et du palais de Herrenhausen à Hanovre. Le père souhaitait révoquer la donation qu’il avait faite à son fils pour cause « d’ingratitude », comme le rapportait le Frankfurter Allgemeine.
De son côté, le prince héréditaire affirmait ne pas avoir l’argent pour entretenir les différents biens. « Avec mes moyens, une rénovation durable ne peut être réalisée. En ce qui me concerne, la limite de la faisabilité financière a été atteinte », avait déclaré l’héritier de la Maison de Hanovre au journal local Hannoversche Allgemeine. « L’argent est parti », insiste Ernst August Jr, faisant référence à l’énorme vente aux enchères qui avait eu lieu en 2005 chez Sotheby’s et qui avait permis à la famille d’amasser la coquette somme de 44 millions d’euros. À l’époque, le New York Times avait listé quelques lots de ce « vide grenier » comprenant plus de 20 000 pièces répartis en 4700 lots, comme des tableaux, des vêtements, du mobilier et de l’argenterie.
En revendant des objets d’exception, ayant appartenu à des rois, des reines et des prestigieux ancêtres, le prince Ernst August de Hanovre a pu renflouer ses caisses mais les millions destinés à entretenir les châteaux auraient été dépensés autrement, comme l’affirme son fils. « Une grande partie des bénéfices [de la vente aux enchères] a été utilisée pour payer la dette qui s’était accumulée au fil des années avant ma prise de responsabilité », insiste le prince héréditaire, comme le rapporte Welt. « Les dettes de mon père, qui s’étaient considérablement accumulées, ont dû être remboursées et refinancées ». Récemment, Bunte faisait encore état d’une dette de 50 000 euros du prince envers son avocat.
Entre 2004 et 2007, le prince Ernst August de Hanovre, duc de Brunswick a légué la gestion du patrimoine familial à son fils aîné, tentant depuis lors de faire marche arrière, arguant une ingérence de son fils. Le chef de la famille est connu pour ses déboires avec la justice. En novembre 2021, le tribunal de Linz, en Autriche, avait confirmé le verdict du tribunal de première instance de mars 2021. Le prince Ernst August avait été condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir attaqué et blessé des policiers en état d’ivresse en 2020 et d’avoir menacé un couple qui travaillait pour lui dans sa propriété en Haute-Autriche. Par ailleurs, les relations personnelles entre le père et son fils aîné sont au plus bas depuis plusieurs années, allant jusqu’à ne pas donner son consentement pour mariage de son fils avec Ekaterina en 2017.
En 1235, Otton, un petit-fils d’Henri Le Lion, duc de Saxe et duc de Bavière, de la famille de Welf, a obtenu le duché de Brunswick-Lunebourg de l’empereur Frédéric II du Saint-Empire. Au fil des siècles, le duché a connu différentes partitions jusqu’en 1806 à la chute du Saint-Empire. Le duché est alors divisé en deux en 1814/1815, avec d’un côté le royaume de Hanovre et de l’autre le duché de Brunswick. Le duché de Brunswick va exister jusqu’en 1918, date d’abolition définitive de la monarchie en Allemagne. Le royaume de Hanvore, quant à lui, va exister jusqu’en 1866, date à laquelle le royaume est annexé à la Prusse et en devient simplement une province.
Par ailleurs, en 1714, le prince George de la Maison de Hanovre, qui était duc de Brunswick-Lunebourg et qui avait la qualité d’électeur de Hanovre fut appelé à monter sur le trône de Grande-Bretagne, car sa mère, qui venait de mourir, était la plus proche parente répondant aux critères des règles de succession pour succéder à la reine Anne de Grande-Bretagne. George fut donc roi de Grande-Bretagne en 1714. C’est sous le règne de son arrière-petit-fils, George III, qu’en 1814 l’électorat de Hanovre fut élevé au rang de royaume et qu’environ au même moment le duché de Brunswick prit son indépendance avec à sa tête Frédéric-Guillaume de la branche de Wolfenbüttel. Jusqu’à Guillaume IV, mort en 1837, les rois de Grande-Bretagne étaient aussi rois de Hanovre. En 1837, la reine Victoria succède à son oncle en Grande-Bretagne ce qui est impossible à Hanovre, la loi salique étant d’application. C’est Ernest-August qui succède à son frère sur le trône de Hanovre. Les trônes sont alors séparés.
Le fils d’Ernest-August, George V sera le dernier roi de Hanovre avant l’annexion du royaume à la Prusse. Les cousins de Brunswick règnent encore sur leur duché qui existera jusqu’à l’abolition de la monarchie dans l’Empire allemand. Coup du destin, en 1913, soit 5 ans avant l’abolition de la monarchie, c’est Ernest-Auguste, un des petits-fils de George V (donc la branche des rois de Hanovre) qui monte sur le trône du duché de Brunswick suite à une crise de succession qui avait laissé le trône de Brunswick vacant depuis 1884 (avec un système de régence qui avait été mis en place tout ce temps). Ernest-Auguste est le dernier souverain du duché de Brunswick et il fut aussi le prétendant au trône de Hanovre. Ses descendants sont donc à la fois prétendants au trône du royaume Hanovre et prétendants au trône du duché de Brunswick.