Emmanuel-Philibert de Savoie publie un document pour mettre fin à la querelle dynastique : «Assez avec ces absurdités !»

Depuis la mort du prince Amédée de Savoie-Aoste, duc d’Aoste, le grand public a pris connaissance de la querelle dynastique qui oppose deux branches familiales, qui prétendent toutes deux au trône d’Italie. Les cousins du dernier roi Humbert II prétendent être les héritiers légitimes dynastiques, suite au mariage prétendument sans consentement, de Victor-Emmanuel, fils unique d’Humbert II. Le prince Emmanuel-Philibert, fils du prince Victor-Emmanuel a tenté de mettre fin une bonne fois pour toute à cette querelle, en publiant des documents familiaux qui prouvent sa légitimité.

Le prince de Venise exprime son ras-le-bal face à ceux qui réfutent sa légitimité (Photo : capture d’écran vidéo)

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La mort du duc d’Aoste relance la querelle dynastique

Depuis quelques dizaines d’années, le prince Amédée de Savoie-Aoste revendiquait la prétention au trône d’Italie, en tant que plus proche parent masculin du dernier roi Humbert II, ayant contracté un mariage à rang égal. Le prince Amédée, titré duc d’Aoste en tant que chef de la branche cadette de la famille royale d’Italie, avait épousé en premières noces la princesse Claude d’Orléans. Ce mariage a rang égal lui permet de revendiquer sa légitimité, contrairement au prince Victor-Emmanuel de Savoie, seul fils du dernier roi d’Italie.

Les partisans du duc d’Aoste indiquent que le prince Victor-Emmanuel, également tiré prince de Naples, n’est plus dynaste depuis son mariage avec la roturière Marina Doria en 1971. Selon eux, ce mariage aurait eu lieu sans le consentement de son père, comme l’exigeait pourtant la constitution du royaume d’Italie. Rappelons que la monarchie a été abolie en 1946. Au contraire, les partisans qui soutiennent le fils, puis le petit-fils du dernier roi, font savoir que la loi à l’époque du royaume, exigeait également que le prince sanctionné accepte lui-même sa sanction.

La branche d’Aoste descend du deuxième fils de Victor-Emmanuel II, Amédée 1e, brièvement roi d’Espagne. La branche de la famille royale italienne continue part Humbert 1e, premier fils de Victor-Emmanuel II (Image : Histoires Royales)

Le 1e juin 2021, le prince Amédée est mort à 77 ans. Son fils, le prince Aimone de Savoie-Aoste lui a succédé à cette date, en tant que duc d’Aoste et continue sa prétention dynastique et la querelle à l’encontre de ses cousins. De nombreux médias grand public ont relayé l’information, ce qui a dévoilé au grand jour cette querelle dynastique connue jusqu’alors que des spécialistes des familles royales. Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, prince de Venise, est très populaire en Italie de par ses participations à diverses émissions de divertissement. Il est actuellement juge dans l’émission Amici sur Canale 5.

Le prince Emmanuel-Philibert publie des documents pour prouver sa légitimité et celle de son père

«Assez maintenant avec ces absurdités, il est temps d’arrêter», écrit en colère le prince de Venise sur ses réseaux sociaux. «Arrêtons de faire parler les morts et respectons leur repos !». Le prince Emmanuel-Philibert affirme : «Le Roi, mon grand-père, a reconnu sans équivoque mon père comme le futur chef de la Maison royale de Savoie, avec ma mère à ses côtés lors de sa dernière rencontre avec les Italiens en France».

Le prince Victor-Emmanuel de Savoie, prince de Naples, avec son fils unique, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, prince de Venise (Photo :  Marco Piovanotto/ABACAPRESS.COM)

Le prince de Venise fait référence à la rencontre que l’ancien roi Humbert II en exil avait organisé avec des Italiens à Beaulieu-sur-Mer, en juin 1978. Le roi Humbert II avait ce jour-là autour de lui, son fils unique et sa belle-fille. «Mon grand-père, a voulu mon père et ma mère à ses côtés, devant tous, comme un geste fort et décisif de pacification, comme un sceau indélébile de son choix pour la continuité dynastique.»

Pour prouver que son grand-père avait approuvé le mariage de ses parents, le prince Emmanuel-Philibert a publié une lettre inédite, écrite par Charles-Guibert d’Udekem, l’exécuteur testamentaire de son grand-père. Les deux autres exécuteurs testamentaires sont le roi Siméon II de Bulgarie et Maurizio Langravio d’Assia. La lettre écrite à Cascais, au Portugal, est datée au 5 décembre 1983, quelques mois après la mort du roi.

Dans cette lettre, les exécuteurs testamentaires indiquent que les héritiers du roi Humbert II «reconnaissent le prince Victor-Emmanuel, chef de la Maison royale de Savoie». Les héritiers dont il est question ont également signé le document. Il s’agit des héritiers légaux, à savoir la veuve du Roi, la reine Marie-José, et leurs deux filles, les princesses Marie Gabrielle et Marie Beatrice.

La lettre écrite par les exécuteurs testamentaires et signée par la grand-mère et les tantes du prince de Venise (Photo : Facebook/Emanuele Filiberto di Savoie)

Les partisans du duc d’Aoste, qui réfutent la légitimité du prince Victor-Emmanuel en veulent pour preuves des lettres écrites par le roi Humbert II dans lesquelles il critique son propre fils. La relation entre le père et le fils s’était, il est vrai, quelque peu détériorée car le Roi désapprouvait les choix sentimentaux de son fils. Il fut notamment fiancé à Dominique Claudel, avant d’épouser Marina.

«Tout le monde sait parfaitement que le roi Humbert II a écrit cette lettre en 1960, bien avant que mon père ne connaisse ma mère», explique le prince Emmanuel-Philibert, époux de l’actrice Clotilde Courau. Il rappelle que même si ces documents existent, le roi aurait changé d’avis par la suite. «Il n’a jamais donné suite à ce qu’il avait écrit» de façon officielle en annonçant une sanction à l’encontre de son fils, «simplement parce qu’il n’a jamais eu l’intention.»

«Aujourd’hui je dis haut et fort “ça suffit”, aux bêtises que les habituels esprits pervers et malades remettent sans cesse en circulation pour discréditer ma famille et son chef légitime», s’emporte l’héritier. L’autre preuve que l’Italie elle-même ne considérait que les descendants du roi Humbert II comme ses potentiels héritiers est le fait que seuls ceux-ci sont tombés sous le coup de la loi de l’exil. La branche d’Aoste a pu continué à vivre en Italie.

«Ne soyez pas superficiels dans vos jugements : le Roi mon grand-père a incontestablement reconnu mon père comme son héritier, présentant aussi publiquement ma mère. Cette décision unique et officielle signifiait qu’il n’y avait que mon père et moi qui continuions cet exil auquel seuls le Roi et ses successeurs légitimes étaient condamnés. Et personne d’autre. L’histoire a déjà parlé, maintenant elle se tait !», conclut le prince de Venise.

Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie avec sa fille ainée, le princesse Vittoria (Photo : Instagram/efsavoia)

Dans la foulée, le magazine people Oggi publie à son tour des documents des partisans du camp adverse, qui selon eux prouvent que le roi Humbert II souhaitait sanctionner son fils.

Pour rappel, si l’Italie n’est plus une monarchie, la prétention au trône du chef de famille consiste principalement à perpétuer l’héritage familial. Le chef de famille est notamment garant du maintien des ordres dynastiques. Le chef de la famille de Savoie est le grand-maitre de l’ordre suprême de la Sainte Annonciation, de l’ordre des Saints Maurice et Lazare, de l’ordre de la Couronne d’Italie et de l’ordre Civil de Savoie. En décembre 2019, le prince Victor-Emmanuel de Savoie a abrogé la règle de succession salique au sein de la Maison royale, permettant ainsi à ses deux petites-filles, les filles du prince Emmanuel-Philibert de figurer dans l’ordre de succession. La princesse Vittoria, fille ainée d’Emmanuel-Philibert est donc appelée à devenir la première femme à la tête de la famille. La récente abrogation de la loi salique est un point de revendication de plus à la branche d’Aoste pour clamer sa légitimité.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr