Une mèche du tsarévitch Nicolas, éperdument amoureux de la princesse Dagmar, a été gardée par la mère de sa fiancée : la relique est mise aux enchères

Dans la longue liste des mariages royaux arrangés, il y a pourtant quelques véritables histoires d’amour intenses qui se démarquent. C’est le cas de l’amour que portait le grand-duc Nicolas Alexandrovicth, tsarévitch de Russie, pour la princesse Dagmar. L’héritier du trône de Russie est malheureusement décédé à 21 ans, fiancé à la princesse danoise qu’il aimait tant. Après sa mort, la reine Louise de Danemark, qui aurait dû devenir sa belle-mère, a gardé précieusement une mèche de cheveux du tsarévitch. La relique sera mise en vente d’ici quelques jours.

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Une relique du tsarévitch Nicolas est mise aux enchères

La maison Bruun Rassmussen, du réseau Bonham’s, mettra en vente le 1e décembre plus de 220 lots d’exception, dont une grande partie comprend des objets et des bijoux ayant appartenu à la famille royale danoise. Parmi ces pièces incroyables, on retrouve un bracelet en diamant et émeraude de la reine Alexandrine, et surtout, un magnifique diadème en saphir de la mystérieuse princesse Thyra.

Le bracelet Art Deco de la reine Alexandrine de Danemark fait partie des lots de la vente de bijoux ayant appartenu à la famille royale danoise qui est prévue le 1e décembre. Le bracelet est évalué entre 40 000 et 80 000 euros (Photo : Bonham’s, Image fournie)

On trouve aussi une série de médaillons de deuil qui ont été portés précieusement par les membres de la famille royale du Danemark. Les médaillons sont des petits pendentifs creux, qui s’ouvrent, et qui contiennent une relique à l’intérieur. Bien souvent, il s’agit d’une mèche de cheveux du défunt. Son nom et ses dates de naissance et de décès sont gravés dans le bijou en or.

Un médaillon a retenu notre attention. Ce médaillon porte l’inscription « Nixa 24 April 1865 », qui est maladroitement gravée à l’intérieur. Nixa était le surnom donné au tsarévitch Nicolas Alexandrovitch, fils aîné du tsar Alexandre II. Né durant le règne de son grand-père, Nicolas 1e, il deviendra l’héritier de son père au décès de son grand-père en 1855. Il avait alors 11 ans.

Le médaillon de deuil du grand-duc Nicolas Alexandrovitch, tsarévitch de Russie, portant l’inscription « Nixa 24 April 1865 » (Photo : Press Bonham’s, image fournie)

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Le grand-duc Nicolas Alexandrovitch tombe amoureux de la princesse Dagmar

Le grand-duc Nicolas Alexandrovitch a reçu la meilleure éducation qui soit, étant destiné à devenir l’empereur de Russie. Le brillant jeune homme eut de nombreux frères et sœurs, issus des deux mariages de son père. Il fut particulièrement proche de son frère puîné, le grand-duc Alexandre, d’un an et demi son cadet.

Le grand-duc héritier Nicolas debout, avec son frère puîné, le grand-duc Alexandra, photographiés en 1864 par Hippolyte Robillard (Photo : Catalogue du Musée historique d’État/Domaine public)

Fin de son adolescence, le tsarévitch reçoit une photographie représentant la princesse Dagmar de Danemark et tombe sous le charme immédiat de la princesse. Dagmar est la fille du roi Christian IX de Danemark. La famille impériale se demande pourquoi le jeune homme n’a pas le cœur à courtiser les princesses européennes mais il confiera à sa mère dans une lettre son amour pour Dagmar. « Vous pouvez rire mais la principale raison en est Dagmar dont je suis tombé amoureux il y a longtemps sans même la voir. Je ne pense qu’à elle », écrit-il en 1863 à sa mère, l’impératrice Marie, comme le rapporte Simon Sebag Montefiore dans The Romanovs.

