La cousine cachée d’Albert II : cette fille illégitime cachée par la famille royale belge

Il fut un temps où les rois des Belges donnaient des titres de compensation à leurs enfants illégitimes, pleinement reconnus. Ce temps est révolu et les enfants nés hors mariage, pire ceux nés d’une relation adultérine, sont aujourd’hui cachés. Puis, il y a des naissances qui auraient pu être reconnues mais que l’on préféra cacher. C’est le cas de la naissance d’Isabelle Wybo, la fille du prince Charles, comte de Flandre, née en 1938. La relation entre le prince Charles, frère du roi Léopold III et une roturière, fille d’un boulanger bruxellois, était inacceptable. La fille du prince Charles resta dans l’anonymat jusqu’à peu.

Isabelle Wybo, fille illégitime du prince Charles, est restée en contact avec son père jusqu’à sa mort (Photo : VTM)

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Le prince Charles : l’artiste homme à femmes

Officiellement, le prince Charles, membre discret de la famille royale belge, est resté célibataire jusqu’à sa mort. Le prince Charles, dont la réputation d’homme à femmes n’était plus à faire, fut l’un des personnages politiques les plus importants de Belgique dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Il fut régent du Royaume de 1944 à 1950, alors que son frère aîné, le roi Léopold III fut contraint à rester en exil, au lendemain de la guerre.

Le prince Charles, comte de Flandre, deuxième fils du roi Albert 1e et de la reine Elisabeth, restera célibataire toute sa vie, malgré ses nombreuses conquêtes. Ici, en 1944, âgé d’une trentaine d’années (Photo : Domaine public)

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Une fois la Question royale terminée, dont l’issue fut l’abdication de Léopold III en faveur de son fils, Baudouin, le prince Charles préféra prendre ses distances avec la vie publique. Il se retire au domaine de Raversyde, près d’Ostende et se consacre à la peinture sous le nom de Karel van Vlaanderen.

En conflit avec son frère, il n’assumera plus aucune fonction de représentation au sein de la famille royale et on lui retirera sa dotation. Vers la fin de sa vie, il connaitra des problèmes financiers importants, et il mourut le 1e juin 1983. Pendant plusieurs années, sur la tombe du prince Charles, dans la crypte royale de Laeken, une gerbe portant un ruban avec l’inscription « À mon cher époux », était déposée à l’anniversaire de sa disparition.

Si le prince Charles est resté célibataire toute sa vie, on lui connait une vie sentimentale mouvementée. On lui prête une relation avec Karine Vernooy, qu’il fréquentait à Raversijde et avec la danseuse bruxelloise Renée Damoiseau. On parle également sa cuisinière et même de la femme de son conseiller financier. Surtout, le 14 septembre 1977, il contracte un mariage religieux avec Jacqueline de Peyrebrune. Ce mariage célébré à l’église St-Pierre de Montrouge à Paris n’est officiellement pas valide, puisqu’il s’agirait d’une bénédiction et non d’un sacrement. De plus, aux yeux de la loi, seul un mariage civil est valable.

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Le prince Charles et sa fille Isabelle Wybo

Dans les années 30, le prince Charles aurait également eu une aventure avec une autre Jacqueline, Jacqueline Wehrli. Plus qu’une aventure, il s’agit véritablement d’une histoire d’amour entre le comte de Flandre et Jacqueline, la fille d’un boulanger-pâtissier bruxellois. Jacqueline a croisé la route du prince, âgé d’une trentaine d’années, alors que la boulangerie familiale était fournisseur officiel de la Cour.

Boulangerie Wehrli au boulevard Anspach à Bruxelles (Photo : Collection privée Histoires Royales)

Pour le roi Léopold III, il est impossible d’accepter l’union de son frère avec une roturière. Le 8 octobre 1938 nait pourtant à Strasbourg une enfant, Isabelle. On dit que le prince Charles aurait voulu la reconnaitre. Pour justifier la présence de Jacqueline dans l’entourage de la famille, la reine mère Elisabeth et sa fille Marie-José arrangent un mariage de convenance.

Jacqueline Wehrli épousera en 1942 un ancien officier qui travaille au palais, un certain Arthur Wybo, qui connait des soucis de santé. Il sera officiellement le père de la petite Isabelle, qui portera le nom d’Isabelle Wehrli-Wybo. Le prince Charles, bien que dans l’incapacité de reconnaitre officiellement sa fille illégitime, ne la reniera pas dans le privé. La mère d’Isabelle, mariée officiellement à Arthur Wybo, un vétéran qui servait la famille royale, avait fini par obtenir un poste, que l’on dit grâce aux relations de la famille royale, à la Générale de Banque. Elle tomba malade en 1947, et on dit que la famille royale aida à payer ses soins. Isabelle perd sa mère à l’âge de huit ans.

Bien qu’Isabelle Wehrli-Wybo et son père sont restés en contact tout au long de leur vie, les relations étaient apparemment tendues. Tous les deux sont décrits comme têtus par Jacqueline de Peyrebrune, l’épouse secrète du prince Charles qui publiera ses mémoires début des années 90. Jacqueline écrira : « De sa fille Isabelle, il n’obtint pas l’affection qu’il espérait. Elle l’appelait “le commandant” ! ».

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Isabelle Wybo enfin acceptée par la famille royale belge ?

Isabelle Wybo mena une vie paisible à Bruxelles. Historienne de l’art, on peut lire plusieurs de ces travaux dans différentes bibliothèques et archives spécialisées. Certains avaient presque oublié son existence, jusqu’au jour où, en 2012, elle a fait son apparition lors d’une sortie officielle au musée du Cinquantenaire à Bruxelles.

Le prince Laurent en visite au musée du Cinquantenaire avec la cousine de son père, le roi Albert II, en 2012 (Photo : capture VTM/Nieuws)

Le prince Laurent, fils du roi Albert II, petit-fils de Léopold III et petit-neveu du prince Charles, est apparu au bras d’une mystérieuse dame âgée. Ce jour d’octobre 2012, le prince Laurent visitait une exposition en compagnie de sa petite-cousine, Isabelle Wybo, 74 ans à l’époque.

(Photo : capture VTM/Nieuws)

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Il n’est pas étonnant qu’Isabelle Wybo ait été écartée de la famille royale, puisque son père biologique, était lui-même mis à l’écart de la famille. Le prince Charles et son frère, le roi Léopold III n’ont pas terminé leur vie en bons termes. On dit que l’origine de leur dispute serait justement l’interdiction de Charles d’épouser une roturière, alors que Léopold III ne s’est pas privé, au début de la Seconde Guerre mondiale d’épouser Lilian Baels, certes issue de la bourgeoisie flamande et fille d’un ancien ministre, mais non noble.

L’âge efface-t-il les rancœurs ? Cela ne devait pas être une rencontre hasardeuse qui a poussé le prince Laurent à accompagner la cousine germaine de son père au musée. Ce jour-là, ils agissaient comme si un petit-fils s’occupait de sa grand-mère, preuve d’une certaine complicité entre les deux, qui laisse penser qu’Isabelle n’avait peut-être jamais coupé les ponts avec la famille royale.

Rappelons également que le prince Laurent, souvent considéré lui aussi comme le vilain petit canard de la famille royale, n’a jamais peur des polémiques ni d’adopter un comportement jugé surprenant. Par exemple, le prince Laurent était le seul membre de sa famille à se dire « très content » pour Delphine Boël, lorsqu’en 2016 la cour constitutionnelle avait donné raison à la fille illégitime d’Albert II, lors d’une phase de son procès. En 2019, le prince Laurent avait même été filmé en train d’admirer (brièvement) une œuvre de Delphine, exposée à Anvers.

Depuis que Delphine a obtenu le droit de s’appeler Delphine de Saxe-Cobourg et porte le titre de princesse de Belgique, reconnue par la justice comme fille à part entière du roi Albert II, on pourrait espérer que le prince Laurent soit le premier à lui accorder une reconnaissance publique au sein de la famille.

Source : De Standaard

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr