Le rôle de la famille impériale de Russie depuis son retour d’exil

Cela fait 30 ans que la famille impériale de Russie a retrouvé sa patrie. En 1991, les descendants des tsars mettaient fin à leur exil, après plusieurs décennies à œuvrer en dehors des anciennes frontières de l’Empire. Depuis lors, les chefs de la maison impériale et leur famille continuent à honorer leurs ancêtres, la culture russe, la religion orthodoxe et à contribuer au soutien de la population à travers différentes œuvres caritatives. Qui sont les Romanov d’aujourd’hui et quel est leur rôle en Russie ?

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L’exil de la famille impériale de Russie

Le 2 mars 1917, en pleine Révolution russe, l’empereur Nicolas II abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel, ne voulant pas infliger un trop lourd devoir à son jeune fils Alexis. Michel renonce lui-même au pouvoir, le lendemain. Cette abdication met fin à des siècles de monarchie en Russie. Nicolas II et sa famille vivront en détention jusqu’à leur assassinat en juin 1918. D’autres membres de la famille impériale avaient fui.

L’empereur Nicolas II a abdiqué en 1917. Lui et sa famille seront tués en 1918. Une grande partie de la famille impériale a fui lors de l’abolition de la monarchie (Photo : domaine public)

Le cousin du tsar, le grand-duc Cyrille, fils du grand-duc Vladimir, lui-même fils d’Alexandre II, avait trouvé refuge en Allemagne, avec son épouse, Victoria-Mélita de Saxe-Cobourg-Gotha. Ils finiront par s’installer en France, en 1920. Dans le village de Saint-Briac, près de Dinard, Cyrille formera sa cour, se révélant être le plus proche parent du défunt tsar Nicolas II qui corresponde aux différents critères dynastiques des légitimistes.

Durant cette période d’exil, la famille impériale continuera à entretenir d’excellentes relations avec les autres monarchies européennes. La famille impériale est cousine avec les 10 familles régnant actuellement en Europe. Investi d’une mission, le grand-duc Cyrille, qui n’hésitera pas à se qualifier d’empereur de toutes les Russies à partir de 1924, continuera à montrer sa fidélité à sa patrie. Son successeur, son fils Vladimir, en fera de même dès 1938.

Le grand-duc Vladimir, devenu chef de la famille impériale à la mort de son père, jouera un rôle très important auprès de l’émigration russe. Il essayera notamment de protéger ses compatriotes durant la Seconde Guerre mondiale.

En 1991, la fin du régime communiste et la chute de l’Union soviétique marquent la fin de l’exil de la famille impériale. Le grand-duc Vladimir est le premier Romanov à rentrer chez lui, accompagné de son épouse. Il mourra quelques mois plus tard. C’est sa fille, la grande-duchesse Maria Vladimirovna qui lui succède à sa mort en 1992. Elle est l’actuelle prétendante au trône impérial. Son fils unique, le grand-duc héritier Georges est désigné comme son successeur.

La grande-duchesse Maria Vladimirovna et son fils, le grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie (Photo : Hand out/Bureau impérial)

Le travail des Romanov depuis leur retour en Russie

Depuis les années 90, la grande-duchesse Maria est impliquée dans plusieurs programmes culturels et sociaux en Russie. « Nous sommes au service de notre peuple, et nous aidons à promouvoir toute initiative sociale et culturelle en coopération avec le patriarcat et le gouvernement», nous explique la grande-duchesse Maria lorsqu’elle doit expliquer son rôle et son travail.

Cosmopolite, le grand-duc Georges Mikhaïlovitch a décidé de s’installer en Russie. Le tsarévitch effectue de nombreux voyages officiels dans les différentes régions de Russie sur invitation des gouvernements locaux ainsi que par les représentants religieux de l’église orthodoxes ou d’autres religions. Outre les régions russes, le grand-duc héritier est aussi invité dans les anciennes régions de l’Empire russe ayant pris leur indépendance, comme l’Arménie, la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie ou l’Ouzbékistan.

Ces voyages ont pour vocation de maintenir les traditions et les liens historiques avec ces pays qui partagent une grande histoire commune avec la Russie. «C’est comme une famille dans laquelle ses membres partent habiter ailleurs, mais qui ne doit pas oublier ses racines», nous explique la Maison impériale.

Le grand-duc héritier Georges Mikhaïlovitch a par ailleurs longtemps travaillé aux institutions européennes afin de défendre les intérêts russes de par son lien fort avec le pays. Il est notamment le président d’honneur de la chambre de commerce russo-belgo-luxembourgeoise. «Il ne faut pas oublier que la Russie a été durant plus que 300 ans une puissance européenne et un des membres les plus importants du Concert européen», explique le grand-duc Georges.

Le tsarévitch Georges lors d’un événement organisé pour la recherche contre le cancer (Photo : Hand out/Bureau impérial)

Tradition, bienfaisance et héritage culturel

Comme pour la plupart des familles royales déchues, la famille impériale assure un rôle de transmission culturelle. Le premier grand-prince de Moscou, Daniel 1e, de la maison des Riourikides a régné à partir de 1283. Ivan IV le Terrible sera le premier tsar de Moscou en 1547 et les Romanov sont montés au pouvoir en 1613, lorsque Michel Romanov, fils de Feodor Romanov, patriarche de Moscou, a été élu tsar de Russie.

Ce riche patrimoine culturel et historique est commémoré lors de cérémonies religieuses, laïques et politiques à travers tout le pays. Les anniversaires des grandes dates qui ont marqué l’histoire sont célébrés en présence d’un membre de la famille impériale. L’église russe orthodoxe et d’autres églises orthodoxes n’ont pas manqué de le célébrer les 400 ans de la dynastie Romanov.

La famille impériale de Russie travaille en étroite collaboration avec l’Église orthodoxe russe (Photo : Hand out/Bureau impérial)

Un autre événement marquant fut la canonisation de Nicolas II et de sa famille, en 2000. La Maison impériale a apporté une contribution significative à la préparation de la canonisation générale des membres de la famille assassinés. La cérémonie de canonisation s’est déroulée dans la cathédrale du Christ-Saveur à Moscou. La grande-duchesse Maria, son fils, le grand-duc Georges mais aussi sa mère, Leonida, ont assisté à cette cérémonie célébrée par le patriarche de Moscou.

Parmi les autres manifestations culturelles auxquelles ont participé les membres de la famille, rappelons-nous de la commémoration de la bataille de Borodino ou de la conférence en 2019 sur les Romanov, qui s’est déroulé à Yalta. De nombreux historiens ont participé à cette conférence qui avait pour objectif de rappeler la contribution de la dynastie Romanov.

Enfin, le grand-duc Georges, qui s’est installé en Russie, a également lancé sa propre fondation en 2013, la Russian Imperial Foundation. Son travail quotidien se trouve principalement aujourd’hui au sein de cette fondation. Elle travaille en Russie et en Europe, sur different programmes. Ses domaines de prédilection sont l’aide aux enfants démunis, aux enfants autistes ou touchés par le cancer.

Le grand-duc Georges et Victoria Romonavno lors d’une visite auprès d’enfants malades (Photo : Hand out/Bureau impérial)

Un autre travail important du grand-duc Georges est auprès des banques alimentaires. Georges Mikhaïlovitch est président de la plus grande banque alimentaire de Russie, Food Bank Rus. Le travail de Food Bank Rus a remarqué durant la crise sanitaire. Le grand-duc Georges a obtenu une reconnaissance spéciale de la part du président Vladimir Poutine pour son travail au sein de Food Bank Rus.

Le grand-duc Georges a reçu une reconnaissance de Vladimir Poutine pour son travail humanitaire au sein des banques alimentaires (Photo : Hand out/Bureau impérial)

La continuité dynastique et la noblesse russe

La proximité de la famille impériale avec l’Église orthodoxe russe à du Patriarcat de Moscou ou à l’étranger est très importante. Il s’agit d’un des liens traditionnels que maintient la famille avec les institutions ancestrales du pays. La famille est aussi garante du maintien de l’héritage nobiliaire russe.

Par exemple, c’est avec le soutien de la famille que l’ancienne Assemblée de la noblesse russe, qui existait dans la période pré-révolutionnaire, a pu revoir le jour après la fin de la période soviétique. Elle est aujourd’hui une association connue sous le nom anglais de Russian Nobility Assembly, qui compte plus de 14500 membres.

L’Association participe activement aux débats publics et est en relation avec le Conseil Fédéral de la Fédération de Russie ainsi qu’avec l’Administration du président de la Fédération de Russie, en particulier avec les ministères de la Défense et des Affaires étrangers.

Lorsque les chevaliers de l’ordre de Malte furent chassés de Malte, c’est à Saint-Pétersbourg, à la cour de Paul 1e que l’ordre trouva refuge. L’empereur fut désigné grand maitre de l’ordre et depuis lors l’ordre souverain militaire hospitalier de Malte entretient des relations étroites avec la famille impériale, dont Maria et Georges sont devenus baillis grand-croix d’honneur et de dévotion.

La grande-duchesse Maria et son fils, le grand-duc Georges devant le portrait de Paul 1e, entourés d’Alexander Avdeev, ambassadeur de Russie au Vatican et à l’ordre de Malte, le prince et grand maître de l’ordre, Fra’ Matthew Festing, et le grand chancelier de l’ordre, Jean-Pierre Mazery (Photo : Hand out/Bureau de la Maison impériale)

Quant aux ordres dynastiques de la famille impériale, ils se trouvent dans le registre officiel des ordres dynastiques publié par la Commission internationale sur les ordres de chevalerie depuis 1962. Les ordres russes d’après leur statut historique, sont anoblissants. Cela veut dire que les personnes reçues aujourd’hui dans les ordres dynastiques russes dans la grande-duchesse Maria en est le grand-maitre, entrent également dans les registres de l’association de la noblesse.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr