C’est une guerre familiale qui prend peut-être enfin fin. Depuis des mois, le roi Dalindyebo se bat manu militari contre son fils, le prince Azenathi, qui agit en tant que roi à la place de son père. Après de nombreux rebondissement dignes d’un film policier, les autorités sud-africaines se sont interposées dans cette querelle clanique. Le Premier ministre de la province du Cap-Oriental a choisi de prendre parti en faveur du roi Dalindyebo. Par conséquent, l’ensemble des privilèges que s’était octroyé le prince Azenathi lui sont retirés, cela comprend notamment un voiture de fonction, un salaire et des titres royaux.
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En sortant de prison en décembre 2019, le roi Buyelekhaya Dalindyebo avait eu la mauvaise surprise de découvrir que pendant son incarcération de plusieurs années, son fils, le prince héritier Azenathi avait dépassé ses fonctions de régent du royaume, qui lui avaient été attribuées. Celui-ci s’était proclamé Roi et agissait en tant que tel. Le prince Azenathi, qui se faisait appeler roi Azenathi Dalindyebo, avait pris possession du palais de la Grand Place de Bumbane, obligeant son père à trouver refuge dans une de ses résidences secondaires.
Depuis lors, la guerre fait rage. Au mois de mars, le roi Dalindyebo, fou de rage, entre par effraction dans le palais en pleine nuit avec une hache, dans le but de tuer son fils. Arrêté par la police, puis relâché, non satisfait d’avoir échoué d’éliminer l’usurpateur, le roi Dalindyebo a alors répudié son fils, déclarant que celui-ci n’était pas de son sang et réclamant un test ADN pour le prouver. Enfin, il y a quelques jours, une réunion clanique exceptionnelle avait eu lieu en présence de plusieurs chefs de clans, à l’issue de laquelle même les anciens rivaux du roi Dalindyebo ont choisi de lui prêter allégeance et d’invalider la prise de pouvoir du prince Azenathi.
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Finalement, la saga prend fin, alors que les autorités sud-africaines ont été contraintes de se mêler de cette querelle au sein d’un royaume traditionnel. C’est le chef du gouvernement de la province du Cap-Oriental, Oscar Mabuyane, qui a déclaré dans une lettre adressée au prince Azenathi, qui officiellement n’avait droit qu’à une fonction de régent, qui a pris fin en février 2020, quelques semaines après la sortie de prison de son père : « Vous êtes informé par la présente que vos services ont pris fin avec effet immédiat et que votre dernier salaire est envoyé à la date du 15 juin 2020. Vous êtes prié de quitter le bureau et le palais avec effet immédiat à la réception de ce courrier. »
Toutes les ressources financières émanant du gouvernement, à savoir la Jeep SUV, les cartes essence et les téléphones portables seront récupérés en main propre lors de la visite de responsables du COGTA, l’organe officiel qui gère la gouvernance dans les différents royaumes traditionnels. Tous les trois ans, les autorités sud-africaines, via le COGTA, réévalue la situation dans les royaumes traditionnels. Le roi Dalindyebo avait été envoyé en prison en 2015 et souhaitait que sa femme joue le rôle de régente en son absence, prétextant qu’il souhaitait que son fils continue ses études plutôt que d’endosser des fonctions royales. Le prince Azenathi avait sauté sur l’occasion de s’emparer du trône. Condamné à 12 ans de prison pour « agression aggravée », « kidnapping », « incendie criminel » et « prévarication », Dalindyebo a bénéficié d’une réduction de peine et n’a purgé que 4 ans de sa peine.
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Les abaThembu vivaient autrefois sur un territoire connu comme étant le royaume de Thembuland jusqu’en 1885, quand le royaume a rejoint la Colonie du Cap appartenant aux Britanniques. Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud, était originaire de cette tribu. Le roi Dalindyebo est souvent qualifié de « neveu de Nelson Mandela » par la presse, car il se considère comme son héritier. Néanmoins, il est en réalité un cousin éloigné. Le grand-père de Mandela était le frère d’un aïeul du roi. Le roi Dalindyebo est par ailleurs engagé en politique, membre du parti de l’Alliance démocrate, et fervent opposant de Jacob Zuma. L’abaThembu fait partie des 7 royaumes officiellement reconnus par l’Afrique du Sud, sur lesquels un roi est désigné comme monarque. Le plus connu de ces royaumes est celui du peuple zoulou (abaZulu), qui a pour monarque le roi Goodwill Zwelithini.
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Source : News24