Dame de compagnie : dans l’ombre des reines

Dame d’honneur, dame de la cour, dame de la chambre, dame de compagnie,… D’une cour à l’autre, elles sont désignées autrement. Elles ont plusieurs fonctions, dont la principale est d’accompagner les reines lors de leurs sorties officielles. Confidentes discrètes et disponibles, elles sont les assistantes des reines, jamais à plus de deux mètres derrière celles qu’elles assistent. Qui sont les dames de compagnie ? Quel est leur rôle ? Quelle est leur rémunération ?

La reine Elizabeth et sa Dame de la Chambre, Mary Anne Morrison

Dame de compagnie : un métier au service des reines

Selon les cours, selon les époques et selon les exigences des reines, leur rôle, leur nombre et leur désignation changent. Au Royaume-Uni, elles portent des titres différents, en fonction de leur grade. La doyenne et la star des dames de compagnie est Fortune FitzRoy, centenaire, nommée Maîtresse de la garde-robe de la reine Elizabeth depuis 1967. Les dames de compagnie (lady-in-waiting) sont attribuées aux membres féminins de la famille royale britannique. Celles qui assistent la reine sont les Femmes de la chambre (Woman). Seulement une poignée d’entre elles porte le titre de Dames de la chambre (Lady), ce qui leur permet d’être appelées uniquement pour les grands événements. Enfin, l’aînée des Dames de la chambre est nommée Maîtresse de la garde-robe.

Que fait une dame de compagnie ?

Elle assiste la reine, récupère les cadeaux et les fleurs lors des bains de foule. Elle rencontre les invités et fait les présentations. Elle repère les invités discrets afin de les rassurer avant de rencontrer la reine. Elle est également une confidente et bien sûr, tout ce qu’elle voit doit rester secret. Lorsque la reine fait de longs trajets en voiture, elle se tient à ses côtés, elle l’écoute, fait la conversation. Lorsqu’il y a de petits incidents, elle est là pour y remédier et surtout, elle ne quitte pas la reine des yeux. Le moindre regard de la part de la reine, leur fait comprendre que Sa Majesté attend quelque chose d’elle.

En général, une dame de compagnie est issue de la noblesse ou d’une bonne famille. Au Royaume-Uni, les ladies-in-waiting sont soit duchesses ou comtesses. Dans d’autres pays, il peut même s’agir d’amies roturières. Dans la plupart des cours, les dames de compagnie ne sont pas payées. Il s’agit d’un job qui demande une très grande flexibilité. La dame de compagnie doit être disponible à tout moment et accepter sa mission sans rémunération.

Les dames de compagnie dans les monarchies européennes

Belgique

En Belgique, les dames de compagnie sont appelées dame d’honneur lorsqu’elles assistent la reine. Les autres dames, qui entourent les membres féminins de la famille, s’appellent des dames du palais. Ce fonctionnement est calqué sur le modèle de la cour française. En 1830, lorsque le royaume de Belgique fut créé, le premier roi a dû former sa cour, et il l’a fondée en se basant sur le modèle français. D’autant plus qu’à partir de 1832, il sera marié à Louis d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français. La première reine à avoir eu une dame d’honneur est donc la reine Louise, première reine des Belges. La première princesse belge à avoir eu sa dame de compagnie est la princesse Clémentine, fille de Léopold II. Il est de tradition depuis, qu’à leurs 18 ans, les princesses belges puissent avoir leur dame de compagnie.

En 2018, la reine Paola a pris Madame Bruno Nève de Mévergnies, née Caroline Demeure comme nouvelle dame d’honneur, à la place de la princesse Baudouin de Merode, née Nathalie van den Abeele.

La reine Paola et son époux, le roi Albert II, suivis de près par Caroline Demeure, la dame d’honneur de la Reine (Photo : histoiresroyales.fr)

La reine Mathilde a 5 dames d’honneur : la vicomtesse Laurence de Ghellinck d’Elseghem Vaernewijck, Melissa Maas-Van Waeyenberge, Clotilde Boël (née Clotilde de Peñaranda de Franchimont), la baronne Patricia Vlerick (née Patricia Bouckaert) et Lindsay Edwards.

Danemark

Les dames de compagnie étaient elles aussi classées en fonction de leur ancienneté du 16e siècle jusqu’à la mort de Christian IX, en 1906. Elles portaient des titres comme Maîtresse de la cour ou Maîtresse de la cour en chef, pour les distinguer des simples dames d’honneur ou dames de la cour. Ce modèle se base sur le fonctionnement des cours germaniques et de la cour autrichienne. Depuis 1906, les dames portent simplement le titre de dames de cour (hofdame).

La reine Margrethe a 4 dames de cour : Annette de Scheel, Annelise Wern, l’ambassadrice Jette Nordam et depuis peu, Henriette Obel, qui remplace Ane Vibeke Foss.

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Espagne

En Espagne, les dames de cour ont longtemps été classées par rang. Elles avaient des fonctions très protocolaires. Néanmoins, il semblerait que la reine Letizia n’ait pas de dame de cour officielle.

Norvège

Selon la cour royale de Norvège, seule la princesse Astrid, sœur du roi Harald a une dame de la cour.

Pays-Pas

Au Pays-Bas, on les appelle Hofdames (dames de la cour). Les dames de la cour ne sont pas payées mais leurs frais sont couverts par le Palais. Bien que le rôle des dames de la cour ait diminué depuis 2013, suite à l’abdication de Beatrix, elles continuent toujours à être d’une aide précieuse pour la reine Máxima, notamment en ce qui concerne la préparation des visites. Également, il n’y a plus de Dames du palais depuis le début du règne de Willem-Alexander. Depuis Wilhelmina en 1890, les Pays-Bas n’avaient connu que des reines régnantes. Ce qui n’est plus le cas depuis 2013, par conséquent, les dames de la cour n’assistent plus une reine mais une reine consort. Cela a entrainé quelques modifications dans le rôle.

Les dames d’honneur, comme les autres membres travaillant pour la Cour, portent une décoration près de l’épaule gauche pour les reconnaitre.

Chiffre porté traditionnellement par les dames de la cour qui accompagnent la reine des Pays-Bas. Ici celui de l’époque de la reine Juliana (Photo : WikiCommons)

La reine Máxima a pour dames de la cour Ottoline “Lieke” Gaarlandt-van Voorst van Beesd, Josephine “Pien” van Karnebeek-Thijssen et Anna Magdalena “Annemijn” Crince le Roy-van Munster van Heuven. La grootmeesteres (qui sert le souverain) peut également faire office de dame de la cour, au besoin. Il s’agit de la comtesse Maria “Bibi” van Zuylen van Nijevelt-den Beer Poortugael.

La reine Máxima en déplacement en 2015, accompagnée par la comtesse Maria “Bibi” van Zuylen van Nijevelt-den Beer Poortugael (Photo : WikiCommons)

Lorsque Beatrix était reine, elle a eu comme fidèle Grootmeesteres, de 1984 à 2014, Martine van Loon-Labouchère.

Ici la baronne van Tuyll van Serooskerken (née dame Cornelie Boreel), Grande Maitresse, à côté de la reine Juliana en 1948, lors de la cérémonie d’abdication de la reine Wilhelmina (Photo : WikiCommons)

Royaume-Uni

Comme nous l’avons déjà vu, certaines dames de compagnie peuvent atteindre le rang de Dames de la chambre (Woman of Bedchamber). Et l’aînée des Dames de la chambre est nommée Maîtresse de la garde-robe. La Maîtresse de la garde-robe de la reine Elizabeth est Fortune FitzRoy depuis 1967. Les autres Dames de la chambre de la reine Elizabeth sont  Virginia Ogilvy, comtesse d’Airlie, Diana, Lady Farnham, Mary Anne Morrison, Lady Susan Husse, Lady Elton, Annabel Whitehead, Jennifer Gibbs et Philippa de Pass.

Lire aussi : Fortune FitzRoy : la Maîtresse de la garde-robe a 100 ans

Suède

En Suède, comme au Danemark, la cour se base sur le modèle autrichien. Au fil des siècles de nombreux titres étaient accordés en fonction de l’ancienneté et de l’importance des dames. Cependant, depuis le règne de Carl XVI Gustaf, son épouse, la reine Silvia n’a que 3 dames de compagnie qui sont appelées dames de cour (hovdamer). Elle a également une dame principale qui, en tant que cheffe des dames, porte le titre de Dame de l’État (statsfru).

La Dame de l’État de la reine Silvia est Anna Hamilton, depuis 2016. Les autres dames de cour de la Reine sont Kirstine von Blixen-Finecke et Christina von Schwerin.

Source : Kongehuset, Expressen

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr