Anne Boleyn : la chute brutale d’une reine

Deuxième épouse du roi Henri VIII, Anne Boleyn connut une histoire marquée autant par son ascension puis sa chute brutale que par le rôle qu’elle joua dans la conversion de la monarchie des Tudors à l’anglicanisme.

Henri VII se détacha de l’Église catholique pour épouser Anne Boleyn (Photo : Domaine public)

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Une jeunesse favorisée

Née en 1501 dans une famille des plus respectables de l’aristocratie anglaise, Anne Boleyn bénéficia de l’excellente réputation de son père, diplomate au professionnalisme reconnu, et se vit offrir, très jeune, une place de dame de compagnie de la régente des Pays-Bas avant de rejoindre la cour de la reine Claude de France. Elle y apprit la langue et la culture françaises.

La reine Claude de France. Anne Boleyn fut sa dame de compagnie pendant 7 ans (Image : Domaine public)

De retour à la cour d’Angleterre en 1522, son physique – jeune femme aux beaux yeux noirs et longs cheveux foncés – mais surtout sa personnalité et son allure, son sens artistique, son élégance et son goût pour la mode (on l’aurait surnommée « le miroir de la mode ») ne manquent pas d’impressionner.

Sur le plan religieux – ce qui sera important pour la suite -, elle est très catholique mais sensible aux idées de renaissance humaniste de l’Église.

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Une reine envers et contre tout

Une telle personne à la cour ne pouvait laisser longtemps le roi Henri VIII indifférent. Marié à Catherine d’Aragon depuis 1509, le roi, en plus de l’attirance qu’il éprouve pour Anne Boleyn, est obsédé par le désir d’avoir un fils pour assurer une succession à la dynastie des Tudors. Les Tudors, en effet, sont arrivés sur le trône d’Angleterre en 1485 et se trouvent menacés par les descendants des Plantagenêt, à la plus grande légitimité.

Anne Boleyn et le roi Henri VIII à la chasse (Image : Domaine public)

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Catherine d’Aragon a eu de nombreuses grossesses mais seule une fille, Marie, qui deviendra la première reine régnante d’Angleterre, a survécu, tous les autres enfants étant décédés.

En 1525, amoureux d’elle, Henri VIII courtise Anne Boleyn mais elle refuse de céder à ses avances. Les historiens sont partagés sur ses motivations : est-ce par vertu ou par ambition ? Anne sait que tout enfant qui naîtrait en dehors du mariage serait illégitime… Henri VIII ne renonçant pas à son désir de l’épouser charge le cardinal Wosley d’obtenir du Pape Clément VII l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon.

Portrait d’Henri VIII (Photo : Domaine public)

Après le refus du Pape et nombre de rebondissements (élimination de Wosley, nomination de proches), Henri VIII bannit la reine Catherine de la cour, recherche et reçoit l’approbation officielle de François 1er et épouse secrètement Anne Boleyn. Le 23 mai 1533, soit après six ans d’attente, l’archevêque de Cantorbéry déclare nul et invalide le mariage d’Henri VIII avec Catherine d’Aragon. Et valide le mariage du roi et d’Anne Boleyn, qui est couronnée reine d’Angleterre le 1er juin 1533. 

Catherine d’Aragon, épouse du roi Henri VIII jusqu’à l’annulation du mariage en 1533 (Photo : Domaine public)

L’ascension d’Anne Boleyn, son mariage avec Henri VIII auront d’importantes conséquences pour la monarchie anglaise : pour surmonter l’opposition papale, le roi aura dû décider que dorénavant il ne serait plus soumis à l’autorité de Rome, l’Église anglaise lui doit obéissance. L’anglicanisme – la fin de l’Angleterre en tant que pays catholique romain – était né.  

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La disgrâce et la mort

Dès avant son mariage, Anne Boleyn était devenue une personne importante de la cour, gâtée ainsi que sa famille par le roi (titrée marquise de Pembroke, elle est la première femme à recevoir un titre en son nom propre). Une fois reine, elle brille au sein d’une cour fastueuse destinée à affirmer et illustrer la force du régime.

Mais rapidement de nombreux nuages viennent assombrir la réputation et la situation de la reine.

Le roi, dont les infidélités sont fréquentes, s’agace de ses crises de jalousie et de l’absence d’héritier mâle. En effet, après la naissance d’une fille – la future Élisabeth 1ère -, plusieurs fausses couches se succèdent entre 1534 et 1536. La dernière – fausse couche d’un garçon – survenue le jour des funérailles de Catherine d’Aragon, est très mal vécue par le roi qui, parallèlement, installe sa maîtresse, Jeanne Seymour, dans des appartements convoités.

Anne Boleyn souffre également du rejet du peuple, resté attaché à la reine Catherine. Une rumeur naît, l’accusant ainsi que le roi, de l’avoir empoisonnée. À la cour, son ascension lui a valu des jalousies et de nombreux ennemis à la tête desquels se trouve Thomas Cromwell, ministre et conseiller du roi.

Thomas Cromwell, ancien allié d’Anne Boleyn, deviendra l’un de ses ennemis (Photo : Domaine public)

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C’est lui qui va œuvrer pour instruire un terrible procès contre elle : son musicien, trois courtisans et le propre frère de la reine vont être accusés d’être ses amants. Torturés (sans jamais avouer pour trois d’entre eux) puis condamnés à mort, ils sont exécutés. Elle sera également accusée de sorcellerie en raison d’un sixième doigt qu’elle aurait eu à une main. Arrêtée et conduite à la tour de Londres, Anne Boleyn sera condamnée à mort pour adultère, inceste et haute trahison. Elle se sera défendue avec force, rejetant toutes les accusations portées contre elle, mais en vain.

Représentation d’Anne Boleyn enfermée dans la Tour de Londres (Image : Domaine public)

Dans un acte de clémence toute relative, le roi optera pour une décapitation par un bourreau venu de Calais qui officiera à l’épée, jugée plus noble que la hache. Elle montrera une grande dignité lors de son exécution et une légende prétend que le bourreau en fut ému.

Exécutée le 19 mai 1536, Anne Boleyn aura été reine durant trois ans. Cette courte durée inspira le titre d’un film qui lui fut consacré « Anne of The Thousand Days », « Anne des mille jours ». Le roi Henri VIII se mariera une troisième fois, à Jane Seymour, après l’exécution d’Anne.

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Sources : History, Britannica

Sylviane Lamant

Sylviane est diplômée en Littérature française. Biographe et professeur, elle partage avec Histoires Royales sa passion pour l'histoire.