À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, qui est célébrée chaque année le 27 janvier, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, prince de Venise, et petit-fils du dernier roi Humbert II d’Italie a présenté ses excuses à la communauté juive, à travers une longue lettre dans laquelle il indique que la Maison royale de Savoie se distancie des actions du roi Victor-Emmanuel III, son arrière-grand-père.
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Le prince de Venise présente ses excuses au nom de la Maison de Savoie
« Je condamne les lois raciales de 1938, dont je sens encore tout le poids sur mes épaules et avec moi toute la Maison Royale de Savoie », écrit le prince de Venise dans une lettre ouverte qui porte le cachet de la Maison royale de Savoie, et datée avec anticipation au 27 janvier 2021.
« Je déclare solennellement que nous ne nous reconnaissons pas dans ce que Victor-Emmanuel III a fait : une douloureuse signature dont nous nous dissocions fermement, un document inacceptable, une ombre indélébile pour ma famille, une plaie encore ouverte pour toute l’Italie », affirme le fils du prétendant au trône d’Italie dans cette longue lettre partagée sur ses réseaux sociaux.
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Le prince de Venise fustige lois raciales signées par Victor-Emmanuel III
La lettre de l’époux de Clotilde Courau a fait grande impression en Italie, au point qu’il soit invité dans le journal télévisé de Canale 5 (TG5) pour en parler. « J’ai senti le besoin de le faire », explique le prince, interrogé par la journaliste. Il affirme qu’il y pensait depuis longtemps et qu’il a enfin eu le courage de prendre ses responsabilités. « Je veux demander pardon pour tous les actes horribles, obscènes, et la signature posée par Victor-Emmanuel III concernant les lois raciales ». Il affirme que ces actions sont une « grande douleur » pour lui et sa famille.
« Il faut parfois regarder le passé, l’analyser et savoir en retirer soi-même ses propres sentiments. Et c’est ce que j’ai voulu faire aujourd’hui. Aujourd’hui, je demande pardon. Mais je n’attends pas le pardon. Je veux seulement dire, à la communauté juive, que nous pouvons aujourd’hui rétablir un dialogue important, et regarder ensemble vers l’avenir », affirme à la télévision Emmanuel-Philibert qui a lancé un parti politique en 2020, interrogé à distance de chez lui par visioconférence.
Dans sa lettre à la communauté juive, le prince Emmanuel-Philibert rappelle qu’un autre de ses aïeux, « le roi Charles-Albert fut, le 29 mars 1848, le tout premier souverain européen à donner aux juifs italiens la pleine égalité de leurs droits ». Il rappelle aussi, que c’est Victor-Emmanuel III lui-même qui avait inauguré la synagogue de Rome en 1904 et avait ce jour-là affirmé que les juifs étaient « pleinement » des Italiens.
L’arrière-petit-fils de Victor-Emmanuel III demande pardon, au nom de toute la famille royale, elle-même victime des lois mises en place par le souverain. En effet, la princesse Mafalda, fille de Victor-Emmanuel III, est morte en 1944 au camp de concentration de Buchenwald. La princesse Marie-Françoise, sœur de Mafalda, a été déportée et envoyée dans un camp de concentration avec son époux et leurs enfants.
Source : Huffington Post