La République tchèque pleure la mort du prince Karel de Schwarzenberg, décédé à 85 ans. Le chef de la noble famille Schwarzenberg souffrait de problèmes de santé. Outre son illustre histoire familiale, dont ses ancêtres ont occupé d’importantes fonctions dans le Saint-Empire, le prince Karel a lui-même marqué l’histoire politique de la République tchèque en tant que député, sénateur, ministre des Affaires étrangères et candidat à l’élection présidentielle. Son fils aîné devient le 13e prince de Schwarzenberg.
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Décès du prince Karel VII de Schwarzenberg à Vienne
Karel Schwarzenberg, à l’État civil, est né le 10 décembre 1937 à Prague. Il y a quelques jours, le président tchèque Petr Pavel lui avait remis l’ordre du Lion blanc, la plus haute distinction d’État décernée à des personnalités qui ont apporté une contribution particulière à la Tchéquie. Le prince Karel, connu comme Karel VII de Schwarzenberg, n’avait pas pu se rendre à la cérémonie de remise de la récompense en raison de sa santé fragile. Depuis le mois d’août, il faisait des séjours réguliers à l’hôpital.

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Plus tôt dans la semaine, on avait appris que le prince avait pris l’avion en direction de l’Autriche pour s’y faire soigner. « Demandez aux médecins pourquoi ils m’ont amené ici. Je ne le sais pas », avait alors déclaré le prince affaibli à Novinky. « Je ne pense pas qu’il y ait ici plus de spécialistes qu’en République tchèque. J’estime que ce sera à peu près la même chose, mais ici je pourrai voir mes enfants et petits-enfants ». C’est donc près de ses proches qu’il a poussé son dernier souffle ce samedi 11 novembre, comme l’a révélé son ami Miroslav Kalousek en publiant un message sur le réseau social X vers 2 heures du matin ce dimanche.

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« Il était clair pour moi que cela allait arriver, mais c’est quand même un coup dur », a écrit Miroslav Kalousek dans son tweet. « Il était l’une des personnes les plus importantes et les plus gentilles de ma vie. Qu’il repose en paix, la République tchèque lui sera éternellement reconnaissante pour tout ce qu’il a fait de manière altruiste pour elle ». Miroslav Kalousek est le président du parti TOP09, parti conservateur, libéral et pro-européen dont le prince Karel était le président d’honneur après en avoir assuré la présidence pendant 6 ans jusqu’en 2015.
„Domnívám se, že člověk se nemá za to, co je, ani stydět, ale ani se povznášet. Prostě si říct – Pán Bůh Tě postavil sem a nalož s tím, jak můžeš nejlépe."
— Jiří Pospíšil (@Pospisil_Jiri) November 12, 2023
A pan Karel Schwarzenberg s tím naložil opravdu krásně… Pro mě byl vždy symbolem návratu svobody, demokracie a dalších… pic.twitter.com/wNKWxCShTD
Ce dimanche, une pluie d’hommages d’hommes politiques tchèques de tous bords s’abat sur les réseaux sociaux. Echo24 rapporte la déclaration du député Matěj Ondřej Havel : « Il était l’un des hommes politiques post-révolutionnaires les plus importants et l’un des plus grands personnages de notre nation ». Sur le réseau social X, l’ancien ministre de la Justice Jiří Pospíšil a écrit : « Pour moi, il a toujours été un symbole du retour de la liberté, de la démocratie et d’autres valeurs européennes traditionnelles dans notre pays ».
Le prince fut ministre des Affaires étrangères, député, sénateur et candidat à l’élection présidentielle
Le prince Karel fut ministre des Affaires étrangères de République tchèque entre 2007 et 2013 et premier vice-président du gouvernement de 2010 à 2013. Auparavant, il fut député et sénateur ainsi que candidat à l’élection présidentielle en 2013, dont il a atteint le second tour. Le prince Karel avait épousé la comtesse Therese zu Hardegg en 1967. Ils ont eu trois enfants : le prince Jan Nepomuk (1967), la princesse Anna Carolina (1968) et le prince Karl Philipp (1979). Ce deuxième fils n’est plus dynaste, depuis son adoption en 1987 par Thomas Prinzhorn dont il a pris le nom. Sa fille, Anna Carolina, dont il était très proche, a eu cinq enfants. Le titre complet du chef de famille est prince de Schwarzenberg, comte de Sulz, landgrave de Klettgau et duc de Krumlov. Le prince Karel était aussi un cousin du prince Rainier III de Monaco.

