Le prince William et son épouse s’apprêtent à quitter jeudi la Jamaïque pour rejoindre les Bahamas. À l’issue de leur deuxième journée en Jamaïque, le couple était invité au dîner d’État organisé par le gouverneur général de Jamaïque. Le prince William en a profité pour exprimer toute sa tristesse à propos du colonialisme britannique et du rôle de la Grande-Bretagne dans la traite d’esclaves.
Une journée tendue en Jamaïque pour le prince William et son épouse
Il en faudra plus faire oublier les revendications indépendantistes et républicaines des Jamaïcains, mais au moins le prince William aura présenté le mea culpa de la famille royale à la population de cette île caribéenne, qui s’apprête à couper les ponts avec le souverain britannique.
Ce 23 mars 2022, le prince William, 39 ans, et Catherine Middleton, 40 ans, assuraient leur deuxième journée de visite en Jamaïque, après avoir passé trois jours au Belize, deux royaumes du Commonwealth ayant la reine Elizabeth II comme chef d’État. La journée de mercredi a commencé par une visite chez le premier ministre, Andrew Holness, qui n’a pas mâché ses mots lors du discours qu’il a prononcé face au petit-fils de la souveraine.
Le premier ministre jamaïcain a rappelé ses ambitions indépendantistes. « Nous avançons et nous avons l’intention de réaliser à court terme nos véritables ambitions et notre destin de devenir un pays indépendant, développé et prospère ». Au même moment, de nombreux manifestants demandaient l’abolition de la monarchie lors de rassemblements organisés dans les rues de Kingston, la capitale.
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Le mea culpa du fils aîné de l’héritier du trône
En soirée, c’est à la King’s House, la résidence du gouverneur général, que le duc et la duchesse de Cambridge étaient invités à un dîner d’État organisé par le représentant jamaïcain de la reine, en l’honneur du Jubilé de platine de Sa Majesté. Le fils aîné de l’héritier du trône était en terrain bien moins hostile et l’ambiance était plutôt à la fête. Il en a donc profité pour aborder un thème sensible.
Dans son discours prononcé à la résidence du gouverneur général, Sir Patrick Allen, le prince William a déclaré : « Je veux exprimer ma profonde tristesse. L’esclavage était abject. Et cela n’aurait jamais dû arriver. Alors que la douleur est profonde, la Jamaïque continue de forger son avenir avec détermination, courage et ténacité ».
Le prince William condamne l’esclavagisme britannique
Un discours si direct de la part d’un membre de la famille royale sur le sujet est historique mais pas unique. La tournure rappelle les mots prononcés par son père, le prince Charles en novembre dernier. Ce jour-là, le prince de Galles était invité à prononcer un discours à l’occasion de l’abolition de la monarchie à la Barbade. La Barbade est le dernier pays être devenu une république et se situe lui aussi dans les Caraïbes.
« Depuis les jours les plus sombres de notre pays et depuis les atrocités de l’esclavage, qui restera pour toujours notre histoire, les gens de cette île ont dépassé leur passé avec une force extraordinaire », avait déclaré le prince Charles à la Barbade, durant la cérémonie de transition républicaine dans la nuit du 30 novembre 2021.
Le prince William a aussi remercié « la génération Windrush, qui est venue au Royaume-Uni pour aider à la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes éternellement reconnaissants de l’immense contribution que cette génération et ses descendants ont apportée à la vie britannique, qui continue d’enrichir et d’améliorer notre société. Je suis ravi qu’un monument national reconnaissant et célébrant la génération Windrush par l’artiste jamaïcain Basil Watson, soit dévoilé plus tard cette année à la gare de Waterloo à Londres. »
La duchesse de Cambridge avait sorti le grand jeu pour cette soirée organisée en l’honneur du Jubilé de platine de la reine. Elle portait une robe verte signée Jenny Packham, un clin d’œil à l’une des trois couleurs emblématiques de la Jamaïque. Le vert du drapeau jamaïcain symbolise la nature mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur. L’autre clin d’œil de la duchesse était le choix des boucles d’oreilles en émeraude empruntées à la reine Elizabeth II.
La Jamaïque est une île des Antilles, au sud de Cuba. D’une superficie de 11 425 km2, le pays est comparable au Liban. Avec 2,8 millions d’habitants, il s’agit du royaume du Commonwealth le plus peuplé des Caraïbes. La Jamaïque a pris son indépendance du Royaume-Uni en 1962 mais a gardé le souverain britannique comme chef d’État.
Dans les Caraïbes et en Amérique centrale, la reine Elizabeth est toujours le chef d’État du Belize, d’Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Jamaïque, de la Grenade, de Saint-Christophe-et-Niévès, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines. Il y a 14 royaumes du Commonwealth dans le monde où Elizabeth II est encore souveraine, en plus du Royaume-Uni. Les 14 pays sont totalement indépendants, leur chef d’État est simplement le souverain britannique. Lorsque ces royaumes abolissent la monarchie, ils deviennent des républiques mais restent tout de même membres du Commonwealth, une organisation supra étatique formée par les anciennes colonies britanniques. Le souverain britannique est aussi le chef de cette organisation qui comprend 54 pays.
Le Royaume-Uni possède aussi un certain nombre d’îles caribéennes qui ont le statut de territoires d’outre-mer. Ils sont totalement intégrés au Royaume-Uni et n’ont pas encore trouvé leur indépendance.