Un moment suspendu, digne d’un conte de fées, a eu lieu ce samedi 20 mai au château de Nymphenburg, ancienne résidence d’été des rois de Bavière. Dans ce parc, qui dépasse la superficie du château de Versailles, le prince Ludwig de Bavière, futur chef de la famille Wittelsbach, a fêté son mariage avec Sophie Evekink, dans la plus pure tradition bavaroise et royale. Avant de fêter l’union au château, la cérémonie de mariage a été célébrée en l’église des Théatins de Munich, en présence de nombreux membres de familles royales étrangères.
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Un mariage royal célébré en l’église des Théatins de Munich
Le prince Ludwig de Bavière a épousé religieusement Sophie-Alexandra Evekink en l’église des Théatins de Munich, avant de rejoindre le majestueux château de Nymphenberg. Franz, l’actuel duc de Bavière, âgé de 89 ans, a mis à disposition son immense demeure à son cousin, le prince Ludwig, 40 ans, pour qu’il puisse fêter son mariage en grande pompe ce samedi 20 mai 2023.
L’église des Théatins a été construite en 1663 pour marquer la naissance du prince Maximilien-Emmanuel de Bavière, futur gouverneur des Pays-bas espagnols et prince-électeur. Elle sert également de nécropole royale à la famille de Wittlesbach. Le tombeau du roi Maximilien II se trouve dans une chapelle le long de la nef, alors que la crypte compte près de 50 autres illustres membres de la famille, dont l’empereur Charles VII du Saint-Empire, le roi Othon 1er de Grèce mais aussi Rupprecht de Bavière et sa fille Irmingard, arrière-grand-père et grand-mère du marié.
La veille du mariage religieux, TZ a révélé que Ludwig et Alexandra se sont mariés civilement le 24 décembre 2022 dans le plus grand secret. Leur mariage civil a été célébré au réveillon de Noël, en petit comité, au château de Kaltenberg, le domicile du prince Luitpold, le père du marié. « Le maire de Geltendorf a célébré la cérémonie de mariage. C’était une petite fête en costume traditionnel, juste avec les parents des deux mariés », a expliqué la maison ducale.
La cérémonie de mariage était dirigée par le cardinal Reinhard Marx, évêque depuis 1996, évêque de Trèves de 2001 à 2007, puis archevêque de Munich et Freising depuis lors. Il a été créé cardinal par le pape Benoît XVI en 2010. La messe de Saint Nicolas (Missa Sancti Nicolai) de Joseph Haydn était interprétée tout au long de l’office.
Le prince Ludwig, né en 1982, est le fils du prince Luitpold et de Beatrix Wiegand. Sophie-Alexandra Evekink est une Canado-Néerlandaise, née à Singapour en 1989. Diplômée en politique, elle a travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé à Genève, après un passage universitaire à Oxford. Elle poursuit actuellement un doctorat en criminologie.
Le mystère plane encore sur la rencontre entre les jeunes mariés. On sait que le prince a fait sa demande en mariage en offrant une bague en émeraude à Sophie. Town & Country Magazine précise même que la demande a eu lieu au début de l’été 2022, à Berchtesgaden, une ville des Alpes bavaroises.
Le prince Luitpold, déjà très engagé publiquement lors des activités familiales, est un chef d’entreprise de renom, notamment à la tête de la brasserie König Ludwig. Son fils l’aide aussi sur le domaine familial après avoir travaillé en Afrique. « C’est très réjouissant que Ludwig soit de nouveau en Bavière. Il a travaillé comme agent de développement en Afrique pendant près de 10 ans », expliquait son père à Bild. Le prince Ludwig a lancé Learning Lions en 2015, un programme d’autonomisation numérique en Afrique de l’Est pour les jeunes adultes. Le prince Ludwig, qui a étudié les droits de l’homme à l’université de Göttingen, a reçu l’ordre du Mérite de l’État de Bavière pour ses actions sociales.
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La robe de mariée Reem Acra de la princesse Sophie de Bavière
La princesse Sophie a choisi la marque Reem Acra pour sa robe de mariée, un clin d’œil au Moyen-Orient où elle a vécu quelque temps. Reem Acra est originaire du Liban et est arrivée aux États-Unis dans les années 1980. « La combinaison de la tradition et de l’esthétique moderne, qui est importante pour les mariés, se reflète dans la robe de mariée », explique la Maison de Bavière.
Le diadème de la mariée, aux formes de fleurs et de végétaux est celui qu’a porté la grand-mère du prince Ludwig, la princesse Irmingard de Bavière, lors de son mariage en 1950, avec son cousin, le prince Louis de Bavière. Henriette Gruse portait également ce diadème lors de son mariage en 2017 avec le prince Heinrich, frère cadet du prince Ludwig. Les enfants d’honneur, qui suivaient la mariée, portaient des tenues inspirées d’un costume porté par le prince Heinrich, grand-oncle du marié, tel qu’il est dépeint sur un tableau le représentant enfant.
La nouvelle princesse voulait « faire sensation », précise la Maison de Bavière. Elle souhaitait rappeler son engagement pour l’Ukraine, en portant un voile créé par la marque ukrainienne Woná. Sophie et Ludwig se sont rendus à la frontière ukrainienne il y a quelques mois pour coordonner des projets d’aide humanitaire menés par la Fondation Nymphenburg. Le voile conçu par Woná est en tissu bio, comprenant des motifs bavarois, canadiens et néerlandais pour rappeler les origines de Sophie-Alexandra. Parmi ces motifs on a pu distinguer une tulipe, une feuille d’érable et un lion.
Sophie fait sa grande entrée dans le monde des royautés. Le mariage est perçu comme une bénédiction dans cette famille qui manque clairement d’héritiers. Le prince Luitpold est très enthousiaste, qualifiant sa nouvelle belle-fille de « femme très intelligente et instruite », comme il l’expliquait l’année dernière au magazine allemand Bild. « J’espère qu’ils fonderont bientôt une famille », s’est même emporté le prince Luitpold.
Le marié lui-même parle en termes très élogieux de sa jeune épouse. « Sophie est bien plus que la belle femme au caractère bien trempé que j’ai appris à connaître et à aimer. Élevée entre le Canada et les Pays-Bas, elle a également une impressionnante carrière diplomatique internationale derrière elle ». Elle a passé huit ans à New York et à Genève aux Nations unies, notamment au sein du cabinet du Secrétaire général Antonio Guterres.
Les invités royaux du mariage du prince Ludwig de Bavière
Tout le Gotha était présent ce samedi à Munich pour assister au mariage du futur chef de famille. De nombreux représentants d’anciennes familles royales germaniques avaient répondu présent. Le royaume de Bavière, d’une superficie supérieure à l’Irlande, était l’un des 25 États qui composaient l’Empire allemand jusqu’en 1918. À l’abolition de la monarchie, la Bavière comptait près de 7 millions d’habitants. La famille de Wittelsbach a également donné des souverains à la Grèce, à la Suède et certains sont même devenus empereurs du Saint-Empire.
Les invités de marque ont débuté les festivités la veille. Dès vendredi, les proches des heureux mariés ont participé à une réception de bienvenue au château de Kaltenberg. Les invités portaient des tenues traditionnelles bavaroises pour l’occasion. On a donc pu apercevoir quelques princes étrangers, parmi lesquels le prince Jean-Christophe Napoléon, porter le traditionnel Lederhose, une culotte de cuir à bretelles. Les princesses portaient quant à elle le Dirndl, cette robe folklorique typique de Bavière et du Tyrol.
Ce samedi, les plus hautes autorités locales ont assisté à la cérémonie religieuse. Le ministre-président de Bavière, Markus Söder, était accompagné de son épouse. Plusieurs membres du gouvernement de l’État de Bavière ont été aperçus dans l’église, dont le ministre de l’Économie Huber Aiwanger, le ministre de l’Intérieur Joachim Herrmann, ou encore les ministres Florian Herrmann et Markus Blume.
De nombreux invités venaient des familles ayant régné dans l’Empire allemand ou dans le Saint-Empire. On a donc pu apercevoir des princes et princesses de Bade, de Hanovre, de Hesse, de Saxe et de Prusse, mais aussi le prince Albert II de Tour-et-Taxis et sa sœur Elisabeth, la princesse Viktoria Luise et le prince Ferdinand de Leiningen ou encore le comte Leopold Fugger.
Des chefs de famille d’anciennes monarchies européennes comme la Roumanie ou le Portugal étaient également présents. Ainsi, Margareta de Roumanie, Gardienne de la Couronne et fille aînée du roi Michel 1er, est arrivée dans l’église au bras de son époux, le prince consort Radu.
Le duc de Bragance, chef de la famille royale de Portugal, a assisté au mariage avec son épouse, eux-mêmes étant en plein dans les préparatifs de mariage de leur fille. Le marié est un descendant du roi Michel 1er de Portugal.