Son fils aîné, le prince Jan Nepomuk, 55 ans, était son héritier dynastique et devient donc à ce jour le 13 prince de Schwarzenberg. Le nouveau chef de famille, deux fois marié, n’a pas d’enfant. Le prince Ferdinand, son cousin et neveu du défunt prince Karel VII, est aujourd’hui son héritier présomptif. Le prince Ferdinand, 33 ans, a épousé religieusement le 15 juillet dernier, la Belge Marie Frilling. Ce grand mariage, célébré en Haute-Autriche, avait réuni une grande partie de la noblesse tchèque, autrichienne, slovaque et bien au-delà. Le roi Willem-Alexander et la reine Máxima des Pays-Bas avaient assisté à ce mariage avec leur fille aînée, la princesse d’Orange.


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La famille de Schwarzenberg est une illustre famille de la noblesse tchèque. Elle descend de nobles et seigneurs de la famille de Seinsheim. Les Seinsheim sont originaires de Bavière. En 1404, Erkinger de Seinsheim acquiert le château de Schwarzenberg à Scheinfeld, dans la région de Moyenne-Franconie en Bavière, et il prend le nom de son domaine. Il est le fondateur de la famille Schwarzenberg dont l’influence ne cessera de grandir, principalement en Bohême. En 1599, Adophe de Schwarzenberg, très grand militaire du Saint-Empire, reçoit le titre de comte de l’empereur, notamment pour ses batailles contre les Turcs. La tête de Turc figure d’ailleurs sur les armoiries de la famille.

En 1670, Jean-Adolphe, 3e comte de Schwarzenberg est élevé au rang de prince par l’empereur Léopold 1er pour sa loyauté, son implication de diplomate et auprès de la population. Il devient prince impérial, occupant alors une place au sein de l’assemblée impériale. En 1719, Joseph-Adam, 3e prince de Schwarzenberg, qui avait épousé la fille du prince de Liechtenstein, hérite de sa tante le titre de duc de Krumlov, dont elle avait elle-même hérité de son petit-fils. Depuis lors, les princes portent aussi ce titre. En 1746, l’empereur accorde le droit de porter le titre de prince et princesse de Bohême à tous les membres de la famille, un privilège qui renforce l’importance accordée à cette famille au sein de l’aristocratie de Bohême.
En 1802, fait assez exceptionnel, l’empereur accorde un second majorat au sein de la famille de Schwarzenberg. Alors que le titre principal de prince de Schwarzenberg continue à être transmis par Joseph II Jean à ses descendants, un deuxième titre de prince de Schwarzenberg est octroyé parallèlement à son frère, Charles-Philippe. Cette faveur a été accordée à Charles-Philippe, qui devient 1e prince de Schwarzenberg du second majorat, en raison de son implication militaire. Grand général sous les ordres de l’empereur François 1er, il fut notamment président du Conseil de guerre durant les périodes de la Révolution française puis la période napoléonienne. On distingue alors deux branches, la branche aînée est connue comme la branche Hlubok-Krumlov car elle continue à transmettre aussi le titre de duc de Krumlov, et la branche cadette est celle d’Orlick. En 1979, au décès du 11e prince de Schwarzenberg de la branche aînée, le titre est revenu à son héritier mâle le plus proche, soit le 8e prince de Schwarzenberg du second majorat. À cette date, les titres des deux branches ont été réunis en une seule personne, Karel VII, à la fois 8e et 12e prince de Schwarzenberg, 17e duc de Krumlov.