En février dernier, juste avant la crise du coronavirus, le prince Luitpold de Bavière, futur héritier de la Maison Wittelsbach, a été élu président honoraire de la section bavaroise de l’association des entrepreneurs familiaux Familienunternehmen. Ce « groupe d’intérêt » qui fait du lobby pour les entreprises familiales auprès des autorités allemandes, a tenu son congrès annuel, il y a quelques jours. À l’occasion du congrès, le président, Luitpold de Bavière, a accordé un entretien au WirtschaftsKuriers, dans lequel il a présenté sa vision de l’héritage et comment la tradition familiale permet d’avoir une vision sur le long terme et de traverser les pires crises de l’histoire.
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Luitpold de Bavière dirigera un jour la maison Wittlesbach comme une entreprise
Luitpold von Bayern, 69 ans, est 2e dans l’ordre de succession à l’ancien trône du royaume de Bavière. L’actuel chef de famille, Franz est âgé de 87 ans et n’a pas d’enfants. Son frère, Max, devrait lui succéder. Max, 83 ans, n’a pas d’héritier mâle pour lui succéder. Après Franz et Max, vient donc leur cousin Luitpold. Ce dernier est un homme d’affaires prospère, qui a réussi à faire de son domicile, le château de Kaltenberg, un lieu touristique. Outre les joutes de chevaliers organisées annuellement autour du château, et l’organisation du plus grand festival médiéval d’Allemagne, c’est aussi au château qu’est brassée la König Ludwig, une bière vendue dans 14 pays, au nom de son arrière-grand-père, le roi Louis III de Bavière.
Luitpold de Bavière est à présent président régional du Familienunternehmen, un rôle qui lui colle à la peau, lui qui dirige une entreprise familiale prospère. En plus du château hérité de ses ancêtres, qu’il a réussi à transformer en business rentable, il est également devenu propriétaire de la manufacture de porcelaine de Nympenburg, fondée par le prince-électeur Maximilien III Joseph en 1754.
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Quand l’héritage familial permet de relativiser les crises
«La maison Wittelsbach existe depuis 27 à 28 générations parce qu’il y a toujours eu des structures fixes », explique celui qui est désigné comme l’héritier de la maison royale, après ses deux cousins. « Il y a eu des pandémies telles que la peste, le choléra et la variole au cours des siècles passés. Il y a eu des guerres et des famines. En cas de crise, des structures stables sont nécessaires pour y faire face », continue le prince Luitpold. Comme l’explique le WirtschaftsKuriers, ces structures font référence aux institutions étatiques, mais aussi aux structures des entreprises. Dans le cas des familles royales et pour la pérennité des dynastiques, des structures identiques ont été mises au point au niveau familial. « Les pays dotés de structures claires, de systèmes sanitaires et sociaux étanches et de finances réglementées traversent mieux la crise car ils ont la force de faire face à des réalités changeantes. Cela peut être comparable à notre famille à certains égards. »
Selon le journal local, Luitpold de Bavière apporte un intérêt commercial à son héritage familial plus qu’un intérêt généalogique. Surtout, le prince Luitpold est persuadé que c’est la volonté de pérennité qui donne la force de continuer. Paradoxalement, c’est en regardant en arrière, en se rendant compte que l’entreprise familiale tient depuis 8 siècles qu’on relativise. Il y a un côté apaisant et rassurant de savoir que la famille a tenu toutes ses générations, traversant les crises. « Un entrepreneur qui n’a pas la survie des crises existentielles dans ses gènes est probablement plus nerveux. La conscience de la tradition, en revanche, signifie aussi la certitude rassurante que les crises passent. » De son côté, le prince Luitpold admet avoir connu des moments difficiles pour ses entreprises. Le secteur de la restauration ayant été à l’arrêt pendant plusieurs mois, les commandes de bière ont chuté. Il n’est pas en mesure d’organiser son festival médiéval cette année, comptant bien batailler pour obtenir une compensation de l’État.
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Luitpold de Bavière milite pour une politique plus favorable aux entreprises familiales
« En fin de compte, il incombe à la société dans son ensemble de devenir plus favorable à la famille et de permettre aux femmes une plus grande participation professionnelle. La maison Wittelsbach a également ses modèles à cet égard. Il suffit de penser à Elisabeth Amalie Eugénie, duchesse de Bavière », appelée communément Sissi. Pour le congrès annuel du Familienunternehmen, Luitpold de Bavière a choisi d’inviter comme orateur principal Friedrich Merz. Il s’agit d’un choix politique non déguisé pour le prince, qui soutient ce député, président du groupe CDU/CSU au parlement. « L’Allemagne a besoin d’un chancelier où le profit passe avant la distribution », conclut le prince Luitpold, qui ne cache pas son envie de voir Fredrich Merz obtenir la chancellerie.
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Source : WirtschaftsKuriers