Ce samedi 10 février 2024 ont eu lieu les funérailles du prince Victor-Emmanuel de Savoie au « Duomo », la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin. Les adieux aux fils du roi Humbert II d’Italie se sont déroulés une semaine après son décès, à 86 ans. Après les funérailles, en présence de nombreux représentants de familles royales étrangères, la famille a accompagné la dépouille jusqu’à sa dernière demeure, dans la crypte de la basilique de Superga à Turin, nécropole de la famille de Savoie.
Les derniers adieux au fils du roi Humbert II d’Italie dans l’ancienne capitale de leur territoire
Le prince Victor-Emmanuel de Savoie, duc de Savoie, prince de Naples, dernier prince héritier d’Italie, est décédé le 3 févier 2024, à quelques jours de son 87e anniversaire. Le prince était l’unique fils du dernier couple royal, le roi Humbert II et la reine Marie-José. La nouvelle du décès du prince Victor-Emmanuel a peiné les nombreux sympathisants monarchistes du pays ainsi que les membres des familles royales étrangères dont il était proche.
La chapelle ardente du prince Victor-Emmanuel de Savoie a eu lieu le 9 février, au palais royal de Venaria, près de Turin, ancien pavillon de chasse de ses ancêtres. Ce samedi 10 février 2024, c’est à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin que ses funérailles ont été célébrées. Seul édifice religieux de style Renaissance de la ville, la cathédrale est le siège de l’archidiocèse de Turin. Turin est une ville très symbolique pour les Savoie, puisqu’elle fut la capitale de leurs territoires à partir du 16e siècle.
Les comtes de Savoie, devenus des ducs de Savoie (en 1416), puis des princes de Piémont (en 1418) ont décidé de transférer leur capitale ancestrale de Chambéry vers Turin, en 1563. La ville Turin est restée la capitale des États de Savoie, y compris quand les souverains sont devenus rois de Sicile en 1713. Le royaume de Sicile fut rapidement échangé contre celui de Sardaigne en 1717. En 1861, juste après avoir définitivement abandonné les territoires de la Savoie et de Nice à la France, le roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne devint le premier roi d’Italie, lors de l’unification de la péninsule sous un seul royaume. Turin fut aussi la première capitale de l’Italie, avant de la transférer à Florence et enfin à Rome.
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Funérailles du prince Victor-Emmanuel de Savoie à la cathédrale de Turin
La famille royale a fait son entrée dans la cathédrale de Turin, peu avant 15 heures ce samedi. Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, seul enfant du défunt, dirigeait le cortège, en tant que nouveau chef de la Maison de Savoie. Le chef de la famille royale était accompagné de sa mère, la princesse Marina, qui pleurait la mort de son époux. La princesse Clotilde de Savoie, connue professionnellement comme Clotilde Courau, était accompagnée par ses deux filles, la princesse Vittoria et la princesse Luisa. La princesse Vittoria, princesse de Carignan, marquise d’Ivrée, est la fille aînée du prince Emmanuel-Philibert et est donc dorénavant l’héritière dynastique de la Maison de Savoie.
Johannes Niederhauser, grand chancelier des ordres dynastiques de la Maison royale de Savoie, portait sur un coussin le collier de grand maître de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade. Cet ordre était la plus haute récompense honorifique que décernaient les souverains de Savoie, y compris dans le royaume d’Italie. Le collier a été déposé devant le cercueil du défunt au son de l’hymne sarde.
La princesse Maria Pia était la seule sœur du défunt présente. Les princesses Marie-Gabrielle et Marie-Béatrice étaient absentes pour raison de santé. La branche cadette de la famille royale était représentée par son chef, le prince Aimone de Savoie-Aoste, duc d’Aoste, accompagné par son épouse, la princesse Olga de Grèce.
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Le prince de Naples à deux pas du Saint-Suaire ayant appartenu à la famille de Savoie
Le cercueil du prince de Naples était posé sur un tapis rouge devant l’autel, à proximité de la chapelle qui abrite le Saint-Suaire. Le linceul, qui selon la tradition catholique, aurait enveloppé le corps du Christ à sa descente de la croix, était jusqu’à peu une possession des ducs de Savoie. Louis 1er, duc de Savoie et prince de Piémont, en devint le propriétaire en 1452. Il sera gardé à Turin à partir de 1572, après le transfert de la capitale des États de Savoie dans le Piémont. La relique est conservée dans la chapelle du Guarini de la cathédrale depuis des siècles. En 1983, le roi Humbert II a cédé le précieux suaire au pape Jean-Paul II, qui en a confié la garde à l’archevêque de Turin.
