Le prince et la princesse Orsini ouvrent les portes de leur palais construit sur les vestiges d’un théâtre romain

De l’extérieur, rien ne peut laisser paraître qu’un palais de la Renaissance se cache derrière les murs de l’ancien théâtre romain de Marcellus. Le palais, qui fut longtemps la propriété de la noble famille Orsini, est retourné récemment dans le giron familial lorsque le prince Domenico Napoleone et la princesse Martine Orsini l’ont racheté et l’ont ensuite rénové.

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Les vestiges du théâtre de Marcellus

Au sud de la vaste plaine du Champ de Mars à Rome, l’empereur Auguste inaugura en -11 avant notre ère le prestigieux théâtre dédié à son neveu Marcellus, fils de sa sœur Octavie. La construction avait débuté bien des décennies auparavant et avait peut-être même été initiée sous Jules César.

Les vestiges du théâtre romain que l’empereur Auguste a dédié à son neveu Marcus Claudius Marcellus servent de fondations au palais du 16e siècle situé sur le Monte Savello, dans le rione Sant’Angelo à Rome (Photo : David Nivière)

Combats, incendies et inondations du Tibre, le théâtre de Marcellus tombera peu à peu en ruines, jusqu’à la Renaissance. En 1532, la famille Savelli fait appel à l’artiste et architecte Baldassarre Peruzzi, qui a notamment participé aux travaux de la basilique Saint-Pierre, pour y faire construire son palais. Des vestiges de l’époque romaine sont encore visibles, comme la présence de trois colonnes redressées du temple d’Apollon Sosianus.

Le palais des Savelli est imbriqué dans les vestiges du théâtre romain (Photo : David Nivière)

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Le palais des Savelli est construit sur les ruines du théâtre

Un palais est alors construit par les Savelli, imbriqué dans le théâtre, en se servant de certaines fondations, murs et éléments de façade comme fondations. En 1712, Giulio Savelli, prince d’Albano, meurt sans héritier direct. Ses héritiers les plus proches lèguent le palais à la Congrégation des barons de la Curie romaine, ne pouvant s’acquitter des droits de succession.

La grande galerie du palais photographiée en juin 2017 (Photo : David Nivière)
Fresques et moulures ornent toutes les pièces du palais ayant appartenu à la famille Orsini à partir du 18e siècle (Photo : David Nivière)

1729, Ferdinando Bernualdo Orsini, neveu du pape Benoît XIII, devient propriétaire du palais. La famille Orsini va y habiter de façon ininterrompue pendant de nombreuses générations, permettant à la bâtisse d’être sauvegardée. En 1932, la famille Orsini est expropriée et le palais sera mal entretenu par les propriétaires successifs.

Le paisible jardin de 587 mètres carrés unique en son genre dans la capitale italienne (Photo : David Nivière)

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Les Orsini reprennent possession du palais

En 2012, le palais est mis en vente à 32 millions d’euros, selon La Republicca. Il retourne enfin dans le giron de la famille Orsini, lorsque le prince Domenico Napoleone Orsini et la princesse Martine Orsini-Bernheim tombent véritablement sous le charme de cet endroit et en font l’acquisition dans le but de lui redonner toute sa splendeur d’antan. « En entrant dans ces murs, mon mari a eu l’impression de se confronter à tous ses ancêtres, comme si la maison le reconnaissait », expliquait la princesse Martine à Point de Vue, en 2017.

La princesse Martine Orsini-Bernheim a rénové le palais afin de préserver ce joyau qui conserve des traces de l’époque romaine (Photo : David Nivière)

Un palais exceptionnel entourant un jardin d’orangers centenaires

Des fresques baroques ornent les murs de presque toutes les pièces, l’eau jaillit d’une fontaine installée dans ce jardin couvert par la couronne des orangers centenaires. Au détour d’une impressionnante collection d’œuvres d’art moderne et contemporain qui contrastent avec le style de la construction, on découvre une statue d’ours, emblème des Orsini, qui se tient fièrement sur ses deux pattes.

Le salon donnant sur les orangers (Photo : David Nivière)
Les armoiries de la famille Orsini au sol (Photo : David Nivière)

Le bâtiment en forme de U entoure un jardin central de 587 mètres carrés, qui est rempli d’orangers, d’une fontaine du XVIe siècle et d’un cyprès vieux de 200 ans précise le New York Times.


Le jardin rempli d’orangers centenaires, sa fontaine du 16e siècle et une statue d’ours rappelant l’emblème de la famille Orsini (Photo : David Nivière)

L’appartement principal comprend quatre des plus belles pièces du palais : le salon principal, la bibliothèque, la salle à manger et la salle de bal. Elles sont toutes décorées de fresques. Dans la bibliothèque, les étagères ont été construites dans les années 1950 pour contenir la collection de livres d’Iris Origo, auteure qui fut propriétaire du palais dans l’après-guerre.

La bibliothèque avec des tableaux d’Andy Warhol (Photo : David Nivière)
La piscine du palais appartenant à présent au chef de la branche Gravina de la famille Orsini (Photo : David Nivière)

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Le prince Domenico Napoleone Orsini, XXIIe duc de Gravina, est le chef de cette branche de la maison Orsini. C’est en 1417 que la reine Jeanne II de Naples accorda le comté de Gravina à Francesco Orsini. En 1436, le comté fut élevé au rang de duché par Alphonse V d’Aragon. Les descendants du premier duc de Gravina ont possédé le duché jusqu’à l’application des lois révolutionnaires de la féodalité par Joseph Bonaparte, roi de Naples, en 1806, qui marque la fin de la féodalité.

Des œuvres d’art contemporain côtoient du mobilier ancien (Photo : David Nivière)
Le prince et la princesse Orsini ont ouvert les portes de leur palais romain pour cette séance photo exceptionnelle (Photo : David Nivière)

On retrouve des mentions des filiis Ursis (famille des Ours) dès le 6e siècle. L’origine claire et identifiée de la famille Orsini remonte à un certain Bobone, père de Pietro de Bobone, lui-même père du cardinal Giacinto Bobone, qui deviendra en 1191 le pape Céléstin III. Les documents alternent entre Bobone et Orsini dans l’écriture du nom de famille.

La princesse Martine Orsini-Bernheim dans son jardin à Rome (Photo : David Nivière)

Le pape Céléstin III offrira de nombreux fiefs à ses neveux, dont le nom Bobone disparaît totalement au profit d’Orsini. Les neveux sont à l’origine des nombreuses branches qui se formeront au fil des siècles, certaines d’entre elles hériteront de titres, de territoires et de certaines prérogatives. La famille Orsini aura encore deux autres papes, Nicolas III en 1277 et Benoît XIII en 1724.

La princesse Martine est devenue propriétaire des lieux en 2012, permettant à son époux de vivre dans les lieux ayant appartenu à ses ancêtres (Photo : David Nivière)

Au 16e siècle, le titre de Prince assistant du trône papal fut accordé au chef des deux familles les plus puissantes du pays, la famille Colonna et la famille Orsini. Ce titre est le plus élevé qui puisse être accordé à un laïc au sein de la cour papale, accordant le privilège d’assister aux cérémonies papales assis à la droite du trône papal. Le titre de Prince assistant est le seul à avoir survécu à la réforme de la Maison pontificale de 1968. Toutefois, en 1958, le prince Filippo Napoleone Orsini fut relevé de sa fonction par Pie XII en raison de sa relation avec Belinda Lee. Le titre a été accordé au prince Torlonia.

Le prince Domenico Napoleone Orsini, duc de Gravina et la princesse Martine Orsini-Bernheim photographiés au Bal de la Rose à Monaco en 2017 (Photo : David Nivière)

Le prince Domenico Napoleone Orsini, duc de Gravina, prince de Solofra, de Vallata et de Roccagorga a épousé Martine Bernheim en 1977. Le prince et la princesse ont deux filles, Leontia et Kajetana. Leontia a elle-même deux enfants, Inès et Diego Diaz, qui aiment partager du temps avec leurs grands-parents dans l’impressionnant palais romain. Martine Bernheim est la fille du célèbre banquier Antoine Bernheim, qui fut entre autres président du groupe d’assurances italien Generali et associé-gérant de la banque Lazard.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr