Décès du pape émérite Benoît XVI à 95 ans

Le pape émérite Benoît XVI est décédé le 31 décembre 2022 à 95 ans. Le pape François avait donné, il y a quelques jours, des nouvelles inquiétantes concernant son état de santé. Joseph Ratzinger a été élu 265e pape de l’Église catholique en 2005 et a renoncé à ses fonctions papales en 2013 en raison de son âge avancé, une décision inédite en 600 ans d’histoire.

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Le prêtre bavarois devenu souverain de l’État cité du Vatican

Le pape émérite Benoît XVI, 265e chef de l’Église catholique depuis saint Pierre, est décédé ce 31 décembre 2022 à 95 ans. Le Vatican précise qu’il est décédé à 9 heures 34, en ce jour de réveillon de Nouvel An. Dans son oraison funèbre, le Vatican se souvient du pape émérite comme l’auteur de « l’encyclique sur l’amour de Dieu » et du « Gardien de la foi avec Wojtyla ». Benoît a aussi œuvré à la construction d’une Église libérée de l’argent et du pouvoir en lançant « des appels à la conversion, à la pénitence et à l’humilité ».

Joseph Aloisius Ratzinger, né à Marktl en Allemagne, le 16 avril 1927, a été élu pape en avril 2005, sous le nom de Benoît XVI (Benedictus sextus decimus) à 78 ans. Il fut le premier pape allemand depuis Victor II au 11e siècle. Il fut aussi le 5e pape le plus âgé au moment de son élection, le record étant Clément X, qui a été élu pape en 1670 à 79 ans et 9 mois.

Le pape Benoît XVI, pape théologien et conservateur, a reçu en audience et a rencontré la plupart des souverains européens le temps de son pontificat de 7 ans, 10 mois et 9 jours. Benoît XVI a renoncé à sa fonction papale le 28 février 2013. La dernière renonciation au Saint-Siège remontait à Grégoire XII en 1415. Il vivait depuis lors, en très grande discrétion, au monastère Mater Ecclesiæ.

Le roi Albert II s’agenouille devant le pape Benoît XVI en 2009, lors de sa venue au Vatican pour assister à la canonisation du père Damien (Photo : Danny Gys/Reporters/ ABACAPRESS)

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Joseph Ratzinger, fils d’un père gendarme et fervent catholique, a rejoint le petit séminaire en 1939, à 12 ans, suivant les traces de son frère aîné, Georg. Il atteint l’âge de faire son service militaire en 1944 et sera affecté à la Wehrmacht, dans une unité chargée de creuser des fossés antichars durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Il déserte ses fonctions quelques jours avant la reddition et est interné dans un camp. À la fin de la guerre, Joseph Ratzinger commence sa formation de prêtre et il est ordonné en juin 1951 dans la cathédrale de Freising en même temps que son frère Georg. Georg Ratzinger est décédé en 2020 à 96 ans, en Bavière, quelques jours après la visite exceptionnelle de son frère. Il s’agit du dernier voyage en dehors de l’Italie du pape émérite.

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Un pape émérite retiré dans son monastère jusqu’à son décès

En mars 1977, Joseph Ratzinger est nommé évêque et en juin 1977, Paul VI lui octroie le titre cardinalice de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Il occupera la fonction d’archevêque de Munich et Freising jusqu’en 1982. Le titre de cardinal sera ensuite affecté au diocèse de Velletri-Segni de 1993 jusqu’à son pontificat. Il obtient aussi le titre cardinalice d’Ostie de 2003 jusqu’à son pontificat.

Les royautés européennes étaient réunies au Vatican le 24 avril 2005 pour assister à la messe inaugurale du pontificat de Benoît XVI. IL défile ici en papamobile devant la tribune officielle dans laquelle sont notamment assis, le prince héréditaire Alois de Liechtenstein, le fut roi Philippe avec la future reine Mathilde, le prince Albert II de Monaco, le grand-duc Henri de Luxembourg, la reine Sofia et le roi Juan Carlos d’Espagne (Photo : Mauro Scrobogna/Publifoto/ABACA.

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Depuis les premières années du pontificat de Paul VI, la tiare pontificale n’est plus portée par les souverains pontifes. Benoît XVI fut aussi le premier à ne pas la représenter sur ses armoiries, remplacée par la mitre à trois bandes. Les armoiries du pape Benoît sont une adaptation de celles utilisées en tant qu’évêque de Munich et de Freising, en y ajoutant la mitre, les clés de saint Pierre et le pallium archiépiscopal.

Les armoiries du pape Benoît XVI. En plus de la mitre, des clés et du pallium, l’écu central reprend celui de Joseph Ratzinger en tant qu’évêque de Munich et Freising (Image : Andrea Cordero Lanza di Montezemolo/Piotr Michał JaworskiCC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

L’écu est divisé en trois parties, qui représentent trois symboles attachés à Munich et Freising et à l’expérience de Joseph Ratzinger. On y trouve la tête de « Maure de Freising », une tête d’Éthiopien couronnée qui figure depuis 1316 sur les blasons de l’évêché-principauté de Freising, un ours et une coquille Saint-Jacques. L’ours est utilisé en mémoire de saint Corbinien, évêque de Freising, qui au 8e siècle a converti la Bavière païenne au christianisme. La coquille Saint-Jacques, outre Saint-Jacques-de-Compostelle, fait référence au monastère Saint-Jacques de Ratisbonne où Joseph Ratzinger a longtemps enseigné la théologie.

Le pape François lors d’une rare rencontre publique avec le pape émérite Benoît XVI en août 2022 (Photo : Vatican Mediia / Catholic Press Photo/IPA/ABACAPRESS.COM)

Après sa renonciation en 2013, le pape émérite effectue encore quelques sorties publiques avec le pape François. D’abord hébergé à Castel Gandolfo, Benoît XVI se retirera au monastère Mater Ecclesiae situé dans les jardins de la cité-État. Le 28 décembre 2022, le pape François avait profité de sa catéchèse prononcée lors de son audience générale du mercredi 28 décembre pour annoncer que le pape émérite était « gravement malade ». Il avait appelé les croyants du monde entier à adresser leurs prières à l’ancien souverain pontife. Plus tard dans la journée, il s’était rendu à son chevet.

La relation entre les royautés et Sa Sainteté est particulière. La fameuse pénitence de Canossa raconte cet épisode médiéval, lorsqu’en 1077 le roi des romains Henri IV s’est agenouillé devant le pape Grégoire VII pour exhorter la relève de son excommunication, moment clé du rapport entre la papauté et la royauté. Jusqu’au 19e siècle, les visiteurs embrassaient les chaussures du pape, et la tradition veut toujours que tous les visiteurs, femmes comprises, s’inclinent devant lui. Les rois ou anciens souverains catholiques comme le roi Juan Carlos d’Espagne et le roi Albert II de Belgique ont exécuté de très profondes révérences et se sont même agenouillés devant le pape Benoît XVI lors de leurs rencontres. Son successeur, moins formel sur le protocole, a lui-même cassé le protocole en s’inclinant devant la reine Rania de Jordanie en 2013, sans pour autant s’incliner devant le roi Abdallah.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr