Ce jeudi 5 septembre, Ngā Wai Hono i te Pō a été proclamé reine des Maoris par le mouvement monarchique autochtone de Nouvelle-Zélande. Elle succède à son père, le roi Tuheitia Pōtatau Te Wherowhero VII, décédé vendredi dernier. L’annonce du nom de la nouvelle monarque était directement suivie par sa cérémonie de couronnement, elle-même suivie des funérailles du roi Tuheitia.
Lire aussi : Le roi Tuheitia est décédé : le roi Charles III est « sous le choc » de la disparition soudaine du roi des Maoris
La reineNgā Wai Hono i te Pō est proclamée devant les Maoris
Le 30 août 2024, le roi Tuheitia Pōtatau Te Wherowhero VII est décédé à 69 ans, des suites d’une opération cardiaque. Le roi traditionnel maori est décédé 8 jours après les cérémonies de son 18e anniversaire de règne. Tuheitia avait succédé à sa mère, la reine Te Atairangikaahu, en 2006. Ce jeudi 5 septembre auront lieu ses funérailles impressionnantes. La dépouille sera exposée sur un canot qui naviguera en procession sur la rivière Waikato sur environ 10 kilomètres.
Lire aussi : Vers un statut officiel pour le roi des Maoris ?
Juste avant de donner le coup de départ des funérailles, mêlant à la fois traditions ancestrales maories et service chrétien, le nouveau monarque a été proclamé à son peuple. La succession au trône n’est pas automatique et ne suit pas nécessairement une règle de primogéniture. Un conseil du Kiingitanga (le mouvement maori) se réunit pour élire le nouveau roi parmi les descendants de Potatau 1er. Jusqu’ici, la succession a toujours eu lieu de père ou de mère en fils, sans transmettre nécessairement le titre à l’aîné d’une fratrie.
Ce 5 septembre, en matinée, Ngā Wai Hono i te Pō a été proclamé nouvelle reine des Maoris, lors d’une cérémonie au Tūrangawaewae Marae, la résidence royale située à Ngaruawahia, dans la région de Waikato. Ngā Wai Hono i te Pō, 27 ans, est la fille du défunt roi. Le roi Tuheitia a eu trois enfants, deux fils et une fille : Whatumoana Te Aa, Te Ariki Taituruki Korotangi et Ngā Wai Hono i te Pō. L’annonce consiste en une proclamation effectuée par un crieur, un rôle qui revient au Tekau-maa-rua, le conseiller et représentant du Kiingitanga. Cette cérémonie, appelée Te Whakawahinga signifie « l’élévation ». Il s’agit d’une cérémonie de proclamation et de couronnement. Bien que les textes anglais utilisent le terme de couronnement, aucune couronne n’est impliquée dans le rituel. La nouvelle reine portait une couronne de fougère.
Lire aussi : « Moment historique » pour le roi des Maoris aux Fidji
Cérémonie d’élévation avec apposition de la Bible
Dès que la nouvelle reine fut proclamée, elle a rejoint son trône et s’est assise sur le siège en bois pour la première fois. Un karakia whakawahinga, rituel de prières et d’incantations, a suivi, dirigé par Sir Pou Temara. Le karakia compte des prières maories mais aussi des prières chrétiennes. Ensuite, le Tumuaki Hone Tāmihana, qui est la personne en charge de transmettre le pouvoir royal, a placé une bible sur la tête de la monarque. La Bible est la même que celle utilisée lors de la cérémonie d’élévation du premier monarque maori, Potatau 1er Te Wherowhero, en 1858.
L’archevêque Don Tamihere, qui est le primat de l’Église d’Angleterre en Nouvelle-Zélande, a dirigé le service religieux anglican qui entoure la cérémonie. L’archevêque a notamment oint la souveraine avec des huiles saintes, aux mains et au front. Avec le roi Charles III, elle est la seule monarque au monde à avoir reçu l’onction.
La nouvelle reine des Maoris descend, comme ses prédécesseurs, de Te Wherowhero, un guerrier autochtone qui fut choisi comme premier roi des Maoris en 1858 par un mouvement monarchique qui souhaitait contrebalancer l’autorité royale de la reine Victoria. Il a pris le nom de règne de Potatau 1er. La Nouvelle-Zélande est un royaume du Commonwealth, ce qui signifie que le souverain britannique est aussi le chef d’État du pays. Depuis 2022, le roi Charles III porte officiellement le titre de roi de Nouvelle-Zélande. Comme sa mère avant lui, Charles III reconnaît le roi des Maoris comme étant le garant des traditions autochtones néo-zélandaises. Le roi Charles III entretenait une excellente relation avec le roi Tuheitia. Charles III avait immédiatement partagé un communiqué après l’annonce de son décès, dans lequel il faisait part de son « choc » et de sa tristesse. Charles III a aussi révélé qu’il s’était encore entretenu par téléphone avec le roi Tuheitia, une semaine avant sa disparition.
Le mouvement monarchique maori est soutenu par une grande majorité de Maoris ainsi que par le parti politique maori. Pour l’heure, la monarchie maorie ne bénéficie d’aucune reconnaissance légale ni constitutionnelle, bien que plusieurs politiciens aient émis l’idée d’officialiser son existence. Les autorités néo-zélandaises entretiennent une relation cordiale avec le mouvement et le roi des Maoris est parfois mandaté pour représenter officiellement la Nouvelle-Zélande à l’étranger, notamment lors d’événements royaux. Le roi Tuheitia fut par exemple invité à représenter son pays lors des funérailles de la reine Elizabeth II en septembre 2022 à Londres puis il avait refait le voyage en mai 2023 pour assister au couronnement du roi Charles III.