Le prince héréditaire Alois de Liechtenstein, actuel régent de la Principauté et héritier du trône, était accompagné de son épouse, la princesse héréditaire Sophie. Sophie est née duchesse de Bavière, fille de Max-Emmanuel, frère cadet du duc Franz.
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Le mariage du prince Ludwig fêté au château de Nymphenburg du duc de Bavière
Après la cérémonie religieuse, les mariés n’ont pas quitté l’église en calèche mais en voiture d’époque. Les mariés et les invités ont rejoint le château de Nymphenburg du duc Franz de Bavière, et étaient conviés à passer à table dans la Steinernen Saal du château. Les plats proposés étaient cuisinés bio ! Le gâteau de mariage était préparé par le Café Luitpold de Munich, selon une recette traditionnelle de la famille royale, avec des pistaches et recouvert d’un glaçage bleu et blanc, les couleurs du drapeau du royaume de Bavière.
Conscients du faste de la cérémonie, le duc de Bavière, les mariés et le père du marié ont aussi réfléchi à une façon de célébrer ce mariage de manière grandiose, malgré le contexte actuel. « Le duc Franz et les mariés sont conscients que de nombreuses personnes sont dans le besoin en raison des crises mondiales », assure la Cour royale de Bavière mais de tout temps, « les mariages ont continué à être célébrés, même dans les périodes sombres, notamment pour garder les gens optimistes. »
« Comme il y avait tellement d’intérêt pour notre mariage, nous avons décidé d’avoir une grande et belle célébration, et en partie publique, mais nous voulons profiter de l’occasion pour vous demander de participer à deux causes humanitaires », explique le prince Ludwig. Les dons iront à la Fondation d’aide de Bavière, une association dirigée par le duc de Bavière. Le prince Ludwig siège au conseil d’administration de cette fondation qui promeut le bien-être, la coopération au développement et le soutient aux personnes dans le besoin. Une moitié ira au programme qu’a mis au point la mariée pour venir en aide aux personnes qui ont fui les zones de conflit et se sont installées en Bavière, et l’autre moitié ira au programme Learning Lions du prince, au Kenya.
Une soirée de gala, en présence de certains invités triés sur le volet, était organisée pour conclure cette journée. La soirée de gala avait lieu au château de Schleissheim. Une fois de plus, le couple tenait à allier tradition et modernité. Lors de cet événement, les femmes mariées étaient invitées à porter leur diadème et les hommes leurs insignes des différents ordres. Au menu par contre, le chef étoilé Jan Hartwig a rompu avec les traditions en imaginant des compositions végétariennes.
Un mariage royal pour un futur chef de la famille royale de Bavière engagé
Franz de Bavière, actuel chef de la maison Wittelsbach, famille ayant régné sur la Bavière dès 1180, est le premier prince royal à avoir fait son coming out. Le duc de Bavière n’a donc pas de descendants. Son frère, le prince Max, 85 ans, est son successeur. Max n’ayant que des filles, il n’a lui-même pas de descendants pour lui succéder. Son successeur est son cousin, le prince Luitpold, 72 ans, lui aussi descendant du dernier roi Louis III. Le marié est le fils aîné de Luitpold et est donc déjà considéré comme un héritier présomptif. Il est actuellement 3e dans l’ordre de succession.
La Bavière est devenue un duché en 555 avec à sa tête le duc Arnulf, de la dynastie des Afilolfinges. Son descendant, Tassilon III, est déposé par Charlemagne en 788. Les Carolingiens, descendants de Charlemagne, régneront en tant que rois sur la Bavière jusqu’à la prise de pouvoir d’Arnulf, de la famille Lutipoldinger, en 911. La Bavière historique et « ethnique » est réinstaurée, avec différentes familles qui se succéderont à sa tête pendant plusieurs siècles. En 1180, le comte palatin Othon de Wittelsbach devient duc de Bavière et ses descendants régneront sur le territoire jusqu’à l’abolition de la monarchie. Le duché deviendra un électorat en 1623. L’électeur Maximilien, allié de Napoléon, sera élevé au rang de roi durant la période napoléonienne. Le royaume de Bavière sera maintenu après la période napoléonienne, y compris durant l’Empire allemand.
À partir du Congrès de Vienne, le royaume de Bavière s’étendait sur l’actuel Land allemand de Bavière et comprenait aussi deux autres territoires à l’ouest. Ces territoires couvraient une partie des actuels Länder de Rhénanie-Palatinat et de la Sarre.