Ce 14 octobre 2022, les chevaliers de l’ordre de Saint Lazare se sont prononcés. Ils ont prolongé le mandat du comte Jan Dobrzenský z Dobrzenicz à la tête de l’ordre séculaire. Le comte garde le grand magistère qu’il avait obtenu en 2010 lorsqu’il avait succédé au prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, à la fonction de grand maître. Le grand maître émérite, le protecteur spirituel de l’ordre et le grand prieur spirituel ont assisté au chapitre général au château de La Ferté-Saint-Aubin.
Le chapitre général de l’ordre de Saint-Lazare reconduit la grande maîtrise du comte Jan Dobrzenský z Dobrzenicz
Membres et chevaliers étaient protégés par les douves du château de La Ferté pour assister au chapitre de l’ordre de Saint Lazare, ce 14 octobre 2022. Le château de La Ferté-Saint-Aubin est situé à une vingtaine de kilomètres d’Orléans, ancienne capitale du royaume de France et attachée à l’histoire royale du pays. Le château, construit au 16e siècle, comprend un petit château, un grand logis et deux pavillons du 17e siècle qui encadrent l’entrée.
C’est dans ce lieu riche d’histoire, construit pour Henri de Saint-Nectaire, marquis de La Ferté-Nabert, ministre, ambassadeur et fils de Jeanne de Laval, maîtresse du roi Henri III, que Lancelot Guyot, actuel propriétaire du château, a accueilli les membres de l’ordre de Saint Lazare pour vivre ce moment historique. Parmi les propriétaires des lieux, on se souvient du comte Woldemar de Lowendal, maréchal de France et arrière-petit-fils du roi Frédéric II de Danemark qui l’a acheté en 1746. En 1822, François Victor Masséna, duc de Rivoli, prince d’Essling a racheté le château. Il appartient aujourd’hui à la famille Guyot.
Aujourd’hui, les membres de l’ordre sont actifs dans le monde entier, à travers des actions humanitaires sur le terrain ou en apportant un soutien financier à diverses initiatives partenaires. L’ordre développe également des actions de proximité dans le cadre de ses commanderies : accueil des plus démunis, visite des personnes âgées, sécurisation des lieux de culte, etc.. « Fidèles aux traditions hospitalières de l’ordre de Saint Lazare, des bénévoles provenant de cultures, de langues ou de religions différentes se donnent un but commun : celui d’aider et de servir les personnes dans leur détresse », explique le chevalier Giovanni Ferrara, Grand Hospitalier de l’Ordre.
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Le chapitre général à La Ferté-Saint-Aubain
Le prince Charles-Philippe d’Orléans, 49 ans, cousin du comte de Paris, qui fut le 49e grand maître de l’ordre de Saint-Lazare, était présent à ce chapitre, aux côtés du cardinal Kambanda et du grand maître. Le grand maître, dont la grande maîtrise a été prolongée au cours de la cérémonie, a également nommé son grand chancelier et a donné sa vision sur la poursuite des missions de l’ordre. Le chapitre s’est terminé par une séance de questions et réponses.
Le duc d’Anjou est grand maître émérite de l’ordre, grand prieur de France et président du Conseil gouvernemental (entité regroupant les grands prieurs de chaque juridiction). Héritier d’une tradition qui a traversé les siècles depuis le 12e siècle, l’ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem est aujourd’hui encore actif et œuvre envers les malades et les plus démunis. L’ordre, ramené de Jérusalem vers ce qui deviendra sa commanderie historique de Boigny, a longtemps eu pour protecteur temporel la Maison royale de France. L’association privée de fidèles de l’Église catholique est sous la protection spirituelle du cardinal Antoine Kambanda.
L’ordre de Saint-Lazare est lié à la Maison royale de France depuis ses origines. Lorsque le roi Louis VII de France participa à la deuxième croisade, en 1146, il découvrit le fonctionnement d’un ordre particulier, formé au sein d’hôpital-léperoserie, aux portes de Jérusalem. Le roi fut impressionné par les compétences des chevaliers hospitaliers ayant eux-mêmes attrapé la lèpre ou une maladie, qui se dévouaient à la protection des pèlerins, tout en prodiguant des soins aux autres chevaliers malades. Louis VII demanda à une poignée de chevaliers de rentrer avec lui en France et il les installa en 1154 dans son château de Boigny-sur-Bionne, qui rapidement deviendra une commanderie-léproserie.
À l’issue du chapitre, les dames, chevaliers et chapelains de l’ordre ont rejoint l’église du château pour une veillée d’armes. Les deux nouveaux chevaliers de l’ordre y ont prononcé leur profession de foi, en présence du père Bernard Lorent, grand prieur spirituel de l’ordre et abbé de Maredsous, et du cardinal Kambanda, protecteur spirituel de l’ordre.
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Dames et chevaliers réunis pour un chapitre historique près d’Orléans
En 1308, le roi Philippe le Bel devient le protecteur de l’ordre et déclare ses successeurs comme protecteurs héréditaires de l’ordre. L’ordre de Saint-Lazare s’est répandu un peu partout en Europe et ses missions ont évolué, bien que la charité soit toujours au cœur de ses motivations. En 1757, le duc de Berry, futur Louis XVI devient Grand Maître de l’ordre. En 1773, c’est le comte de Provence, futur Louis XVIII qui occupe cette fonction.
À la chute de Charles X en 1830, l’ordre qui avait pour protecteur les rois de France, trouve sa protection auprès des patriarches grecs-melkites à partir de 1841. En 2004, la Maison royale de France a confirmé sa protection de l’ordre avec la déclaration solennelle du comte de Paris, prétendant au trône de France, jusqu’en 2012. Son neveu, le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, a d’ailleurs été investi 49e grand maître de l’ordre en la cathédrale d’Orléans cette année-là, en présence du comte de Paris, chef de la famille royale.
Le grand maître est le chef suprême de l’Ordre. Il est élu par le Chapitre Général à la majorité absolue. Il doit répondre à des critères particuliers comme le fait d’être dépositaire d’une tradition familiale de haute noblesse. Le duc d’Anjou a occupé la fonction de 49e grand maître de 2004 jusqu’à sa démission en 2010, date à laquelle le comte Jan Dobrzenský z Dobrzenicz est devenu le 50e grand maître.
Plusieurs membres de la Maison royale de France ont été grands maîtres de l’ordre. Le prince Louis d’Orléans, gouverneur du Dauphiné, fut le 41e Grand Maître à partir de 1720. Il est le petit-fils de Louis XIV, son père étant un fils légitimé par le Roi Soleil. Il est lui-même l’arrière-grand-père du futur roi Louis-Philippe 1e. En 1757, le prince Louis de France, duc de Berry, lui succède. Le duc de Berry occupera la Grand Magistère jusqu’en 1773, peu de temps avant de devenir le roi Louis XVI. Son frère, lui aussi Louis de France, titré comte de Provence lui succédera en tant que 43e Grand Maître. Le comte de Provence deviendra le roi Louis XVIII en 1814. En 1967, le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc de Nemours, fils du prince Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme, et de la princesse Henriette de Belgique, devient le 46e Grand Maître.
Demain, samedi 15 octobre, une cérémonie d’investiture aura lieu à la cathédrale d’Orléans, lors d’une sainte messe en fin de matinée. La journée se poursuivra avec le déjeuner officiel du 50e grand maître. En soirée, il donnera son dîner de gala au château de Meung-sur-Loire.
Les membres de l’ordre sont actifs dans le monde entier, à travers des actions humanitaires sur le terrain, ou en apportant un soutien financier à diverses initiatives partenaires. Par exemple, on peut citer le Grand Prieuré de Grande-Bretagne qui a récemment organisé un dîner caritatif au profit des réfugiés ukrainiens. Souvenons-nous des grands voyages humanitaires du duc d’Anjou en Éthiopie et au Cambodge. L’ordre développe également des actions de proximité dans le cadre de ses commanderies : accueil des plus démunis, visite des personnes âgées, sécurisation des lieux de culte, etc..