Le lundi 3 août, on apprenait la décision sans retour possible du roi émérite Juan Carlos. Dans une lettre adressée au roi Felipe, il annonçait choisir l’exil afin de ne pas mettre en jeu le règne de son fils. Dans cette lettre, on comprend également qu’il quitte seul l’Espagne, sans son épouse. La reine émérite Sofía, 81 ans, vivra dorénavant sans celui qui a été son compagnon de route pendant 58 ans.
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La reine émérite Sofía ne suit pas son mari
L’exil de Juan Carlos était la solution qui lui restait s’il souhaitait préserver la couronne de son fils. Lui qui fut celui par qui la monarchie fut rétablie en 1975, ne voulait pas devenir celui qui lui donnerait son coup de grâce.
Il n’était pas non plus question qu’il emporte son épouse dans sa chute, la reine émérite Sofía, qui en tant que femme de chef d’État a dû toute sa vie assumer les conséquences des actes de son mari. Depuis l’abdication de Juan Carlos en 2013, la reine Sofía a continué à sourire et à accomplir ses activités de son côté. Lorsque l’ancien roi a annoncé son retrait total de la vie publique en 2019, la reine Sofía, elle, n’a pas jeté l’éponge.
Fidèle aux traditions, depuis mercredi dernier elle loge au palais de Marivent, à Majorque, là où la famille royale passe chaque année ses vacances d’été. Le roi Felipe, la reine Letizia et leurs filles tardent à arriver à Marivent (ils devraient arriver ce weekend), eux qui cette année ont un agenda perturbé par la crise du coronavirus.
C’est donc avec sa fille, l’infante Elena, et sa sœur, la princesse Irène de Grèce, que la reine Sofía se remet de ses émotions sous le soleil des Baléares. Au même moment, le roi Juan Carlos, celui a qui elle dit oui en mai 1962, se trouve quelque part… on ne sait où. Les paris vont bon train ce matin dans la presse espagnole. On le situe quelque part entre le Portugal et la République dominicaine. D’autres questions se posent, comme celle d’un divorce officiel entre Sofia et Juan Carlos afin que l’ancienne reine n’ait plus de lien juridique avec celui que les Espagnols ont poussé à partir.
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58 ans de vie commune faite de hauts et de bas
En 1962, un rare mariage royal entre un catholique et une orthodoxe a été célébré à Athènes. Le roi Paul de Grèce confiait sa fille, la princesse Sofía, au prince Juan Carlos d’Espagne, petit-fils du roi Alfonse XIII.
La famille royale espagnole avait connu l’exil. Quelques années plus tard, ce fut le contraire. La princesse grecque deviendra une reine espagnole, et c’est sa famille grecque qui connut l’exil. En 2020, à 81 ans, la reine Sofía revit cette terrible sentence une fois de plus. Après avoir connu l’exil de son père, le roi Paul, l’exil de son frère, le roi Constantin II, elle connaît à présent la fuite de son époux, considérée par certains comme un « auto-exil forcé ». « Auto-exil » parce que c’est un choix du Roi de partir, « forcé » car le Premier ministre Pedro Sanchez a mis la pression ces derniers jours pour que la famille royale réagisse fermement à l’enquête pour corruption qui est en cours.
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L’humiliation des infidélités de Juan Carlos
Depuis longtemps, des rumeurs de liaisons extraconjugales, aussi bien du côté de Juan Carlos que de Sofia ont existé. Cependant, Juan Carlos fut le seul des deux à avoir été piégé à plusieurs reprises. Sofia a connu l’humiliation lorsque les affaires de son mari ont été révélées. Sofia, elle, apparaît toujours souriante aux côtés de sa sœur fidèle, la princesse Irène, et jamais loin de sa cousine, Tatiana Radziwill, fille de la princesse Eugénie.
C’est un couteau dans le dos que lui a planté sa maîtresse, Corinna Larsen, lorsque celle-ci a révélé avoir servi à faire transférer de l’argent douteux, en provenance d’un compte en Suisse du Roi. C’est ce même compte, appartenant à la société panaméenne Lucum du Roi, qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête. Plusieurs gros transferts, dont l’un de 100 millions $, ont été effectués sur ce compte, certains provenant de souverains du Golfe. L’enquête dira s’il s’agissait d’argent reçu pour services rendus.
Outre Corinna Larsen, mieux connue sous le nom de Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn utilisant le patronyme de son ex-mari, il y a une autre femme qui gravite dans l’entourage du roi. La seconde amie proche de Juan Carlos est Marta Gayá, qui elle aussi est impliquée dans les transferts d’argent. Autant de noms et d’histoires que la reine Sofia fait mine de ne pas entendre. Elle continue à apparaître régulièrement derrière son bureau, au palais de la Zarzuela, où elle préside les réunions de sa Fondation. Il y a quelques jours encore, sa Fondation a choisi d’aider des personnes touchées par la crise du coronavirus.
C’est donc auprès de son fils qu’elle se trouvera à présent. La reine Sofia a choisi son camp. Elle qui a épousé l’Espagne en 1962, compte y rester. Elle y a vécu de magnifiques années en tant que Reine et des moments plus compliqués, comme le mariage très compliqué de sa fille l’infante Elena. En 2010, le premier gros coup dur pour la reine Sofia fut d’observer la chute de sa deuxième fille, l’infante Cristina, mêlée à l’affaire Nóos. Cette affaire de détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent ne vaudra à l’infante Cristina que la perte de son titre de duchesse de Palma de Majorque. Par contre, Iñaki Urdangarin, l’époux de Cristina, a plongé. Il purge toujours sa peine en Espagne. Une situation tendue compte tenu de l’implication supposée de Juan Carlos et celle de l’infante Cristina, ce qui a poussé la famille (hormis Iñaki qui est en prison) de déménager en Suisse.
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