Le destin incroyable de la quatrième épouse du roi Hussein de Jordanie était inscrit dans le marc de café ! Lisa Najeeb Halaby, une Américaine de la haute société, était destinée à retrouver ses origines arabes. Celle que l’on connait comme la reine Noor depuis son mariage avec le roi Hussein de Jordanie, fête ce 23 août ses 70 ans. Retour sur ses origines et sa rencontre avec son futur époux.
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Les origines syriennes orthodoxes des Halaby
Sa mère voulait l’appeler Camille, en l’honneur de l’oncle syrien orthodoxe de son époux. Le grand-oncle Camille voulait effacer ses origines et aurait préféré donner à sa petite-nièce un prénom américain, Mary Jane. Elle s’appellera finalement Lisa. Un prénom auquel l’intéressée dit ne s’être « jamais identifiée ». Pour le monde entier, elle sera la reine Noor.
C’est à l’âge de 6 ans que Lisa Najeeb Halaby fut curieuse d’en savoir plus sur ses origines. Comme elle le raconte dans son autobiographie A Leap of Faith, la jeune Lisa est entrée un beau jour dans la chambre de ses parents, à Santa Monica, en Californie, et les a questionnés sur sa famille.
Doris Carlquist, la mère de Lisa Halaby est d’origine suédoise. Son père, Najeeb Halaby, est d’origine arabe. Son grand-père paternel, également Najeeb Halaby, n’avait que 12 ans lorsqu’il a entrepris son grand voyage depuis Beyrouth, au Liban, jusqu’à New York. Il était accompagné de sa mère et ses frères et sœurs. Avant de monter à bord d’un bateau à Beyrout, la famille avait déjà voyagé depuis leur maison d’Alep, en Syrie. Najeeb parlait à peine l’anglais à son arrivée à Ellis Island.
Najeeb est un self made man, qui deviendra un homme d’affaires fructueux dans l’import-export. Il rencontrera et épousera la décoratrice d’intérieur Laura Wilkins et ensemble, ils fonderont leur florissante société de déco et d’importation d’œuvres d’art. Laura donnera naissance à son fils unique, aussi appelé Najeeb, en 1915 à Dallas.
Contrairement à son père, qui a démarré au bas de l’échelle, Najeeb fréquentera les meilleures écoles et évoluera dans les hautes sphères de la société américaine, malgré ses origines qui pouvaient déranger dans les clubs d’affaires. Son père n’a jamais voulu angliciser leur nom, aimant au contraire introduire les origines arabes dans des milieux hermétiques à l’époque. La seule concession faite par Najeeb Halaby Sr, né dans la religion chrétienne orthodoxe, fut de se convertir au courant religieux de la Science chrétienne de son épouse Laura.
Najeeb Jr perd son père à 12 ans. Pilote passionné d’électronique et de mécanique, Najeeb rencontrera Doris Carlquist le soir de Thanksgiving 1945, à la sortie de la guerre. Il ne faudra que trois mois pour que ces deux amateurs de politique se marient. Najeeb s’absente de plus en plus pour le travail, gravissant les échelons des plus hautes institutions de l’aviation, devenant notamment conseillé d’aviation civile auprès du roi d’Arabie saoudite. Doris élèvera en grande partie leur fille Lisa, toute seule.
L’intérêt grandissant de Lisa Halaby pour ses origines
Lisa Halaby, après avoir étudié dans les meilleures écoles de New York, décide de poursuivre ses études à la prestigieuse université de Princeton, en architecture et urbanisme. En 1971, après quelques mois d’études, elle est frappée pour la première fois par le chaos politique engendré par la guerre au Vietnam. Comme beaucoup d’étudiants désabusés à l’époque, elle quitte l’école, pense pouvoir subvenir à ses propres besoins et se trouvent des petits boulots dans la très chic station de ski d’Aspen, au Colorado. Femme de chambre, serveuse dans un pizzeria, cette année sabbatique pris fin après quelques mois, recommençant les cours à l’université à la rentrée suivante.
Finalement diplômée en architecture à Princeton en 1974, Lisa Halaby va travailler dans l’urbanisme en Australie, dans un bureau spécialisé dans l’aménagement de nouveaux territoires au Moyen-Orient. Curieuse, intéressée par la politique, Lisa profitera aussi des voyages en avion auxquels elle a droit grâce au métier de son père. Elle déménagera ensuite au Royaume-Uni, où elle sera employée dans un bureau d’urbanisme affecté à la construction de bâtiments à Téhéran, en Iran. De plus en plus intéressée par ses racines arabes, elle s’instruira sur l’histoire et la politique du Moyen-Orient, au point tel qu’elle décrochera un nouveau diplôme universitaire, en journalisme à Columbia.
La prédiction de mariage avec un aristocrate arabe
En 1976, alors qu’elle partageait un dernier repas d’affaire dans un restaurant du centre-ville de Téhéran, en Iran, un homme lui révéla son avenir. «J’aurais dû prendre plus sérieusement une curieuse prédiction qui m’a été faite», écrit la future reine de Jordanie dans son autobiographie. «Un invité à note table m’a lu mon avenir à la façon orientale traditionnelle, en lisant dans ma tasse de café. Il a remué le marc, renversé la tasse, remise à l’endroit et a analysé les dessins au fond. “Tu vas revenir en Arabie”, a-t-il prédit. “Et tu vas épouser quelqu’un de bien-né, un aristocrate du pays de tes ancêtres” ».
La rencontre entre Lisa et Hussein à travers l’objectif
À l’hiver 1976, elle accompagna son père à l’aéroport d’Amman, en Jordanie, où il fut invité à assister à une cérémonie pour célébrer l’acquisition du premier Boeing 747 par la Jordanie. Najeeb Halaby alors cadre de l’avion et chef de l’Administration fédérale de l’aviation, était aussi président du comité du Conseil international de l’aviation jordanienne. Le voyage en Jordanie devait également être l’occasion pour Najeeb de travailler sur le projet de développement d’une université pan-arabique d’aviation.
C’est ce jour-là, sur le tarmac de l’aéroport, que Lisa Halaby vit pour la première fois son futur époux à travers l’objectif d’un appareil photo. « Mon père m’a mis l’appareil dans mes mains. “Prends-moi en photo avec le Roi”, a-t-il dit. Pétrifiée, j’ai toutefois pris la photo consciencieusement, sur laquelle on voit les deux hommes côte à côte, avec la fille ainée du Roi, la princesse Alia au fond. Après, mon père et le Roi ont échangé quelques mots. Ensuite, le roi Hussein a appelé sa femme, la reine Alia, pour nous rencontrer ».
La reine Alia, troisième épouse du roi Hussein, mourra peu de temps après, en février 1977, dans un tragique accident d’hélicoptère. Alors qu’il vit le deuil de son épouse, le roi Hussein se prend d’amitié pour la jeune Lisa, 16 ans plus jeune que lui. L’amitié devient de l’amour.
Bien que Lisa explique qu’envisager devenir la quatrième femme d’un homme n’était pas dans son idéal de vie, elle épousera le roi de Jordanie le 15 juin 1958. Lisa se convertira à la religion islamique du courant sunnite. Elle choisira le prénom de « Noor », qui veut dire lumière. Leur mariage est célébré le 15 juin 1978 et elle devient par le mariage membre de la famille royale hachémite descendante de Mahomet.
Noor jouera son rôle de belle-mère pour les 8 enfants de son époux, 7 enfants biologiques nés de ses trois précédentes unions et un fils adopté avec la reine Alia. La reine Noor donnera naissance à son premier enfant, le prince Hamzah en 1980. Suivront le prince Hashim, la princesse Iman et la princesse Raiyah. Le roi Hussein est décédé en 1999, succédé par son fils ainé, Abdallah II, issu de son deuxième mariage avec Antoinette Gardiner, connue comme la princesse Mounia.