Le 7 octobre 2000, le grand-duc Jean de Luxembourg abdiquait en faveur de son fils, Henri, choisissant de prendre sa retraite, comme ce fut le cas pour les précédents souverains. Les derniers monarques du pays ont tous abdiqué, pour des raisons différentes. Aujourd’hui, à l’occasion des 20 ans de règne du grand-duc Henri, le chef d’État luxembourgeois a accordé une interview au Luxemburger Wort dans laquelle il parle de sa vision de la monarchie, de la crise actuelle et de son éventuelle abdication.
Lire aussi : Pourquoi les souverains du grand-duché de Luxembourg abdiquent-ils ?
Le grand-duc Henri de Luxembourg tire un bilan de ses 20 ans de règne
Le grand-duc Henri de Luxembourg a déclaré ce 7 octobre 2020 en luxembourgeois : « C’est un grand honneur pour moi d’être au service de notre pays, avec le précieux soutien de la Grande-Duchesse. Je voudrais également vous remercier pour les nombreux signes de sympathie que nos compatriotes apportent une fois de plus à ma famille ».
Ce message simple et direct a été envoyé par le Palais grand-ducal en ce jour d’anniversaire. Le grand-duc Henri a été plus loquace face au journaliste Jean-Michel Hennebert du Luxemburger Wort, qui a eu le privilège d’interroger son souverain à l’occasion de cet anniversaire. Le grand-duc Henri indique que ses 20 ans de règne sont « impossibles à résumer en une seule phrase ». Il a néanmoins fait part de sa vision du monde, « qui tourne de plus en plus vite » et de la monté des réseaux sociaux, qui apportent de nouveaux possibilités mais aussi de nouveaux dangers.

Lire aussi : Le grand-duc Henri bientôt à la retraite ? Il a atteint l’âge légal au Luxembourg
La monarchie luxembourgeoise mise à mal ces derniers temps
Le grand-duc Henri est également revenu sur ces derniers mois, qui ont été particulièrement difficiles pour tous, pendant la crise du coronavirus. Mais il était également question des mois précédents cette crise, qui correspondaient pour le coup à une crise interne, au Palais grand-ducal. Le rapport Waringo, commissionné par le gouvernement, a pointé des dysfonctionnements au sein du Palais. Certaines rumeurs ont également mis à mal la fonction de la grande-duchesse Maria Teresa. Des critiques personnelles la concernant ont aussi affecté le couple.
Le grand-duc Henri a expliqué comprendre cette remise en question du système politique en place. Le souverain va jusqu’à se dire « pas du tout intéressé par la défense de la monarchie en toutes circonstances ». Néanmoins, selon lui, le système monarchique « offre une stabilité (…) qui s’accompagne d’une certaine continuité », il assure que « si la population perçoit le système comme dépassé, une nouvelle forme de gouvernement doit alors être décidée démocratiquement ». Il indique ensuite vouloir « continuer à avoir son mot à dire dans le processus de formation du gouvernement », ce qu’il considère comme étant « l’un des aspects les plus intéressants de [s]on travail ».
Le grand-duc Henri ne souhaite pas abdiquer de si tôt
Concernant le rapport Waringo, selon le souverain, cela permettra de revoir en profondeur le fonctionnement du Palais, et le résultat ne pourra aller que pour un mieux. Le chef d’État a tout de même précisé combien il avait été peiné par des rumeurs « très blessantes ». « La Grande-Duchesse et moi-même avons été choqués par les rumeurs qui se sont répandues. Je travaille depuis 20 ans à la modernisation de la Cour grand-ducale au sein de laquelle il y a eu une très forte résistance au changement ».
Enfin, suite à la divulgation de ce rapport, des rumeurs circulaient selon lesquels il suivrait bientôt la voie de ses aïeux en abdiquant. La rumeur s’est d’autant plus intensifiée que son fils ainé, le grand-duc héritier Guillaume est devenu papa et a donc offert un héritier présomptif à la dynastie de Nassau, en mai 2020. Également, le grand-duc Henri a atteint l’âge de 65 ans le 16 avril dernier, qui est l’âge officiel de la retraite au grand-duché de Luxembourg. Pourtant, le Grand-Duc l’affirme : « Il n’est pas possible de démissionner en temps de crise, ce n’est pas possible de faire cela ». Pour lui, « ce serait comme rendre les armes ».
Lire aussi : Il y a 100 ans, les Luxembourgeois votaient le maintien de la monarchie : commémoration avec le grand-duc Henri
Source : Luxemburger Wort