Photo officielle des fiançailles du grand-duc héritier Nicolas et de la princesse Dagmar, en 1864 (Photo : Press Bonham’s, image fournie)

Nicolas finit par se rendre au Danemark et sa rencontre avec celle qu’il aime depuis longtemps en secret se confirme. Les choses vont vite pour les jeunes tourtereaux, qui en 1864 annoncent officiellement leurs fiançailles. Outre l’amour véritable que portait le tsarévitch pour Dagmar, ce mariage devait être l’un des plus importants par les liens qui allaient dorénavant unir la famille impériale aux familles royales européennes. Dagmar était la sœur du futur roi Frédéric VIII de Danemark, un autre de ses frères, Guillaume, venait d’être élu comme premier roi des Hellènes sous le nom de Georges 1e de Grèce, et l’une de ses sœurs, Alexandra, était l’épouse du prince de Galles, qui deviendra le roi Edouard VII du Royaume-Uni.

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Le destin tragique du tsarévitch Nicolas qui demandera à son frère d’épouser sa fiancée

À peine le temps d’obtenir une photo officielle des fiancés que le tsarévitch Nicolas entame une tournée de représentation en Europe. Rapidement, sa santé se dégrade. Il souffre de rhumatisme. Ses maux de dos l’obligent à se tenir courbé, une série de mauvais diagnostics s’enchaîne. Il suit une cure et des traitements à Nice, où l’a rejoint sa mère adorée, l’impératrice Marie, qui veille sur son fils amoindri. On pense que sa colonne vertébrale aurait été endommagée, soit par une chute de cheval, soit lors d’un combat de lutte où il aurait été renversé. Frappé par une méningite cérébro-spinale foudroyante, il décède à Nice à la villa Bermond, le 24 avril 1865, à 21 ans. À la place de l’ancienne villa, on trouve aujourd’hui la magnifique cathédrale Saint-Nicolas, érigée à l’emplacement où il est décédé.

Sur son lit de mort, le tsarévitch a émis le souhait que sa fiancée, la princesse Dagmar, présente à ses côtés lorsqu’il a poussé son dernier souffle en France, épouse son frère adoré, le grand-duc Alexandre. Alexandre devint le tsarévitch à la mort de Nicolas, puis l’empereur Alexandre III en 1881. Le souhait de Nicolas fut respecté. Alexandre a épousé Dagmar en 1866. Ils auront six enfants, dont l’un est décédé bébé. Leur fils aîné sera le dernier tsar, Nicolas II.

L’empereur Alexandre III et l’impératrice Maria Feodorovna, née princesse Dagmar de Danemark, avec leurs cinq enfants, dont le futur Nicolas II, vers 1889 (Photo : Sergey Levitsky/Royal Collection Trust/Domaine public)

Après la mort du grand-duc Nicolas, celle qui aurait dû devenir sa belle-mère, la reine Louise de Danemark, reçut une relique du jeune tsarévitch. La reine Louise fut très affectée par la mort du fiancé de sa fille et garda un médaillon de deuil contenant une mèche de cheveux de « Nixa ». La reine Louise put se consoler avec le mariage de sa fille Dagmar, un an plus tard, non pas avec Nicolas mais avec son frère Alexandre. Le médaillon est resté dans la famille royale danoise, transmis de génération en génération. Le médaillon aurait été donné au joaillier John Rørvig par le prince consort Henrik, époux de la reine Margrethe II, il y a quelques années. Le joaillier lui-même s’est débarrassé du médaillon en le revendant à un vendeur d’or danois qui le met en vente à présent.

Le médaillon en or 18 carats sera mis en vente le 1e décembre 2022 pour un prix estimé entre 1350 et 1600 euros (Photo : Press Bonham’s, image fournie)

La maison Bruun Rassmussen organise une vente importante le 1e décembre 2022. Le médaillon en or 18 carats contenant la mèche de cheveux du tsarévitch est estimé entre 10 000 et 12 000 couronnes danoises, soit entre 1350 et 1600 euros. D’autres médaillons de deuil de proches de la famille royale passeront sous le marteau et leur prix de vente est légèrement inférieur.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr