Issu de la branche aînée de la Maison de Hesse, landgrave de Hesse-Cassel, né en Prusse mais vivant dès 1875 au Danemark où son père Frédéric de Hesse est un temps l’un des prétendants au trône, Frédéric-Charles épouse en 1893 Marguerite de Prusse. Elle est la sœur de l’empereur allemand Guillaume II et la petite-fille de la reine Victoria du Royaume-Uni. Le jeune couple s’installe dans le splendide château de Krönberg, près de Francfort, en 1901. Frédéric-Charles est général dans l’infanterie prussienne et il leur naîtra six enfants, tous des garçons.
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Pas un destin de roi
Son père avait renoncé à prétendre au trône du Danemark et rien ne prédisposait Frédéric-Charles à ambitionner de régner un jour, d’autant qu’aucun royaume n’était vacant ni aucun trône à revendiquer… Mais c’était sans compter sur les soubresauts de l’Histoire, si troublée en ce début du XXe siècle qui se dirige inexorablement vers la guerre. Les intérêts des grandes puissances en présence vont faire se croiser le destin d’un pays du nord de l’Europe et celui du landgrave prussien devenu chef de la Maison de Hesse.
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Entre deux royaumes, de la Suède à la Russie
Ensemble de provinces sous domination suédoise jusqu’au début du XIXe siècle, la Finlande proprement dite acquiert le statut de grand-duché autonome lorsque la Russie la conquiert à l’issue de la guerre de Suède en 1809. Le sentiment d’identité finlandaise, à la fois culturel et politique, progresse alors, combattu par la politique de « russification ». Et c’est grâce aux soubresauts de la révolution de 1917 qu’un siècle plus tard, ce pays va gagner son indépendance. Un an de guerre civile oppose les participants de l’armée « blanche » aux troupes des « rouges ». Commandés par le général Mannerheim, aide de camp de l’empereur allemand, les Blancs sont victorieux et écrasent les bolcheviks avec l’aide prussienne.
Un désir de royauté ?
Le peuple finlandais avait-il un réel désir de royauté ? Dans la période troublée qui s’annonce, alors que le pays vient d’affirmer sa toute jeune indépendance, le 6 décembre 1917, rien n’est moins sûr. Le parti conservateur est le vainqueur, son allié le Kaiser, l’empereur d’Allemagne, qui n’a pas encore perdu la guerre. Il faut définitivement se débarrasser de la Russie, impériale et bolchevique, et le chef du gouvernement finlandais s’autoproclame régent, ouvrant la voie à l’établissement d’une monarchie en Finlande. Une monarchie sans monarque, que l’on ira chercher du côté allemand, parmi les grandes familles princières, en reconnaissance de l’aide apportée à la victoire sur les soldats soviétiques.
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Un roi élu… à distance
Le fragile gouvernement conservateur s’est enfin prononcé officiellement, aux termes de la guerre civile qui a vu la déroute des « rouges » finlandais en mai 1918, pour l’avènement de la monarchie. Le trône n’attire guère de prétendants… Pressenti, Frédéric-Charles de Hesse-Cassel devra d’abord recueillir l’assentiment du gouvernement du Reich, qu’il obtient en août 1918 ; et c’est le 9 octobre 1918 que le parlement finlandais avalise son élection. Frédéric-Charles, fils du chef de l’ancien landgraviat de Hesse-Cassel se retrouve à la tête d’un nouveau royaume d’environ 1 million d’habitants avec pour nom de roi Frederik Kaarle, en langue locale. Parfois appelé Charles 1e de Finlande dans les livres d’histoire francophones.
Le nouveau roi de Finlande demeure cependant sujet allemand – il ne s’est d’ailleurs pas déplacé dans son nouveau royaume et n’aura pas le temps de s’y rendre -, les institutions finlandaises sont calquées sur celles de la Prusse, mentor protecteur, rempart affiché contre l’immense voisin russe devenu communiste.
L’Histoire en marche
La victoire des Alliés change la donne et l’Armistice, le 11 novembre 1918, sonne la fin des combats. Beau-frère de l’empereur allemand vaincu, Frédéric-Charles n’est pas le prétendant idéal… Il cède à la pression des vainqueurs et abdique le 14 décembre 1918. Il ne ceindra jamais la couronne qui avait été imaginée pour son sacre. Bien vite, l’idée monarchique perdra du terrain, la République sera proclamée en Finlande en juillet 1919, fermant à tout jamais une parenthèse parfois oubliée.
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Une république parmi les royaumes scandinaves
Les sources restent discrètes sur l’abdication du monarque éphémère… Frédéric-Charles et son épouse auront la douleur de perdre deux de leurs fils pendant la Première Guerre mondiale mais ils auront une nombreuse descendance, toujours vivante aujourd’hui, comme le demeure la Maison de Hesse. On s’intéresse parfois à Frédéric-Charles pour « l’exploit » d’avoir régné deux mois seulement même si d’autres ont battu ce record. La Finlande est aujourd’hui la seule république aux pays des royaumes du Nord, n’est-ce pas le plus étonnant des paradoxes ?
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Qui était Frédéric-Charles de Hesse-Cassel, roi de Finlande ?
Le landgraviat de Hesse-Cassel fut fondé en 1567, à la mort du landgrave Philippe 1e de Hesse, qui divisa son territoire entre ses fils. Quatre landgraviats furent créés, un pour chaque fils : Hesse-Cassel, Hesse-Darmstadt, Hesse-Rheinfels, Hesse-Marburg. Certains ont perduré plus longtemps que d’autres. Le landgraviat de Hesse-Darmstadt fut le dernier survivant du démantèlement du Saint-Empire. Il continuera à exister durant l’Empire allemand, en tant que grand-duché de Hesse. Le landgraviat de Hesse-Cassel cessa pour sa part d’exister en 1803.
La Finlande a-t-elle eu un roi et a-t-elle été une monarchie ? Oui, il s'agit de Frédéric-Charles. Il était le fils de Frédéric-Guillaume, chef de la famille de Hesse-Cassel (prétendant au trône de l'ancien landgraviat) et de la princesse Anne de Prusse. À la mort de son père, c'est son frère aîné, Alexandre, qui lui succéda à la tête de la famille. Alexandre « abdiqua » de sa position à cause d'une infirmité physique et de son mariage considéré comme morganatique avec une baronne. C'est ainsi que l'ancien roi de Finlande hérita du titre de chef de famille, en 1925. En 1893, Charles-Frédéric avait épousé la princesse Marguerite de Prusse. Ils ont eu 6 enfants. À la mort de Charles-Frédéric, c'est son troisième fils, Philippe, qui deviendra chef de la Maison, les deux premiers étant morts durant la Première Guerre mondiale.
Sources : Esperanto Nord, Monarchie-Noblesse, Britannica