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Les cousins royaux assistent aux funérailles du prince Victor-Emmanuel de Savoie
De nombreuses royautés ont assisté aux funérailles du prince Victor-Emmanuel de Savoie. Le prince de Naples était le cousin germain du roi Albert II de Belgique et de sa sœur, Joséphine-Charlotte, qui fut grande-duchesse de Luxembourg. Leur père, le roi Léopold III était le frère de Marie-José, qui fut par son mariage la dernière reine d’Italie.
Le prince Victor-Emmanuel de Savoie avait pour grand-mère maternelle Hélène, fille du roi Nicolas 1er de Monténégro. Sa grand-mère maternelle, Elisabeth, épouse du roi Albert 1er de Belgique, elle était une descendante des souverains de Bavière par son père et la petite-fille du roi Michel 1er de Portugal par sa mère. Le prince Victor-Emmanuel a donc toujours entretenu des relations étroites avec ses cousins royaux. Sa sœur aînée, la princesse Maria Pia, a créé de nouveaux liens avec la famille royale de Yougoslavie par son premier mariage. Ses enfants, les princes Dimitri, Michel, Serge et Hélène de Yougoslavie sont très proches de leur cousin Emmanuel-Philibert, et étaient présents aux funérailles.
Le prince Jean de Luxembourg représentait son frère, le grand-duc Henri. Le prince Albert II de Monaco était présent aux funérailles. Le prince Albert II de Monaco, grand ami du prince Emmanuel-Philibert, est à l’origine de la rencontre entre Emmanuel-Philibert et Clotilde Courau. Albert de Monaco fut donc aussi désigné comme témoin de leur mariage en 2003. Le prince Albert était accompagné de la princesse Charlène ce samedi.
La reine Sofia d’Espagne, habituelle représentante de la famille royale espagnole lors des événements royaux à l’étranger, était présente à la cathédrale de Turin. La France était représentée par le prince Charles-Louis d’Orléans, duc de Chartres, et son épouse, la princesse Iléana. Étaient également présents le prince Charles de Bourbon des Deux-Siciles avec sa fille aînée. La princesse Victoria Romanovna, le prince héritier Leka d’Albanie ou encore, le roi Fouad II d’Égypte, le prince Philippos de Grèce et de Danemark et le prince Boris de Bulgarie se sont rendus à Turin.
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Inhumation dans la crypte de la basilique de Superga auprès de ses ancêtres
Mercredi 14 février, ce sera en toute intimité que la famille rejoindra les hauteurs de la ville. Sur la colline de Superga, qui surplombe Turin, est érigée la basilique de Superga, un édifice religieux commandé par le duc Victor-Amédée II de Savoie en 1717, après être devenu roi de Sardaigne. Turin devenait donc la capitale de son nouveau royaume de Piémont-Sardaigne. La nécropole de la famille de Savoie se trouve dans la crypte sous la basilique. Dans la crypte sont inhumés les souverains jusqu’à leur accession au trône d’Italie. Les deux premiers rois d’Italie sont inhumés au Panthéon, à Rome, quant au deux derniers, Victor-Emmanuel III repose au sanctuaire de Vicoforte, alors que le roi Humbert II est dans l’ancienne nécropole des Savoie, à l’abbaye de Hautecombe.
Le prince Victor-Emmanuel de Savoie rejoindra, après sa crémation, ses ancêtres dans cette crypte qui comprend cinq salles. La principale chambre est la salle des Rois. Au centre de la salle se trouve un grand tombeau, destiné au dernier souverain décédé. À chaque décès d’un nouveau roi, celui-ci remplaçait le précédent. Le dernier souverain décédé en tant que roi de Piémont-Sardaigne est le roi Charles-Albert, qui repose donc définitivement dans ce tombeau. Son fils, Victor-Emmanuel II, fut le premier roi d’Italie et repose au Panthéon.