Les règles de transmission du titre d’Altesse royale et de prince au Royaume-Uni

Beaucoup de gens se trompent sur les prédicats et les titres portés par les membres de la famille royale britannique. Pourtant, la règle n’est pas si compliquée. Qui sont les Altesses royales ? Pourquoi certains membres de la famille royale ne sont pas princes ? Quelle est la règle pour devenir prince du Royaume-Uni ? On essaie de vous expliquer tout ça le plus clairement possible.

Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a les titres de noblesse de pairie (peerage) du Royaume-Uni, c’est-à-dire, un titre qui se transmet du père à son fils aîné, à la mort du premier. Les titres sont classés selon un ordre, du plus important au moins importe : duc, marquis, comte, vicomte, baron. Le nom du duc est accolé au nom d’un territoire qui est un duché, marquisat, comté, etc. Si le détenteur du titre meurt sans héritier, la pairie revient au souverain, qui peut recréer une nouvelle lignée en attribuant quand il le souhaite le titre à quelqu’un d’autre.

Les titres de pairie sont donc héréditaires, contrairement au life peerage qui est un titre à vie. C’est-à-dire que la personne qui le reçoit est anobli pour le souverain mais à sa mort le titre s’éteindra. Il s’agit juste d’une récompense personnelle, sachant qu’au Royaume-Uni, ceux-ci sont généralement faits barons.

Enfin, vient la famille royale, dont les membres sont de par leur appartenance à la famille, des princes ou des princesses et portent le prédicat d’Altesses royales. Pour compliquer les choses, le souverain a pour tradition d’offrir des titres de pairie à ses enfants et mélange donc deux systèmes de transmission de titres différents. Les règles de transmission du titre de prince ou princesse sont différentes de celles des titres de pairie, qui lui est toujours héréditaire de père en fils aîné ou créé et offert par le souverain.

Quel est le titre de prince de la famille royale britannique ?

Dans le système de pairie, on est toujours « duc + un territoire » ou « comte + un territoire », mais lorsqu’on est prince, est-ce la même chose ? Eh bien, oui. La plupart du temps, il est de coutume de ne pas donner le nom du territoire associé au titre de prince de la famille royale, lorsqu’on se trouve sur son territoire, au même titre qu’on annonce « Sa Majesté la reine », lorsqu’elle est chez elle, et « Sa Majesté la reine du Royaume-Uni », lorsqu’elle est l’étranger. En réalité, lorsque l’on parle du « prince Andrew », du « prince Richard » ou du « prince William », ils sont princes « du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ». Car oui, on est prince d’un territoire, en l’occurence d’un pays, comme lorsqu’on est duc, on est duc d’un duché, comte d’un comté, etc. ! Notez que pour simplifier l’écriture, on se contentera d’écrire par la suite « prince du Royaume-Uni ».

Au Royaume-Uni, contrairement à d’autres pays, il n’existe donc qu’un seul mode transmission d’un titre, qui est de père en fils aîné. Sauf pour la famille royale, qui accorde les titres de princes ou princesses, selon d’autres règles que nous allons voir jusqu’après. En Belgique par exemple, à titre de comparaison, certaines familles se sont vues le droit de transmettre leur titre à tous leurs enfants (garçons ou filles et ainés ou cadets sans distinction), ce qui a pour conséquent d’avoir des noms de famille associés à des titres.

Qui peut devenir prince ou princesse ?

Depuis la dynastie des Hanovre, avec George 1er, il n’existe plus de prédicats d’Altesse ni d’Altesse sérénissime, comme ce fut le cas auparavant en Grande-Bretagne. La règle de transmission des titres de princes et princesses a été simplifiée au fil des générations. Les lettres patentes de 1917 du roi George V sont les dernières en la matière. Sauf exception, ce sont ces lettres patentes de 1917 qui sont encore observées aujourd’hui. La première chose qu’elles inscrivent est la modification du nom de Saxe-Cobourg-Gotha en Windsor et la perte totale et définitive de tous les titres germaniques que pouvait porter la famille royale jusqu’alors. La deuxième chose dont parlent ces lettres, est l’obtention des titres de prince du Royaume-Uni à l’époux ou l’épouse du souverain, à tous les enfants du souverain ainsi qu’aux petits-enfants du souverain, si ceux-ci sont les enfants d’un prince (autrement dit, d’un des fils du souverain).

La règle générale des enfants et des petits-enfants

Pour résumer. Tous les enfants du roi ou de la reine sont princes et princesses. S’ils ne l’étaient pas à leur naissance, ils le deviennent au moment où leur père ou leur mère monte sur le trône. Concernant les petits-enfants du souverain, seuls ceux dont leur père est le fils du souverain deviennent princes ou princesses. Ceux dont ils sont les petits-enfants du souverain par leur mère, héritent du nom de famille (et des titres éventuels) de leur père. Notez la particularité qui concerne l’éventuel enfant aîné du petit-enfant du souverain en ligne directe, qui lui aussi est prince ou princesse. Pour dire les choses plus simplement, normalement seul le fils ainé de William aurait pu être prince. Lui comme son frère et sa sœur sont les arrière-petits-enfants de la reine et ne pourraient normalement pas êtres Altesses royales, puisque le titre ne s’offre que jusqu’aux petits-enfants. Voici la règle générale.

La règle pour les époux et les épouses

Pour les époux et les épouses, la règle est simple. Si l’époux ou l’épouse qui rejoint la famille royale n’est pas né Altesse royale (au Royaume-Uni ou dans une autre monarchie), il ne peut hériter des titres royaux à son mariage. (S’il est Altesse royale, il garde ses titres princiers de son pays). Dans le cas où il s’agit d’une épouse de rang nobiliaire inférieur qui se marie à un prince, par courtoise, elle peut jouir du titre de prince de son mari, mais jamais à son propre nom. Ainsi, Kate Middleton ou Meghan Markle ne portaient pas de titres de princesses à leur naissance et ont épousé le prince William et le prince Harry, princes de naissance, puisqu’ils sont les petits-enfants de la reine par leur père. C’est pourquoi, ni Kate ni Meghan ne sont princesses. Il est totalement faux d’écrire « princesse Catherine » ou « princesse Meghan ». Par contre, elles peuvent être désignées comme étant la « princesse William » et la « princesse Henry », Harry étant un surnom. Cela ne fait pas d’elles des princesses à part entière. Par contre, comme les enfants et certains petits-enfants du souverain ont également reçu des titres de pairies à leur mariage, leurs épouses peuvent en jouir pleinement, la règle de transmission étant différente. C’est pourquoi, Catherine Middleton est bien duchesse de Cambridge à part entière, ainsi que Meghan, est bien duchesse de Sussex. Dans leurs cas, elles ont pleinement hérité du titre par leur mariage et elles peuvent à vie se présenter comme duchesses. Pour preuve, lors du divorce de Sarah Ferguson avec le prince Andrew, duc d’York, c’est ce qu’il s’est passé. Sarah Ferguson n’était plus S.A.R. la princesse Andrew, par contre, elle reste duchesse d’York.

Dans le cas où un homme se marie à un membre de la famille royale, en aucun cas celui-ci ne peut, même par courtoisie, porter les titres de son épouse. La seule exception est l’époux de la reine, qui est devenue prince du Royaume-Uni et a perdu ses titres de prince de Grèce et de Danemark.

Les exceptions aux règles de transmission des titres d’Altesses royales

Les exceptions qui ont dérogé à la règle ont été appliquées au cas par cas. La première dérogation a eu lieu en 1948. Il devenait de plus en plus clair qu’Elizabeth, fille aînée de George VI allait devenir reine, même si elle n’était pas destinée à le devenir, à sa naissance. Le problème est que les titres de prince et le prédicat d’Altesse royale ne s’héritent pas par la mère, comme nous venons de le voir. Cela veut dire que normalement, les enfants d’Elizabeth auraient porté le nom de famille de leur père et ses éventuels titres héréditaires. Ainsi, Charles aurait pu s’appeler lord Charles Mountbatten et Anne aurait été lady Anne Mountbatten. Charles aurait pu porter, par courtoisie, le titre subsidiaire de son père, qui est comte de Merioneth. Pour éviter que les enfants d’Elizabeth, future reine, n’aient aucun titre, George VI a accordé que les futurs enfants d’Elizabeth soient Altesses royales. Comme les petits-enfants du monarque peuvent utiliser le titre de leur père comme nom de famille, à leur naissance Charles (petit-fils de George VI) était S.A.R. le prince Charles d’Édimbourg et Anne (également petite-fille de George VI), S.A.R. la princesse Anne d’Édimbourg. Notez que pour les autres enfants d’Elizabeth la question ne s’est pas posée puisqu’ils sont nés quand elle était déjà reine.

La deuxième exception eut lieu lors du mariage du dernier fils de la reine, le prince Edward avec Sophie Rhys-Jones. Le couple a demandé à la reine que leurs descendants ne soient pas Altesses royales. Les enfants du prince Edward, comte de Wessex sont donc considérés comme les descendants d’un comte, puisqu’il s’agit du titre de pairie dont il jouit.

La troisième exception concerne les enfants du prince William. En prévision du futur, William étant appelé à devenir le fils du roi, puis roi lui-même, la reine Elizabeth a décidé que tous les enfants de William seraient traités de la même façon et deviendraient Altesses royales. En principe, seul le prince George, aîné en ligne directe, pouvait être prince. La princesse Charlotte aurait été lady Charlotte de Cambridge et le prince Louis aurait été lord Louis de Cambridge, comme nous l’avons déjà expliqué. Remarquez qu’a l’accession de Charles au trône, cette inégalité aurait été réparée, puisque les enfants de William seraient tous devenus les petits-enfants d’un souverain.

Quels sont les autres titres accordés aux membres de la famille royale ?

Les autres titres ne sont pas liés à la famille royale et sont des titres de pairie. Comme la famille royale est la plus noble des familles du pays, il est normal que le souverain accorde à ses enfants des titres de noblesse. Le titre de prince de Galles est donné à l’aîné mâle. Il est aussi de tradition de donner le titre de duc d’York au deuxième fils du souverain, bien que celui-ci devrait pourtant être héréditaire. Mais à plusieurs reprises dans l’histoire, le titre a disparu par absence de descendant ou bien lorsque le duc d’York est devenu roi (le cas de George VI, par exemple). Chaque fois que le titre n’était plus porté, le souverain était à nouveau libre de le redistribuer. Les autres titres, ceux de Gloucester ou de Kent, par exemple, ont été choisis par le souverain, sans raison qui suit une règle apparente. La plupart du temps, ces titres sont accordés au moment du mariage, ceux-ci ayant pour but de permettre à leur détenteur de fonder une famille et de léguer un nom de famille à leurs enfants. On reviendra plus tard sur la question du nom de famille.

La transmission des titres de pairie

Les seuls membres de la famille royale qui portent un ou plusieurs titres de pairie, sont donc les enfants de la reine, les deux fils de Charles, mais aussi certains de ses cousins, qui ont hérité des titres de leur père, ceux-ci étant à l’époque les petits-fils du roi George V. Ainsi, le duc de Gloucester a hérité de son titre à la mort de son père et son propre fils, Alexandre en héritera à son tour à sa mort, bien qu’Alexandre n’aura jamais le prédicat d’Altesse royale. Notez qu’il est de tradition de donner un titre de pairie et un deuxième titre subsidiaire, dont peut déjà jouir l’héritier du premier titre, avant la mort de son père. Dans notre exemple du duc de Gloucester, au fil des générations, le détenteur du titre va s’éloigner de plus en plus de sa proximité généalogique actuelle avec le souverain. Par contre, tant qu’à chaque génération le duc de Gloucester continuera à avoir un héritier mâle, le titre de duc sera transmis sans discontinuité. Il en va de même pour le prince Edward, duc de Kent. À la mort du cousin de la reine, se sera son fils George qui deviendra duc de Kent, sans pour autant être Altesse royale ni prince. Le troisième et dernier cas existant est celui qui concerne la famille de Wessex. Le dernier fils de la reine, Edward est comte de Wessex. À sa mort, son fils James deviendra comte de Wessex, sans pour autant être prince. Si Harry ne veut pas que son fils Archie devienne prince, lorsque son père deviendra roi, rien n’empêchera Archie de devenir duc de Sussex, à la mort de son père, les titres de pairie étant indépendant de la qualité royale.

Après les cousins de la reine et ses enfants, il y a aussi les deux fils de Charles, le prince William et le prince Harry, qui porte un titre de pairie. La reine a décidé de leur offrir des titres supplémentaires, comme elle l’a fait pour ses enfants, prenant de l’avance, puisque de toute façon, ils risquent d’en recevoir le jour où Charles deviendra roi.

Quels sont les noms de famille des membres de la famille royale ?

Comme il a été dit, dans les lettres patentes de 1917, le nom de la famille Saxe-Cobourg-Gotha a été transformé en Windsor. Par contre, les membres de la famille royale peuvent utiliser leur titre le plus important comme nom de famille. Cela parait de nouveau un peu compliqué à comprendre, mais ça ne l’est pas tant que ça.

Tous les membres qui ont deux titres utilisent le plus important comme nom de famille. Nous venons dans le paragraphe précédent de lister tous les membres qui ont deux titres. Pour rappel, il y a les enfants de la reine, les deux fils de Charles et deux cousins de la reine, à savoir le duc de Gloucester et le duc de Kent. Ceux-ci, y compris la reine et son époux portent leur plus haut titre, à savoir prince du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. C’est donc leur nom sur leur carte d’identité et à l’état civil. Pour preuve, l’acte de naissance d’Archie, qui indique le nom de son père, inscrit comme Henry du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

Pour les autres, qui sont en fait les petits-enfants du souverain (y compris les petits-enfants d’un précédent souverain décédé, ce qui est le cas avec les cousins de la reine), ils utilisent le titre de pairie de leur père comme nom de famille. Par exemple, les filles du prince Andrew, duc d’York, sont toutes les deux Altesses royales et princesses du Royaume-Uni mais elles n’ont pas pour nom de famille « du Royaume-Uni », leur nom de famille est « d’York ». Elles héritent du titre de leur père comme nom. Il en va de même pour le prince Michael de Kent. Michael de Kent est le petit-fils de l’ancien souverain George V, et à ce titre, il a pu utiliser le titre de duc de Kent de son père comme nom de famille. Alors que son frère aîné, le prince Edward, a hérité du titre de duc de Kent, à la mort de son père et il est évidemment, le seul duc de Kent.

Il s’agit de la même règle qui s’applique pour William et ses enfants. Ses enfants ayant tous bénéficié d’une exception accordée par la reine, ils sont tous princes et Altesse royales, leur permettant d’utiliser le titre de leur père comme nom de famille. Le prince William, duc de Cambridge a donc pour enfants Georges de Cambridge, Charlotte de Cambridge et Louis de Cambridge.

Rappelez-vous que cette règle n’est valide que pour ceux qui sont prince ou princesse, c’est pourquoi Archie, le fils du prince Harry ne s’appelle pas Archie de Sussex. C’est la même chose pour les enfants d’Edward de Wessex. N’ayant pas voulu que ses enfants soient Altesses royales, ses enfants ne s’appellent pas Louise et James de Wessex. Néanmoins, tout le monde a un nom de famille, alors comment faire pour donner un nom à tous ceux qui perdent leur titre de prince ? Il y a une solution !

Comment s’appellent les membres de la famille royale qui n’ont pas de titre ?

Rappelez-vous que le nom de Saxe-Cobourg-Gotha avait été modifié en Windsor. Les petits-enfants du souverain qui auraient éventuellement été privés de titres de princes, ainsi que les arrière-petits-enfants du souverain, qui eux n’ont d’office par de titres (à l’exception des enfants de William, comme on l’a expliqué), reprennent le nom de Windsor, à l’état civil. Comme il y a des exceptions à tout, les descendants de la reine Elizabeth ont pour nom Mountbatten-Windsor, acceptant cette faveur à son époux, afin qu’il puisse léguer une partie de son nom aux futures générations. C’est pourquoi Archie s’appelle Mountbatten-Windsor. Mais il n’est pas le seul, puisque les enfants du comte de Wessex ne peuvent hériter du titre de leur père comme nom, n’étant pas Altesses royales, eux aussi s’appellent Mountbatten-Windsor. Il en va de même pour toute la génération d’arrière-petits-enfants de George V, sauf que pour eux, il s’agit du nom Windsor. Ainsi, nous avons par exemple lady Gabriella Windsor, lady Helen Windsor ou encore lord Nicholas Windsor.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr