Le roi Willem-Alexander s’est expliqué à propos d’un sujet polémique, en envoyant une vidéo à toutes les rédactions des Pays-Bas. Depuis quelques années maintenant, la restauration et l’avenir du Carrosse doré font débat aux Pays-Bas. Ce carrosse, qui sert à transporter le souverain le jour de l’ouverture de l’année parlementaire, présente des dessins coloniaux. Faut-il conserver ce carrosse dans un musée ? Peut-il encore servir malgré ses représentations polémiques ? Le roi des Pays-Bas annonce sa décision.
Faut-il interdire l’utilisation du Carrosse doré ?
C’est dans la cour du Musée d’Amsterdam que se trouve actuellement le Gouden Koets (le Carrosse doré), protégé par un cube de verre. Depuis le mois de juin 2021, le Carrosse doré est exposé, afin que le public puisse l’admirer depuis sa restauration. Depuis quelques mois maintenant, l’exposition est virtuelle, suite à la décision de fermer les musées pour des raisons sanitaires. L’exposition prendra fin en février.
Le carrosse restauré est prêté temporairement au Musée d’Amsterdam pour l’exposition dédiée aux Écuries royales. Après l’exposition, il était question de redonner au carrosse sa fonction première, à savoir, transporter le roi lors de la parade du Prinsjesdag. Le Prinsjesdag est la journée la plus protocolaire de l’année, qui a lieu le troisième jeudi de septembre. Ce jour-là, le Carrosse doré vient chercher le roi Willem-Alexander au palais Noordeinde où il travaille, pour l’emmener jusqu’au Binnenhof, où sont réunis les États généraux (les deux chambres du parlement). Le roi y prononce le discours du Trône, qui marque le début de l’année parlementaire, puis il rentre au palais à bord du même carrosse, une fois le discours terminé.
Durant la période de restauration du carrosse, c’est un autre carrosse qui était utilisé. Depuis le mouvement Black Lives Matter et les initiatives de déboulonnage des statues représentants des personnages historiques controversés, le Carrosse doré faisait lui aussi l’objet de polémiques.
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Le carrosse d’or a été offert par les habitants d’Amsterdam à la reine Wilhelmine en 1898, à l’occasion de son intronisation à l’âge de 18 ans. Plus de 1200 artisans ont travaillé sur le carrosse. Par exemple, les filles de l’orphelinat Burgerweeshuis, situé autrefois à l’emplacement actuel du musée d’Amsterdam, ont aidé à broder les coussins de la voiture. Le carrosse a servi a de multiples occasions, comme pour les mariages, baptêmes ou pour la fête nationale. Mais c’est un dessin sur le côté, qui dépeint une scène coloniale, qui fait aujourd’hui polémique.
C’est en 2011 que les députés Harry van Bommel et Mariko Peters ont demandé qu’on enlève le bas-relief se trouvant sur un panneau latéral du carrosse. Le panneau, peint par Nicolaas van der Waay, représente selon eux des esclaves à moitié nus faisant des gestes de soumission devant la maison royale. Selon les historiens, le panneau ne représente pas la soumission au souverain mais la relation que pouvaient avoir les Pays-Bas avec leurs colonies, à cette période de l’histoire.
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La décision du roi Willem-Alexander concernant le Gouden Koets
«Notre histoire a de quoi nous rendre fiers», a déclaré ce 13 janvier 2022 le roi Willem-Alexander dans une vidéo envoyée à toutes les rédactions des Pays-Bas et du monde entier. «Nous ne pouvons pas réécrire le passé. Nous pouvons essayer de nous en accommoder ensemble. Cela vaut aussi pour le passé colonial. Il ne sert à rien de condamner et de disqualifier ce qui s’est passé à travers le prisme de notre temps», continue le souverain.
«L’interdiction pure et simple des objets et symboles historiques n’est certainement pas une solution non plus». Le roi demande de réfléchir à des solutions et faire des efforts pour obtenir des solutions qui unissent plutôt que de diviser. Par conséquent, le roi Willem-Alexander annonce que «le Carrosse doré ne pourra à nouveau rouler que lorsque les Pays-Bas seront prêts, ce qui n’est pas le cas actuellement. Tous les citoyens de ce pays devraient pouvoir se sentir égaux et avoir des chances équitables. Chacun devrait pouvoir se sentir partie prenante de ce qui a été construit dans notre pays et en être fier.»
«Tant qu’il y aura des personnes vivant aux Pays-Bas qui ressentent quotidiennement la douleur de la discrimination, le passé fera encore de l’ombre sur notre présent et ce ne sera pas encore terminé. S’écouter et se comprendre sont des conditions essentielles pour parvenir à la réconciliation et éliminer la douleur des âmes. Je sais que nous pouvons le faire, même si c’est un chemin long et difficile. Je comprends très bien les sentiments différents de chacun. Ce n’est que si nous empruntons ensemble ce chemin de la réconciliation que le Carrosse doré pourra à nouveau rouler au Prinsjesdag».