Construit à partir de 1942, le bunker de la famille de Savoie a servi de refuge pour la famille royale italienne lors de la Seconde Guerre mondiale. Resté 70 ans à l’état d’abandon, il avait été restauré en 2016 et était ouvert au public. Le contrat de gestion entre la ville de Rome et l’association en charge des lieux a pris fin et la ville ne semble pas avoir pour priorité de trouver un repreneur au projet. Le bunker des Savoie et le bunker de Mussolini seront donc fermés.
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Le bunker des Savoie à la Villa Ada
Non loin de la villa Borghèse, au nord de la ville de Rome, un domaine appartenait à la famille Pallavicini depuis le 18e siècle. En 1872, le roi Victor Emmanuel II achète le domaine, sur lequel étaient construits des petits bâtiments, comme un belvédère, des écuries ou un temple. Le roi d’Italie fait construire un palais royal, qu’il utilisera comme résidence de campagne pour lui et sa famille. Son fils, Humbert 1e, qui n’aimait pas ce palais, le revendit à son gestionnaire de fortune, qui le renomma Villa Ada, en hommage à sa femme. Le fils d’Humbert 1e, le roi Victor-Emmanuel III, a racheté à son tour la Villa Ada.
La Villa Ada, aussi connue comme la Villa Savoie depuis son rachat en 1904, a servi de résidence secondaire à la famille royale. Fin des années 30, alors que la situation se dégrade, la famille royale utilisait les caves du palais comme abri anti-aérien. En 1941, Mussolini prévient la famille royale qu’il serait préférable d’aménager un bunker pour mieux se protéger. Entre 1942 et 1943, un bunker est construit sous une colline à quelques mètres du palais, accessible par une porte près des écuries. Le bunker est protégé par un bouclier en béton armé au plafond. Depuis son entrée, il faut parcourir un couloir de 10 mètres avant d’atteindre deux portes de 1800 kilos. Le bunker est équipé d’un système de traitement des eaux usées, de ventilation et d’électricité. L’abri comprend une chambre principale, et une salle de bain avec des toilettes.
Après la fin de la monarchie en Italie, le roi Humbert II a choisi d’offrir le palais à l’Égypte, pour remercier le pays de l’avoir accueilli lors de son exil. La Villa Ada abrite donc aujourd’hui d’ambassade d’Égypte. Le bunker, quant à lui, est resté à l’abandon pendant 70 ans. Il a servi de refuge aux sans-abri et était devenu un squat pour toxicomanes. Couvert de graffiti, le bunker avait été rénové en 2016 par Roma Sotterranea, une association mandatée par la Surintendance pour le patrimoine culturel de la municipalité de Rome.
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Le bunker des Savoie et le bunker de Mussolini à nouveau abandonnés
Le contrat entre la municipalité et l’association de spéléologie urbaine a touché à sa fin le 20 mars dernier. Le site était déjà fermé depuis plusieurs mois, à causes des mesures sanitaires en vigueur en période de crise sanitaire. Cette fermeture inattendue n’a pas motivé la ville à entreprendre les démarches nécessaires pour lancer un nouvel appel d’offre.
L’association est arrivée au terme de ses deux mandats de 3 ans, en tant que gestionnaire du site. L’année dernière, malgré la mauvaise situation financière due à la fermeture du site, « l’association a cependant continué à s’occuper de leur entretien, nécessaire compte tenu de la particularité des sites », explique Artribune. « Dans l’attente de la nouvelle annonce et de la désignation de la nouvelle direction, les bunkers risquent de tomber dans un état de délaissement ». Deux bunkers sont en réalité menacés. Il y a le bunker des Savoie et le bunker de Mussolini.
Pour éviter les dégradations, l’association Roma Sotterranea a même proposé à la ville de Rome de continuer à assurer l’entretien des lieux jusqu’à ce que le nouveau gestionnaire soit désigné et prenne le relais. Malheureusement, la ville de Rome n’a pas accepté la proposition. « Les bunkers sont des endroits qui souffrent d’humidité, il faut constamment déshumidifier, et s’ils sont fermés pendant une longue période, moisissures et insectes se multiplient à l’intérieur », a expliqué Marta Teruzzi, responsable de l’association.
La ville ayant refusé à l’association de servir de gestionnaire intérimaire a aussi refusé la deuxième proposition, qui était de signer un nouveau mandat, plus court, d’un an seulement, le temps de trouver un autre accord. Là aussi la proposition a été refusée. L’association déplore que la ville n’ait pas fait le nécessaire, comme lancer des appels d’offre au moins un an à l’avance pour éviter cette période d’incertitude. Les bunkers ont été aménagés et du mobilier d’époque est exposé. Le mobilier craint lui aussi l’humidité, mais il sera dorénavant prisonnier derrière les lourdes portes. L’avenir du lieu est incertain, la ville n’ayant pas pour projet immédiat de trouver un repreneur.