Charles de Courson, petit-fils de princesse et cousin du prince Albert II de Monaco

Depuis le dépôt de la motion de censure du groupe parlementaire LIOT, le député Charles de Courson, qui fêtera dans quelques jours ses 30 ans en tant qu’élu de la Marne, a soudainement connu un gain de notoriété. L’opposant à la réforme des retraites et à l’utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne détient aujourd’hui le plus long mandat en tant que député de l’Assemblée. Charles de Courson a de qui tenir. Il est issu d’une famille de politiciens, maires, députés, sénateurs et ministres. Du côté maternel, ses origines nobles le rattachent à quelques-unes des plus anciennes familles de la noblesse européenne. Sa grand-mère maternelle était la princesse Jeanne de Ligne. Il est cousin du prince Albert II de Monaco et est un descendant des ducs de Brissac.

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Quelles sont les origines nobles de Charles de Courson ?

Magistrat de la Cour des comptes, à 70 ans, le député centriste de la Marne Charles de Courson, a réussi à fédérer les opposants de tous bords à la réforme des retraites. Le nom du député est aujourd’hui connu de tous, en devenant il y a quelques jours le premier visage des fervents opposants au texte de la réforme des retraites du gouvernement. Indigné par le 49.3 utilisé par Elisabeth Borne le 16 mars dernier, il est à l’origine de la motion de censure déposée par son groupe parlementaire Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Charles Amédée Simon du Buisson de Courson, issue d’une famille de politiciens, a également des ascendances nobles.

Le doyen de l’Assemblée nationale, Charles de Courson, défend la motion de censure du groupe LIOT contre la réforme des retraites par 49.3, le 20 mars 2023 (Photo : Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM)

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Charles du Buisson de Courson est le petit-fils d’une princesse belge

La grand-mère maternelle du député de la Marne, la princesse Jeanne de Ligne (1887-1974), était la fille du 10e prince de Ligne (1857-1937). La famille de Ligne est l’une des plus anciennes familles belges, dont l’origine prouvée remonte au début du 12e siècle. D’abord faits barons au 12e siècle, ils deviennent comtes en 1544 puis princes du Saint-Empire par l’empereur Rodolphe en 1601. La famille a ensuite été intégrée à la noblesse belge dans le nouveau royaume de Belgique. Tous les membres de la famille jouissent du prédicat d’Altesse depuis 1923 et le chef de la famille porte les titres de prince d’Amblise et prince d’Epinoy. La famille de Ligne est l’une des 8 familles du royaume de Belgique qui avait sa place au Salon bleu du Palais royal.

La princesse Jeanne de Ligne était la fille du prince Ernest de Ligne, lui-même frère du 9e prince de Ligne. Le 9e prince est décédé sans descendant mâle et c’est son frère Ernest qui lui succéda à la tête de la famille en 1918. Le prince Ernest, 10e prince de Ligne, fut proche de la famille royale belge. Le roi Albert 1e lui demanda de devenir le tuteur légal des enfants mineurs du prince Victor Napoléon et de sa cousine, la princesse Clémentine de Belgique, fille de Léopold II. En 1923, le roi Albert 1e conféra le prédicat d’Altesse à tous les membres de la famille princière de Ligne et octroya les titres de prince d’Amblise et d’Épinoy au chef de famille.

Arbre généalogique du député Charles de Courson (Image : Histoires Royales)

La mère du prince Ernest de Ligne appartenait à la famille des comtes de Talleyrand-Périgord, et son épouse, Diane de Cossé-Brissac (1869-1950), était la fille du marquis de Brissac (1843-1871) et de Jeanne Say. Jeanne Say appartenait à la grande famille d’industriels, que l’on connaît aujourd’hui pour ses raffineries et sucrerie (Béghin-Say). Jeanne Say fut, par son père Constant, l’héritière des sucreries achetées par son grand-père Louis, ce qui permit, grâce à sa fortune, de rénover le magnifique château de Brissac. Le grand-père de Diane fut le 9e duc de Brissac, membre de la Chambre des pairs de 1814 jusqu’à l’abolition de la monarchie en 1848. Sous l’Empire et en République, il occupa des fonctions de Conseillers général pour le Maine-et-Loire.

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La famille du Buisson de Courson : résistants et politiciens

La famille paternelle du député Charles de Courson, également issue de la noblesse, se distingue en politique depuis de nombreuses générations. La famille du Buisson de Courson peut remonter sa trace jusqu’à Bayeux, dans le Calvados, en Normandie. En 1526, on trouve une mention de Jean du Buisson en tant qu’écuyer et élu de Bayeux. Son fils est titré sieur de Courson, titre héréditaire qui sera porté par ses descendants. En 1626, le titre est accolé au nom de Buisson créant le double patronyme actuel.

Le grand-père du député, Robert de Buisson de Courson, était capitaine au 308e régiment d’infanterie. Il est mort pour la France en 1916 et son épouse, Germaine Charlotte Lhuillier, est décédée en déportation en 1945 à Bergen-Belsen. L’arrière-grand-père de Charles Courson, Roger du Buisson de Courson est le dernier membre anobli de la famille. Roger du Buisson de Courson, né en 1850, fut zouave pontifical et sous-officier de cavalerie. Il fut anobli comte romain le 30 janvier 1877 par le pape Pie IX. Le comte Roger eut des enfants avec sa première épouse, fille du vicomte d’Orsanne de Thizay.

Le blason de la famille du Buisson de Courson. Blasonnement : Ecartelé, aux un et quatre d’azur à trois roses de buisson d’or; aux deux et trois d’argent au canton de gueules posé à dextre (Image : Euryrel, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Le père de Charles de Courson, le résistant Aymard de Courson (1914-1985), fut également un homme politique. Aymard fut maire de Vanault-les-Dames, puis Conseiller général (aujourd’hui appelé Conseil départemental) de la Marne. Son frère Guillaume de Courson, fut lui aussi maire, puis vice-conseiller du Conseil général de l’Orme et conseiller régional de Basse-Normandie, également résistant.

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Le député de la Marne est un cousin du prince Albert II de Monaco

Aymard de Courson avait épousé Claude de Moustier, fille du marquis Léonel de Moustier. Le marquis, grand-père maternel de Charles de Courson, fut député, comme son petit-fils, de la circonscription de Baume-les-Dames, dans le Doubs. Quatre de ses 12 enfants ont été conseillers généraux, y compris l’une des ses filles. Le grand-père de Léonel de Moustier, également prénommé Léonel et titré 5e marquis de Moustier (1817-1869), fut ministre des Affaires étrangères sous le 3e gouvernement de Napoléon III, sénateur et ambassadeur, après avoir été lui aussi député du Doubs.

Léonel de Moustier (1817-1869), ministre des Affaires étrangères, député du Doubs, arrière-arrière-grand-père de l’actuel député de la Marne (Photo : The Picture Art Collection / Alamy / Abacapress)

La famille de Moustier, originaire de Franche-Comté, est d’extraction noble sur preuves au 15e siècle. Léonel de Moustier, qui fut l’un des 80 députés à signer le refus des pleins pouvoirs à Pétain, fut exporté à Neuengamme où il mourut en 1945. Parmi les ancêtres du côté maternel de la famille de Moustier, on retrouve le comte Werner de Merode (1797-1840), qui fut membre du Congrès national lors de la formation de la Belgique en 1830. L’une des filles du comte Werner, Antoinette, a épousé le prince Charles III de Monaco. Antoinette et Charles III sont les parents d’Albert 1e et sont les arrièrre-arrière-arrière-grands-parents du prince Albert II de Monaco. L’actuel député de la Marne est donc un cousin du chef d’État monégasque, avec pour ancêtre commun le comte Werner de Merode.

Lien de parenté entre le prince Albert II de Monaco et le député Charles de Courson (Image : Histoires Royales)

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Charles de Courson est né en 1952 à Paris. Il a succédé à son père, en 1986, à la mairie de Vanault-les-Dames ainsi qu’au Conseil général de la Marne. Membre de l’UDF, il participe à la préparation de la candidature de François Bayrou à la présidentielle de 2007. Il se rangera finalement derrière Nicolas Sarkozy au second tour, rejoignant le Nouveau Centre dont il devient le trésorier. Le Nouveau Centre soutient à nouveau Nicolas Sarkozy en 2012. Depuis 2018, il fait partie du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT).

Le Parisien rappelle qu’il « détient le record de longévité de l’Assemblée », où il siège depuis le 2 avril 1993. Il fêtera donc son 30e anniversaire en tant que député de la Marne d’ici quelques jours (le même jour que son 71e anniversaire). Ce record de longévité rappelle celui de son aïeul belge, le prince Eugène de Ligne, 8e prince de Ligne, grand-père de son arrière-grand-père.

Eugène de Ligne, 8e prince de Ligne, ambassadeur puis sénateur belge. La longévité de son mandat de sénateur n’a encore jamais été égalée en Belgique (Photo : Signal Photos / Alamy / Abacapress)

Le 8e prince de Ligne fut d’abord ambassadeur de Belgique en France, jusqu’à la fin du règne de Louis-Philippe 1e en 1848. Rentré en Belgique, il sera élu sénateur de l’arrondissement d’Ath, où se trouvait le château de Belœil. Il deviendra même président du Sénat belge en 1852 et le restera jusqu’en 1879. Il fut donc président de cette assemblée pendant 27 ans, un record encore jamais égalé en Belgique. En 1856, le roi Léopold 1e l’envoya en Russie pour le représenter lors de la cérémonie de couronnement de l’empereur Nicolas 1e et il reçut le titre honorifique de ministre d’État en 1863. Outre des récompenses d’ordres de Belgique, de Bavière, de Prusse et des États pontificaux, il fut fait chevalier de l’ordre de la Toison d’or en 1846.

Eugène de Ligne avait épousé la fille du marquis d’Armentières et de la princesse Amélie de Croÿ, descendante des princes de Croÿ-Solre, des comtes de Clermont-Tonnerre ou encore des ducs de Luxembourg. La famille de Croÿ est la deuxième famille dans l’ordre de préséance en Belgique et possédait elle aussi sa place au Salon bleu des ducs et des princes.

Encore plus éloigné de notre époque, Charles de Courson est aussi un descendant de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, lui aussi député du bailliage de Paris, député de l’Yonne et même président de l’Assemblée nationale pendant moins d’un mois, en pleine Révolution, en juin 1790. D’abord élu député de la noblesse de Paris en 1789, il renia ses origines nobles et il votera la mort de Louis XVI, le 20 janvier 1793. Le soir même, il est assassiné par un partisan du roi, la veille de l’exécution de Louis XVI.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr