Le château de Versailles consacre une exposition au roi méconnu Louis XV

Pour fêter le tricentenaire de son couronnement, le roi Louis XV dit « le Bien-Aimé » est mis à l’honneur par le château de Versailles qui lui consacre une exposition à partir de ce mardi 18 octobre, « Louis XV, passions d’un roi ». Celle-ci s’articulera autour de plusieurs thématiques, à savoir sa vie familiale, ses passions diverses et enfin le célèbre « style Louis XV » qui s’est développé sous son règne et que l’on connaît encore aujourd’hui. L’occasion pour les visiteurs de découvrir ce roi méconnu, amateur de sciences, d’arts et d’astronomie.

Lire aussi : Le prince Louis et la princesse Marie-Marguerite de Bourbon au prestigieux gala de Barbara de Portago à New York pour la restauration de Versailles

Un Versailles plus intime qui contraste avec celui du règne de Louis XIV

Troisième enfant de Louis de France, duc de Bourgogne puis Dauphin de France, et de Marie-Adélaïde de Savoie, Louis XV voit le jour le 15 février 1710 au château de Versailles. Par son père, il est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Son enfance sera marquée par les décès successifs de plusieurs membres de sa famille, dont ses deux parents, qui feront de lui l’héritier du trône alors qu’il n’a que 2 ans.

Louis XV dans sa tenue de sacre (Photo : Hyacinthe Rigaud — Source inconnue, Domaine public, Wikimedia Commons)

Il sera confié à une gouvernante, Madame de Ventadour, qu’il surnommera « Maman Ventadour ». L’enfant sera cependant associé de temps à autre à des événements publics aux côtés de son arrière-grand-père, recevant par exemple avec ce dernier l’ambassadeur de Perse dans la galerie des glaces.

Le 1er septembre 1715, Louis XIV s’éteint au château de Versailles, faisant de son arrière-petit-fils de 5 ans le nouveau roi. Élevé aux Tuileries pendant la Régence, il reviendra à Versailles le 15 juin 1722, en même temps que la cour. Le 25 octobre suivant, Louis XV sera sacré et couronné à Reims mais ne gouvernera pas pleinement avant 1723, année où il atteindra sa majorité, fixée à l’époque à 13 ans pour les garçons.

S’il souhaite aborder son règne dans la continuité de celui de son aïeul, Louis XV n’apprécie cependant pas la représentation publique constante que Louis XIV aimait tant et fera aménager de petits cabinets privés où il pourra se retirer avec sa famille, loin de la foule.

Le roi aime passer du temps avec sa famille, composée de son épouse Marie Leszczynska et de leurs 10 enfants. Ces derniers étant cependant trop nombreux, une partie de ses filles seront élevées à l’abbaye de Fontevraud.

Lire aussi : Le palais Constantin : le Versailles russe dont les jardins bordent le golfe de Finlande

L’influence de ses favorites

Néanmoins, après 10 enfants en 10 ans, Marie Leszczynska, qui dira d’elle-même « Toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée », décide de fermer la porte de sa chambre au roi qui va alors se consoler dans les bras de ses maîtresses, dont les plus célèbres sont la marquise de Pompadour et la comtesse du Barry.

Louis XV rencontre la marquise à Versailles en 1745, alors qu’elle n’est encore que Jeanne-Antoinette Le Normant d’Etiolles, mariée et mère d’une petite fille. La même année, il l’installe au Château de Versailles au-dessus de son appartement. Il lui offre peu de temps après le domaine de Pompadour et lui confère le titre de marquise avant de la présenter officiellement à la cour en septembre 1745. Vivement critiquée pour ses origines bourgeoises par la cour mais également par les enfants de Louis XV qui n’hésitent pas à la surnommer « maman putain », la marquise est régulièrement la cible des « poissonnades », des pamphlets qui circulent à Versailles à son sujet et dont le nom attaque directement l’identité de la marquise, née Jeanne-Antoinette Poisson.

Le roi est malgré tout fou amoureux d’elle et cède à toutes ses demandes, y compris sur le plan politique. Ainsi, elle parvient à faire nommer son frère le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du roi et s’implique également dans le remariage du Dauphin avec Marie-Josèphe de Saxe, mère du futur Louis XVI. Elle soutiendra également le duc de Choiseul qui deviendra le chef du gouvernement du roi et favorisera l’alliance de la France et de l’Autriche pendant la Guerre de Sept ans.

Son rôle va cependant changer à partir des années 1750, elle ne sera plus l’amante de Louis XV mais son amie et sa confidente. Très impliquée auprès des artistes et des philosophes, la marquise encouragera en 1756 la création de la Manufacture de porcelaine de Sèvres autrefois située à Vincennes ainsi que l’aménagement de la place Louis XV, actuelle place de la Concorde. Elle convaincra également le roi de construire le Petit Trianon.

Proche des philosophes, la marquise encouragera la publication de la fameuse Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Elle décédera en 1764 à Versailles à l’âge de 42 ans d’une congestion pulmonaire. Le roi pleurera longtemps son « amie de 20 ans ». Les possessions de la marquise subsistent encore aujourd’hui, à l’image du Petit Trianon ou encore de l’Hôtel d’Évreux que l’on connaît mieux de nos jours sous le nom de Palais de l’Élysée.

La marquise de Pompadour (Photo : Maurice Quentin de La Tour, Public domain, via Wikimedia Commons)

En 1768, le roi se consolera dans les bras de celle qui sera sa dernière favorite, la comtesse du Barry. Née roturière sous le nom de Jeanne Bécu, la future maîtresse royale va rencontrer Louis XV par un coup fortuit.

Évoluant dans un milieu libertin, elle fait la connaissance du comte Jean-Baptiste du Barry. Ce dernier, criblé de dettes, entend les éponger en présentant Jeanne à Dominique Le Bel, premier valet de chambre du roi mais également homme de confiance du souverain, chargé entre autres de recruter les potentielles maîtresses royales.

La jeune femme est donc présentée au roi qui en tombe amoureux et la marie au frère du comte, Guillaume du Barry, afin qu’elle bénéficie d’un titre et puisse faire son entrée officielle à la cour. Si elle ne se mêle en aucun cas de la politique, les origines modestes de Jeanne ne jouent pas en sa faveur, la jeune Dauphine Marie-Antoinette refusera même de lui adresser la parole, ne cédant que sous la pression en prononçant cette phrase restée célèbre « Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles ».

Les dernières années du roi aux côtés de sa maîtresse sont marquées par des fêtes somptueuses mais son image auprès de son peuple s’est ternie, le pays s’étant appauvri par les guerres. Il décède en mai 1774, profondément haï de la population. La comtesse est chassée sur-le-champ et vit quelque temps dans son château de Louveciennes en compagnie de son nouvel amant le duc de Brissac, avant d’être jugée par le tribunal révolutionnaire puis guillotinée le 8 décembre 1793.

La comtesse du Barry en Flore (Photo : François-Hubert Drouais, Public domain, via Wikimedia Commons)

Lire aussi : Le prince et la princesse Murat au château de Bois-Préau qui consacre une exposition au prince Eugène de Beauharnais

Les passions d’un roi

Louis XV nourrissait de nombreuses passions lorsqu’il n’était pas en représentation officielle. Il était féru d’astronomie, de sciences, de médecine ou encore de botanique. Sa passion pour l’astronomie a débuté dès son jeune âge, ce thème étant très représenté à Versailles depuis son aïeul Louis XIV et également enseigné sous le règne de ce dernier aux jeunes princes.

Le 22 mai 1724, à l’âge de 14 ans, Louis XV assiste à l’éclipse totale du Soleil dans les jardins de Trianon. Louis XV a nourri cette passion tout au long de son règne, se faisant même construire une pendule astronomique capable de donner l’heure, la date, les phases de la Lune, l’alignement des planètes connues autour du soleil mais aussi les années bissextiles.

L’horloge de Passemant visible dans le Cabinet de la Pendule (Photo pour Histoires Royales)
Détail du globe (Photo pour Histoires Royales)

Également passionné de médecine, Louis XV crée en 1731 l’Académie royale de Chirurgie afin de former les chirurgiens sous l’Ancien Régime. Elle sera par la suite détruite en 1793. La botanique compte elle aussi parmi les passions du roi de France avec, par exemple, l’élaboration d’un jardin botanique en 1750 où des milliers d’espèces différentes étaient cultivées, dont des plantes exotiques telles que des vanilliers et des cacaoyers. Elles sont aujourd’hui visibles au Jardin des Plantes.

Plan du « Nouveau Trianon » planté par Louis XV (Photo : auteur inconnu, Public domain, via Wikimedia Commons)

Louis XV a également un penchant pour la géographie et la cartographie, disciplines qui lui ont été enseignées dans son enfance. Son précepteur, Monsieur de Fréjus, futur cardinal de Fleury, l’encouragea même à écrire un petit livre de géographie à partir de ses leçons et qu’il pouvait imprimer lui-même à l’aide d’une petite imprimerie qui fut installée aux Tuileries.

Lire aussi : Le roi Philippe assiste à l’inauguration de l’exposition « Miradas de Mujeres » d’Isabelle de Borchgrave

Le style Louis XV

L’arrivée au pouvoir de Louis XV marque non seulement un tournant politique mais aussi un renouveau dans le domaine des arts. C’est ainsi que se développe un nouveau style, le « rocaille ». Il se caractérise par des ornements naturalistes inspirés par des coquillages, des rochers, d’éléments floraux ou végétaux. Un autre élément caractéristique est les courbes, que l’on retrouve encore beaucoup dans notre mobilier aujourd’hui avec des meubles aux pieds galbés.

Le cabinet intérieur du roi avec son célèbre secrétaire à cylindre (Photo : Domaine public/Wikipedia Commons)

« Louis XV, passions d’un roi », une exposition de taille

Au cours de cette exposition, près de 400 œuvres seront présentées, pour certaines inédites, provenant de collections du monde entier. Cette exposition marque également l’achèvement des 18 mois de travaux des appartements de Madame du Barry, qui ouvriront leurs portes le 22 octobre.

YouTube video
Avatar photo
Isaure Dovilliers

Isaure Dovilliers est passionnée des familles royales, du Gotha et des têtes couronnées depuis son enfance. Isaure contribue à apporter l'actualité des royautés du monde entier sur Histoires Royales;