Ce 6 janvier 2025, la reine Margarita de Bulgarie fête ses 90 ans. L’épouse du dernier tsar des Bulgares est entourée de sa nombreuse descendance pour célébrer discrètement cet anniversaire à Madrid. Retour sur le destin incroyable de cette aristocrate espagnole orpheline devenue reine des Bulgares.
La reine Margarita de Bulgarie célèbre ses 90 ans
Margarita Gómez-Acebo y Cejuela est née le 6 janvier 1935 à Madrid, à l’aube de la guerre d’Espagne. Margarita est la petite-fille du 3e marquis de Cortina, José Luis Gómez-Acebo, ministre du Développement durant le règne du roi Alphonse XIII d’Espagne. Margarita n’a qu’un an lorsque ses parents sont arrêtés par les communistes, détenus puis exécutés en novembre 1936.
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Margarita et son frère José-Luis ont été récupérés par le marquis de Casa Pizarro, avant d’être confiés à leur grand-mère paternelle, Margarita Marta Modet y Almagro. Celle-ci s’occupa d’eux jusqu’à son décès en 1940. Margarita et José-Luis ont ensuite vécu chez deux oncles. D’abord chez Juan Gómez-Acebo y Modet, marquis de Zurgena, mort en 1950, puis chez le frère de celui-ci, Jaime Gómez-Acebo y Modet. Jaime et son épouse, la duchesse de Deleitosa, avaient de nombreux enfants de l’âge de Margarita, considérés comme des frères d’adoption.
Parmi les enfants avec lesquels a grandi Margarita on retrouve notamment Luis Gómez-Acebo, qui épousera en 1967, l’infante Pilar, l’une des sœurs du futur roi Juan Carlos 1er. Alors que Margarita et son frère grandissent chez leurs oncles, un autre jeune garçon orphelin traverse malgré lui le monde, expulsé de sa patrie : le roi Siméon de Bulgarie. En juin 1951, le gouvernement espagnol accorda l’asile politique à la famille royale de Bulgarie en exil. Le destin réunira quelques années plus tard Margarita et Siméon, deux amoureux à l’enfance brisée par les communistes.
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Siméon et Margarita : deux enfants au destin brisé se croisent dans une boîte de nuit à Madrid
Après le décès inopiné du roi Boris III, en 1943, Siméon II lui succède sur le trône, à l’âge de six ans. En 1945, l’Union soviétique entre sur le territoire bulgare et une alliance se crée avec le parti communiste bulgare. Le 15 septembre 1946, la monarchie est abolie en Bulgarie et l’enfant roi et sa famille sont contraints à l’exil. La famille royale trouve d’abord refuge en Égypte, puis en Espagne, où Siméon a suivi ses études.
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En 1958, Siméon et Margarita se croisent pour la première fois dans la boîte de nuit Puerta de Hierro de Madrid. Siméon prévient tout de suite la jeune femme dont il est épris qu’il partira prochainement aux États-Unis pour poursuivre sa formation militaire à la prestigieuse Valley Forge Military Academy de Pennsylvanie.
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Margarita Gómez-Acebo épouse le roi des Bulgares en Suisse
Après sa formation militaire aux États-Unis, durant laquelle il reçoit des visites de Margarita, Siméon rentre vivre en Espagne. En 1961, le roi Siméon entame des négociations avec le Vatican pour épouser Margarita. La famille royale organise deux audiences avec le pape Jean XXIII, connu pour ses accointances avec la Bulgarie, pour résoudre la situation de ce mariage entre un orthodoxe et une catholique. En parallèle, l’autorisation donnée au catholique Juan Carlos d’Espagne d’épouser l’orthodoxe Sofia de Grèce, joua en faveur de la demande de Siméon et Margarita.
Le mariage fut finalement célébré le 21 janvier 1962, en l’église orthodoxe de Vevey, en Suisse, par le métropolite Andrey, représentant du diocèse américain de l’Église orthodoxe bulgare, et par l’archevêque russe Antoniy de Genève. Lors de la cérémonie, la couronne de mariage ceinte par les mariés fut celle utilisée lors du mariage de Boris III et de Giovanna, sertie de pierres aux couleurs du drapeau bulgare. Le mariage civil avait eu lieu la veille, à Lausanne. Le père Albendea, proche du roi Baudouin et de son épouse Fabiola, avait également dirigé une cérémonie catholique les jours précédents.
Le jour de son mariage, la nouvelle reine des Bulgares portait le diadème fleur-de-lys de la princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme confectionné par le joaillier autrichien Köchert. Ce diadème avait été offert à la princesse Marie-Louise en 1893 par son époux, le futur roi Ferdinand 1er de Bulgarie, la fleur de lys étant l’emblème de la famille Bourbon. Lorsque leur fils, le roi Boris III épousa en 1930 la princesse Giovanna, fille du roi d’Italie, elle porta ce diadème. La reine Jeanne a continué à porter ce diadème lors d’événements royaux, y compris durant sa vie en exil et prêta ce diadème à sa fille lors de son mariage, ainsi qu’à sa nouvelle belle-fille, Margarita, lors de son mariage.
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De reine en exil à épouse du premier ministre bulgare
Siméon II et Margarita ont eu cinq enfants : le prince Kardam, prince de Tarnovo, le prince Kiril, prince de Preslav, le prince Kubrat, prince de Panagyurichté, le prince Konstantin, prince de Vidine, et la princesse Kalina, comtesse de Murány. Les cinq enfants ont grandi en Espagne, et notamment auprès de la famille royale espagnole. Plusieurs enfants sont des amis proches des infantes Elena et Cristina et du roi Felipe VI. Les cinq enfants du couple royal bulgare ont épousé des citoyens espagnols. Le prince Kardam a eu deux fils, le prince Kiril a eu trois enfants, le prince Kubrat a eu trois fils, le prince Konstantin a eu deux enfants et la princesse Kalina a eu un fils.
Durant ces années d’exil, le roi Siméon II a continué à travailler sans relâche pour la cause bulgare dans le monde entier. Le 25 mai 1996, le roi Siméon a pu enfin fouler le sol bulgare. De retour après 50 ans d’exil, le roi Siméon a pu concrétiser les nombreuses initiatives mises en place durant les décennies précédentes, en se lançant en politique.
Le roi Siméon souhaitait occuper le poste de chef de l’État dont il avait été privé. En raison de clauses constitutionnelles, il dut renoncer à la fonction de président qu’il convoitait. Il fonda son propre parti politique et fut largement élu premier ministre de la république bulgare en 2001, utilisant alors son nom civil. Durant ses années à la tête du gouvernement, Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha œuvra à la préparation de l’adhésion de la Bulgarie à l’OTAN et à l’Union européenne.
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Des parents frappés par la perte d’un enfant
Le 15 août 2008, la famille royale de Bulgare est frappée par le drame. Le prince Kardam, prince de Tarnovo, fils aîné et héritier dynastique du roi Siméon, est victime d’un accident de voiture avec son épouse, la princesse Miriam. Le couple a deux enfants, le prince Boris et le prince Beltran. La princesse Miriam est blessée mais le prince Kardam, lui, est placé dans le coma artificiel. Grièvement atteint, son état s’aggrave en 2010 et il restera dans l’incapacité de communiquer jusqu’à son décès le 7 avril 2015. Depuis cette date, son fils aîné, le prince Boris est le nouveau prince de Tarnovo et l’héritier du roi Siméon. En 2025, la famille royale commémorera donc les 10 ans de la disparition du prince Kardam, dont les cendres ont été rapatriées en Bulgarie l’année dernière.
Depuis la fin de son mandat de premier ministre, le roi Siméon II vit une vie paisible avec la reine Margarita. Les biens de la famille royale, anciennement confisqués, ayant été restitués à la famille royale, le roi Siméon vit à nouveau depuis quelques années au palais Vrana de Sofia et au palais Bistritsa de Borovets. Pour son 90e anniversaire, proche des fêtes de fin d’année, la reine Margarita a pu organiser une grande réunion familiale, réussissant à réunir autour d’elle la plupart de ses descendants à Madrid.
Le roi Siméon II et la reine Margarita œuvrent discrètement en Bulgarie, ne souhaitant pas médiatiser leurs actions. Le couple royal reste actif et répond toujours présent aux invitations royales, notamment pour assister aux mariages et aux funérailles des souverains européens. La reine Margarita est également proche de la reine Sofia d’Espagne et des enfants de l’infante Pilar, dont la fratrie a connu deux drames au cours de l’année 2024.
Les enfants de Margarita et Siméon ont réussi de brillantes études. Le prince Kubrat, par exemple, est un chirurgien spécialiste réputé à Madrid. Le prince Kubrat a d’ailleurs transmis sa passion à ses fils, qui eux aussi pratiquent en tant que chirurgiens et continuent leurs spécialisations. Les descendants du couple royal vivent tous en Espagne, à l’exception de la princesse Kalina et de son époux, l’explorateur espagnol Kitin Muñoz, qui se sont installés avec leur fils, le prince Siméon, en Bulgarie, après avoir vécu en Espagne et au Maroc.
