Le roi Frederik X modifie les armoiries royales danoises

À l’approche de son premier anniversaire de règne, le roi Frederik X de Danemark a dévoilé les nouvelles armoiries royales qui figurent aussi sur les documents et d’autres éléments officiels comme les étendards. Les nouvelles armoiries symbolisent au mieux l’histoire de la famille royale et mettent en évidence les entités du royaume du Danemark.

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Les nouvelles armoiries royales danoises ne comprennent plus de références à la Suède

Le 14 janvier 2024, la reine Margrethe a abdiqué à 83 ans, le jour de son 52e anniversaire de règne. Son fils Frederik X lui a succédé. Le règne de Frederik X marque un nouveau chapitre dans l’histoire monarchique danoise. D’un point de vue strictement généalogique, le roi Frederik est le premier souverain d’une nouvelle branche, celle issue de la famille de Monpezat de son père. La reine Margrethe était la dernière souveraine de la famille Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, une branche cadette de la famille d’Oldenbourg qui a régné sur le Danemark depuis 1448.

Le roi Frederik X et la reine Mary posent devant leur trône. Sur les trônes figurent les trois lions du Danemark (Photo : Dennis Stenild, Kongehuset)

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Ce changement de trône implique des changements d’ordre héraldique. Durant un an, le peintre d’armes Ronny Skov Andersen et l’historiographe Jes Fabricius Mølle ont présidé un comité dédié à la création de nouvelles armoiries royales. Ce 1er janvier 2025, la Maison royale a présenté le résultat validé par le roi Frederik X. Ces nouvelles armes sont une version modifiée de celles utilisées par la reine Margrethe. Les armoiries royales sont à la fois les armes personnelles du roi et un symbole d’État, utilisées sur les documents officiels.

L’étendard avec les nouvelles armoiries est hissé pour la première fois au-dessus du palais Frédéric VIII d’Amalienborg, résidence du roi Frederik X à Copenhague, depuis ce 1er janvier 2025 (Photo : Mischa Schoemaker/ABACAPRESS.COM)
Les nouvelles armoiries royales modifiées durant le règne du roi Frederik X (Image : Kongehuset)

Les premières armoiries du Danemark se basent sur un sceau du roi Knut IV datant de 1194 qui représentaient trois lions bleus et couronnés, entourés de trois cœurs rouges. Le blasonnement se lit : « d’or à neuf cœurs de gueules, rangés en trois pals à trois lions léopardés d’azur, couronnés et armés du champ et lampassés de gueules ». Ces armoiries figurent toujours dans le champ supérieur gauche des armoiries du Danemark, y compris dans la nouvelle version du roi Frederik X.

Le premier champ reprend toujours le blason ancestral représenté pour la première fois par Knut IV en 1194. Il s’agit du blason du Danemark. Son blasonnement est : « d’or à neuf cœurs de gueules, rangés en trois pals à trois lions léopardés d’azur, couronnés et armés du champ et lampassés de gueules » (Image : Kongehuset)

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Les îles Féroé et le Groenland mis à l’honneur sur les armoiries de Frederik X

Le royaume du Danemark est composé de trois pays constitutifs : le Danemark, les Féroé et le Groenland. Les trois pays sont mieux mis à l’honneur dans les nouvelles armoiries de Frederik X. Auparavant, sous le règne de Margrethe, le champ 1 (supérieur gauche) représentait le Danemark et le champ 3 (inférieur gauche) était lui-même divisé en trois parties. Ces trois parties représentaient les Féroé, le Groenland ainsi que trois couronnes, qui sont les symboles de la Suède. Ces couronnes figuraient toujours sur les armoiries en souvenir de l’Union de Kalmar. Durant l’Union de Kalmar, les souverains danois régnaient aussi sur le Suède. L’Union de Kalmar a cessé d’exister en 1523 mais les couronnes suédoises figuraient toujours sur les armoiries danoises en mémoire de cette période de l’histoire.

Le champ 2 reprend le blason des îles Féroé. Ce blason est apparu pour la première fois au 14e siècle sur le sceau d’un commerçant pour indiquer sa provenance des Féroé. Son blasonnement est « d’azur à un bélier d’argent passant, lampassé de gueules et armé d’or » (Image : Kongehuset)

Le champ 2 représente dorénavant à lui seul les îles Féroé. Le blason des Féroé est depuis le 14e siècle un bélier tirant la langue sur fond bleu. Son blasonnement se lit : « d’azur à un bélier d’argent passant, lampassé de gueules et armé d’or ». Le champ 3 est dorénavant celui représentant à lui seul le Groenland. Le blason du Groenland est, depuis le 17e siècle, un ours blanc sur fond bleu. Son blasonnement se lit : « d’azur à un ours polaire passant d’argent, armé du premier ».

Le troisième champ est dorénavant entièrement consacré au blason du Groenland. C’est le roi Frédéric III qui a attribué l’ours polaire comme emblème du Groenland en 1666. Son blasonnement est : « d’azur à un ours polaire passant d’argent, armé du premier » (Image : Kongehuset)

Le champ 4, qui dans les précédentes armoiries étaient une répétition du blason du Danemark, représente à présent le Schleswig. Le blason du Schleswig apparaissait déjà dans les précédentes armoiries mais se trouvait dans le champ 2. Le Schleswig est une partie au sud du Danemark dont le duché a donné son nom à la branche de la dynastie régnant sur le Danemark.

Le blason du Schleswig occupe le quatrième champ. Il s’agit d’un dérivé du blason du Danemark. Il est toujours représenté en mémoire du lien particulier qui unit le Danemark et les souverains danois au Schleswig (Image : Kongehuset)

Au centre des armoiries, le roi Frederik a choisi de garder un blason central qui est celui de la famille d’Oldenbourg. Ce blason représente trois bandes jaunes et deux bandes rouges. Ce blasonnement se lit : « sur-le-tout-du-tout, parti d’or à deux fasces de gueules ». Les différents champs sont séparés par les branches d’une croix blanche à bordure rouge qui représente le fameux Dannebrog, la croix du drapeau danois. Le roi Frederik a décidé de représenter ce symbole par une croix pattée, comme ce fut autrefois le cas, alors que sa mère avait stylisé cette croix avec des branches droites. L’écu est entouré des chaînes de l’ordre de l’Éléphant et de l’ordre de Dannebrog et est tenu par deux sauvages armés de gourdins.

Différences entre les armoiries utilisées par la reine Margrethe II et celles modifiées par son fils et adoptées en 2025. Le roi Frederik X a principalement accordé une plus grande importance aux trois pays constitutifs et a supprimé la référence à la Suède (Image : Histoires Royales/Kongehuset)

Les deux hommes sauvages sont issus de la tradition du folklore scandinave. Un dais d’hermine protège les différents éléments et le tout est surmonté de la couronne du Roi. Les armoiries royales ont été modifiées depuis 1819 par arrêté royal en 1903, 1948 et 1972. Le roi Frederik poursuit donc la tradition d’adapter les armoiries à la situation de son pays et dans la volonté de refléter ses origines. La modification de 1903 faisait suite à la perte de la Norvège, obligeant à enlever le lion norvégien. La modification de 1948 faisait suite à la perte de l’Islande, obligeant le roi Christian X à enlever le faucon islandais de ses armoiries. Et enfin, la modification de 1972 faisait suite à l’accession au trône de la reine Margrethe.

Les nouvelles armoiries de la reine Mary présentées dans un étendard. Ses armoiries, surmontées de la couronne de la Reine, sont composées des armoiries du roi Frederik et de ses armoiries personnelles, conçues sur base de son histoire familiale (Image : Kongehuset)

Le roi Frederik a aussi profité pour redessiner les armoiries de son épouse, la reine Mary et de son fils aîné, le prince héritier Christian. La reine Mary a les doubles blasons, ceux de son époux et son propre blason. Son blason est composé d’un aigle rouge à deux têtes avec un navire noir sur la poitrine dans un champ doré. Cet élément est celui du clan écossais Donaldson, en référence aux origines de Mary. Au-dessus, dans une bande bleue on voit deux étoiles d’or à sept branches, qui symbolisent l’Australie, et entre elles une rose d’or qui est un symbole du féminin et de la beauté.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr