Le sultan d’Oman va désigner un prince héritier

C’est une petite révolution pour le sultanat d’Oman qui était la dernière monarchie à ne pas désigner de successeur automatique à son trône. Si de nombreuses monarchies du Moyen-Orient n’ont pas opté pour un système de transmission héréditaire, la nomination du successeur se fait néanmoins toujours du vivant du monarque. Celui-ci peut même changer en cours de règne. C’est ce système que le nouveau sultan, désigné il y a un an, va lui aussi mettre en place prochainement à Oman.

Le sultan Haitham ben Tark a modifié la loi pou désigner son successeur de son vivant (Photo : Diwan)

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Le défunt sultan d’Oman ne laissera plus de lettre sous scellée

Jusqu’à présent, c’est à la mort du sultan d’Oman que le Conseil de la famille royale, composé de membres éminents de la famille du souverain, avait normalement trois jours pour se décider sur le nom du prochain à occuper le trône du sultanat. Il s’agit habituellement d’un fils ou d’un proche parent.

À la mort du sultan Qabus ibn Saïd le 10 janvier 2020, il y avait une véritable crainte que le trône reste vacant, car le souverain est décédé sans enfant, après plus de 49 ans sur le trône. La solution de secours était d’ouvrir une lettre sous scellée, écrite par le défunt souverain, qui désigne le nom de son successeur. À la mort du sultan l’année dernière, le Conseil de la famille a directement choisi cette solution afin de ne pas créer de discorde.

C’est Haïtham ben Tariq, cousin du précédent sultan, ancien ministre des Affaires étrangères et ministre du Patrimoine et de la Culture, qui avait été désigné pour occuper le trône du sultanat. Le lendemain de la mort du sultan, le 11 janvier, Haïtham ben Tariq prêtait déjà serment, réalisant une succession plus rapide et moins délicate que prévue.

La transition d’un monarque à l’autre peut créer une instabilité, notamment provoquer des disputes familiales, d’où l’existence d’une lettre qui doit normalement servir à trancher en cas de discorde. Mais cette période d’incertitude peut aussi profiter aux ambitions de certains, par exemple en provoquant un coup d’État pour abolir la monarchie.

La succession du sultan Qabus ibn Saïd, en janvier 2020, laissait craindre une instabilité. Ici photographié en 2013 avec John Kerry (Photo : WikiCommons)

Haitham ben Tariq choisira bientôt son successeur

Pour toutes ces raisons, le sultan Haïtham ben Tariq a choisi de mettre fin à ce système de transition et d’opter pour une monarchie plus conventionnelle. Il ne s’agira pas d’une monarchie héréditaire mais le successeur sera déjà connu d’avance puisque le sultan le désignera durant son règne et le titrera prince héritier.

Le souverain a choisi la date d’anniversaire de son ascension sur le trône pour émettre deux décrets royaux qui redéfinissent certaines attributions du pouvoir et censés offrir plus de stabilité décisionnelle. Parmi les articles du décret n°6 de l’année 2021 modifiant les Lois fondamentales du sultanat, il y a le paragraphe 2 qui concerne « la mise en place d’un mécanisme de désignation d’un prince héritier et d’explications de ses devoirs et pouvoirs ». Pour l’heure, le souverain n’a pas encore désigné qui sera son héritier. Depuis le début de la dynastie al-Saïd en 1749, les nouveaux sultans étaient à chaque fois le fils du précédent ou le fils d’un sultan précédent. Seul Haïtham ben Tarek a succédé à son cousin, celui-ci n’ayant pas d’enfants. Haïtham ben Tarek et son épouse Ahad bint Abdullah ont deux filles et deux fils, le prince Theyazin, 30 ans, et le prince Bilarab, 25 ans.

Source : Times of Oman

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr