Le prince Harry dénonce l’environnement malsain des réseaux sociaux

Le prince Harry, duc de Sussex, a rédigé un long édito qu’il signe sur le média Fast Company. Le petit-fils de la reine y parle de son approche des réseaux sociaux et de son implication pour en faire un environnement plus sain. Il y révèle que lui et son épouse ont pour ambition de lutter contre le harcèlement et la haine en ligne. Il appelle les grands groupes industriels à reconsidérer l’achat d’espace publicitaire sur les réseaux sociaux.

Le prince Harry a rédigé un long édito sur Fast Company, dans lequel il rappelle la responsabilité qu’ont les réseaux sociaux, d’offrir un espace sain à ces utilisateurs (Image : capture Fast Company)

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Le prince Harry et Meghan Markle veulent faire pression sur l’achat d’espace publicitaire en ligne

Dans son édito, le prince Harry révèle avoir appelé de nombreux chefs d’entreprise et des directeurs marketing de très grandes entreprises dans le but de les rallier à sa cause. Son épouse, Meghan Markle l’accompagne pleinement. Elle aussi a pris sont téléphone pour de joindre des marques « que nous utilisons tous dans notre vie quotidienne. Notre message était clair : le paysage numérique est mauvais et les entreprises comme la vôtre ont la possibilité de reconsidérer votre rôle dans le financement et le soutien des plateformes en ligne qui ont contribué, alimenté et créé les conditions d’une crise de haine, d’une crise de santé et une crise de vérité. »

Cette série d’appels téléphoniques coïncide avec le lancement d’une campagne pour les droits civiques et la justice raciale appelée Stop Hate For Profit, qui visait à faire changer le règlement des grandes plateformes en ligne. La première visée était Facebook. Grâce à cette campagne, de nombreuses grandes marques ont choisi de retirer leurs publicités sur Facebook, tant que la plateforme ne modifiait pas sa façon de modérer le contenu et ne se montrait pas plus rigoureux dans la suppression des messages jugés racistes ou diffamatoires.

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Quand nous devenons le produit des réseaux sociaux

« Certains peuvent se demander pourquoi notre campagne vise la publicité en ligne. Eh bien, beaucoup d’entre nous aiment et apprécient les réseaux sociaux. C’est une ressource gratuite pour se connecter, partager et organiser. Mais ce n’est pas vraiment gratuit; le coût est élevé. Chaque fois que vous cliquez, ils en apprennent plus sur vous. Nos informations, nos données privées et nos habitudes sont échangées contre de l’espace publicitaire et de l’argent. Le prix que nous payons tous est bien plus élevé qu’il n’y paraît. Normalement nous sommes le consommateur, nous achetons un produit, alors que dans ce monde numérique en constante évolution, nous sommes le produit. »

Le prince Harry, qui démonte le modèle économique des réseaux sociaux, ne s’y montre pas totalement opposé. Il faut simplement changer l’état d’esprit des utilisateurs grâce à l’implication des plateformes elles-mêmes, qui doivent établir de nouvelles règles. Le duc de Sussex continue son édito. Meghan et moi-même « avons toujours cru que les individus et les communautés peuvent devenir prospère lorsque les cadres qui les entourent sont construits à partir de la compassion, de la confiance et du bien-être. Malheureusement, cette croyance est en contradiction avec une grande partie de ce que vivent les gens sur les réseaux sociaux. »

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Modifier l’espace en ligne pour qu’il devienne un lieu sûr

« À partir de conversations avec des experts dans ce domaine, nous pensons que nous devons remodeler l’architecture de notre communauté en ligne d’une manière définie plus par la compassion que par la haine; par la vérité au lieu de la désinformation; par l’équité et l’inclusivité au lieu de l’injustice et de la peur; par un discours libre, qui ne devient pas une arme. Ce remodelage doit inclure des leaders de l’industrie de tous les domaines, traçant une ligne dans le sable contre les pratiques en ligne inacceptables ainsi que des participants actifs dans le processus d’établissement de nouvelles normes pour notre monde en ligne. »

Le prince Harry insiste également sur la responsabilité des entreprises qui achètent de l’espace publicitaire sur les réseaux sociaux. Le monde numérique a un impact « sur notre santé collective, sur nos démocraties, sur la façon dont nous pensons et interagissons les uns avec les autres, sur la façon dont nous traitons et faisons confiance aux informations. » Pourquoi cela préoccupe tant le fils du prince Charles ? Car il pense à la jeune génération. « En tant que père, cela me préoccupe particulièrement. »

Dans son plaidoyer, le prince Harry prend l’exemple du plomb, qui dans les années 70 a connu une campagne de dénigrement massif, lorsqu’on s’est rendu compte que ce métal était nocif. À l’époque, on en trouvait pourtant dans de nombreux bien de consommation. Par là, le duc de Sussex veut prouver que l’on peut changer, car il a suffi de faire pression sur l’industrie pour que le plomb soit remplacé dans la composition des biens manufacturés.

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La fin du harcèlement en ligne et de la discrimination

« Nous avons la possibilité de faire mieux et de repenser le monde numérique, de regarder le passé et de l’utiliser pour informer l’avenir. Nous devons porter un œil critique sur les deux dernières décennies ». Pour le prince Harry, c’est évident, il y a un lien de cause à effet entre la montée en puissance du harcèlement et de l’utilisation massive des réseaux sociaux. « La montée des réseaux sociaux a été accompagnée d’une augmentation de la division parmi nous dans le monde. Les algorithmes et les outils de recommandation des réseaux sociaux peuvent conduire les gens vers le radicalisme et l’extrémisme qu’ils n’auraient peut-être pas empruntés autrement. »

Le prince Harry est particulièrement inquiet de voir que pour certains, ce sont les réseaux sociaux qui restent leur première source d’information. « Il y a actuellement des milliards de personnes – en plein milieu d’une pandémie mondiale (…) – qui s’appuient sur des flux d’informations basés sur des algorithmes pour porter des jugements sur la réalité contre la fiction, sur la vérité contre le mensonge. » Le père d’Archie déplore le manque de collaboration de ces plateformes : « Ces espaces qui permettent à la désinformation de se répandre semblent baisser les bras lorsqu’on leur demande de prendre leurs responsabilités et de trouver des solutions. »

Le prince Harry est de plus en plus inquiet, en constatant que « récemment, pour la première fois, les dépenses en publicité numérique dépassent les dépenses publicitaires dans les médias traditionnels. Pensez à ce que cela signifie. Les normes et pratiques sur lesquelles s’appuient les annonceurs lorsqu’ils placent leurs publicités à la télévision, par exemple, ne s’appliquent pas à l’espace en ligne ».

Le prince Harry s’adresse aux entreprises qui achètent des publicités en ligne, et leur fait remarquer qu’elles ont raison « de dénoncer sans équivoque la haine et le racisme, le suprémacisme blanc et l’antisémitisme », cependant, ces entreprises acceptent d’acheter de l’espace sur des plateformes qui véhicule « la désinformation dangereuse (…) qui favorise la violence et le sectarisme. »

« Notre espoir est que ce soit le début d’un mouvement où nous, en tant que personnes, plaçons la communauté et les relations, la tolérance et l’empathie, la joie et la gentillesse avant tout. Internet nous a permis de nous unir. Nous sommes maintenant branchés sur un vaste système nerveux qui, oui, reflète notre bonté, mais trop souvent aussi magnifie et alimente notre mauvais côté. Nous pouvons – et devons – encourager ces plateformes à se repenser de manière plus responsable et plus compatissante. Le monde le ressentira et nous en profiterons tous. »

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr