Le passé nazi des Hohenzollern est un « terrible malentendu » pour Georg Friedrich de Prusse

Le prince Georg Friedrich de Prusse, 44 ans, serait le roi de Prusse et l’empereur d’Allemagne, si le pays n’avait pas aboli la monarchie en 1918. Le chef de la famille Hohenzollern se bat depuis des années pour récupérer les biens familiaux, confisqués par l’État après la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine, le descendant des empereurs allemands a accepté de répondre aux questions du journaliste Scott McLean de CNN. Georg Friedrich Prinz von Preußen est revenu sur les motivations de son aïeul, le prince héritier Guillaume, qui s’est allié aux Nazis.

Le prince Georg Friedrich de Prusse a accordé une interview à CNN concernant le combat juridique que les Hohenzollern mène contre l’État (Photo : capture CNN)

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George Friedrich de Prusse parle de la proximité entre ses aïeux et le régime nazi

C’est en anglais que le prétendant au trône impérial allemand a répondu aux questions de CNN, concernant la confiscation des biens familiaux par l’Allemagne. Plus de 10 000 objets et biens immobiliers sont réclamés par les Hohenzollern. Durant l’été 2019, le Land de Brandebourg avait décidé ne pas offrir de compensation financière à l’ancienne famille impériale, à cause de sa proximité avec les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. « Ils ont été expropriés, ils n’ont aucun droit de demander quoi que ce soit », avait alorrs expliqué le représentant du parti socio-démocrate SPD, qui détient la majorité dans le Land de Brandebourg.

À CNN, le prince Georg Friedrich affirme pourtant : « Je considère que c’est mon devoir » de continuer le combat de la famille, depuis qu’il a hérité du titre de chef de famille, à la mort de son grand-père, en 1994. Depuis 1990, une loi permet aux Allemands, roturiers ou nobles, de réclamer la restitution des biens confisqués pendant la guerre ou une compensation financière. Une seule condition est émise : quiconque aurait soutenu d’une manière ou d’une autre le parti national-socialiste n’y aurait pas droit.

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Le prince héritier Guillaume de Prusse se montrait proche des Nazis dans l’espoir de restaurer la monarchie

Le prince héritier Guillaume, fils du dernier empereur Guillaume II, aïeul du prince Georg Friedrich de Prusse, a aidé le régime nazi et était un partisan d’Hitler. Mais pour le prince, il s’agit-là, d’un « terrible malentendu ». Georg Friedrich explique à CNN que son arrière-grand-père n’avait pas d’autre choix. Il s’était montré proche d’Hitler car sa motivation principale était de ramener la monarchie au pouvoir, lui qui était devenu le prétendant à l’ancien trône depuis la mort de Guillaume II en 1941. Rappelons qu’Hitler a compris qu’il devait séduire la noblesse et la vingtaine d’anciens monarques déchus depuis 1918. Il a fait miroiter des positions importantes à ces anciens souverains qui se sont soudain retrouvés sans utilité, depuis l’abolition de la monarchie.

Le journaliste de CNN, qui a réalisé l’interview par vidéoconférence, a présenté une photo du prince héritier Guillaume à Georg Friedrich. Sur cette photo, son aïeul porte un uniforme nazi et un brassard avec une croix gammée. « Je sais que ce genre de photos rendent les choses difficiles pour les historiens mais aussi pour les institutions gouvernementales à comprendre son rôle. Ces photos sont très frappantes. Surtout quand on voit la croix gammée à son bras. Je pense qu’à chaque fois, notre respiration s’arrête et on se demande “pourquoi porte-t-il ça ?” ».

Le prince héritier Guillaume en discussion avec Adolf Hitler à Potsdam en 1933 (Photo : WikiCommons)

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Le prince Georg Friedrich comprend tout à fait la difficulté de voir de telles images, comme celle du prince héritier Guillaume qui porte un uniforme nazi. C’est tout aussi difficile pour « tout Allemand qui voit ses ancêtres » sur de telles photos. « Nous les Allemands, nous nous questions depuis toujours. Comment est-ce possible que le 3e Reich ait pu exister, avec le régime nazi et toutes les horreurs qui en ont découlé. Mais il y a tellement d’aspects à devoir considérer. »

Malgré tout, le journaliste questionne le prince sur le fait que cette simple photo, peu importe les intentions du prince héritier, prouve que la famille à au moins « soutenu de façon substantielle » le régime nazi. Or, la notion de « soutien substantiel » est la condition inscrite dans la loi de 1990, qui permet d’invalider la demande de compensation financière.

« Si votre arrière-arrière-grand-père a contribué, ne serait-ce que d’une façon mineure à l’ascension d’Hitler, léguer la fortune de votre famille ne serait-elle pas un petit prix à payer ? », questionne le journaliste Scott McLean. « Je pense que c’est un problème que nous, les Allemands, tous les Allemands, avons. Ceux qui ont contribué à l’ascension du régime nazi, ce sont les millions de gens qui ont voté ? Ce sont les gens qui ont assisté à des meetings ? Ce sont uniquement les dirigeants nazis ? Ce sont les industriels qui ont financé tout ça ? ». Pour conclure, le prétendant au trône impérial d’Allemagne explique comprendre pourquoi cette loi, qui a été votée suite à la chute de la période communiste, interdit à ceux qui ont aidé le régime nazi de se voir compenser, néanmoins, la loi est selon le prince, difficilement interprétable dans le contexte actuel, 30 ans plus tard.

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Source : CNN

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr