Les amateurs de têtes couronnées connaissent tous l’histoire de la visite de la jeune Elizabeth au collège naval de Dartmouth, en juillet 1939. Ce jour-là, Elizabeth ne put détacher son regard de son cousin éloigné, le prince Philippe, alors jeune cadet. S’en suivront des échanges de lettres, qui mèneront jusqu’aux fiançailles et au mariage, en 1947. Mais bien des gens ignorent que le futur duc d’Édimbourg et la future reine Elizabeth II se sont croisés à d’autres occasions, par le passé, leurs familles respectives étant intimement liées.
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Les Mountbatten ont été les protégés des Windsor
Elizabeth II est née princesse Elizabeth d’York en avril 1926, petite-fille du roi George V, qui régnait à l’époque sur le Royaume-Uni. Le prince Philippe de Grèce et de Danemark est né en juin 1921, petit-fils du roi Georges 1e. Son oncle, Constantin 1e régnait sur la Grèce à sa naissance. Elizabeth et Philippe sont nés dans une branche cadette de la famille. Le père de la reine Elizabeth, le prince Albert, était le second fils du roi et était duc d’York. Le père du prince Philippe, le prince André, était le quatrième fils du roi Georges 1e, et il avait épousé la princesse Alice de Battenberg, une princesse certes, mais le titre avait été créé pour offrir un titre à cette branche de la famille de Hesse qui avait été dynastiquement écartée suite à un mariage avec une aristocrate polonaise. D’autant plus qu’au départ, il s’agissait du simple titre de comte de Battenberg, qui avait fini par être élevé au rang de prince.
C’est au Royaume-Uni que le prince Louis de Battenberg (donc né comte), fils d’Alexandre de Hesse et de son épouse polonaise Julia Hawke, à l’origine du déshonneur familial, trouve une place pour l’accueillir. La reine Victoria refusera de considérer cette branche comme inférieure et contribuera à donner du prestige à la famille Battenberg, notamment parce que l’une de ses filles, Beatrice, avait épousé l’un d’entre eux.
Louis de Battenberg avait épousé la princesse Victoria, qui n’était autre que la petite-fille de la reine Victoria. Raison de plus pour la famille royale considère la famille Battenberg. Louis renonça à sa nationalité allemande suite à la Première guerre mondiale, anglicisa le nom de Battenberg en Mountbatten, et reçut en échange des titres de noblesse britannique, à savoir ceux de marquis de Milford-Haven, comte de Medina et vicomte Alderney. Le marquis et la marquise de Milford-Haven, donc directement liés à la famille royale britannique, ont eu quatre enfants, dont la princesse Alice, future épouse du prince André et mère du prince Philippe.
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La mère du prince Philip invitée à porter un toast avec le Roi pour la naissance d’Elizabeth
C’est donc tout naturellement, que le 21 avril 1926, jour de la naissance d’Elizabeth, la mère du prince Philippe fut invitée à porter un toast à l’heureuse nouvelle. En effet, une circulaire de la cour indique que le jour de la naissance de la princesse Elizabeth d’York (qui rappelons-le, n’était pas encore destinée à régner un jour), le roi George V et la reine Mary avaient invité des amis à Windsor pour le déjeuner. Pour le roi et la reine, il ne s’agissait pas de leur premier petit-enfant. Leur fille, la princesse Mary, était déjà mère de deux garçons.
Le jour de la naissance de la princesse Elizabeth, la princesse Victoria, marquise douairière de Milford-Haven, petite-fille de la reine Victoria et donc cousine germaine du roi George V, fut invitée à prendre un lunch avec le couple royal. Ce jour-là, elle avait pris avec elle sa fille, la princesse Alice. Elle-même était déjà maman de plusieurs filles et d’un fils, Philippe. À ce repas, fut aussi invitée la princesse héritière de Suède. La marquise douairière de Milford-Haven était une proche du roi et de la reine, installée au palais de Kensington pour vivre son veuvage. C’est elle qui prendra en charge l’éducation de son petit-fils, Philip, lorsqu’il vivra en Angleterre, après l’exil de la famille royale de Grèce et les premiers signes de troubles mentaux de sa fille Alice.
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La première rencontre du prince Philippe et de la princesse Elizabeth
Le 19 novembre 1934, la princesse Marina de Grèce et de Danemark devient le premier membre de la famille royale grecque a être « adoptée » par la famille royale britannique. Ce jour-là, elle épouse le prince George, duc de Kent, l’un des fils du roi George V. Marina est la fille du prince Nicolas de Grèce, et donc la nièce du prince André. Bien entendu, le prince Philippe, est présent au mariage de sa cousine. Selon la biographie officielle de Buckingham, c’est au mariage de la princesse Marina et du prince George, que le prince Philippe rencontrera pour la première fois la princesse Elizabeth. Elizabeth a 8 ans et Philip en a 13.
La deuxième rencontre de Philippe et Elizabeth
En décembre 1936, le prince Albert devient le roi George VI. Le père d’Elizabeth succède à son propre frère après son abdication forcée, à cause de son mariage controversé avec l’américaine divorcée Wallis Simpson. Elizabeth devient alors l’héritière du trône, et son père, jusqu’ici le frère du Roi, devient le chef d’État.
Selon History, le jour du couronnement de George VI, le 12 mai 1937, le prince Philippe de Grèce, neveu du roi Constantin 1e, est invité à la cérémonie. Elizabeth a 11 ans et le prince Philippe a presque 16 ans. Il est possible qu’ils se soient à nouveau croisés en ce jour très important pour Elizabeth où elle a vu son père porter l’imposante couronne lors d’une cérémonie majestueuse.
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Le coup de foudre de Lilibet pour Philip en 1939
Le 22 juillet 1939, le roi George VI et la reine Elizabeth visitent le Royal Naval College de Dartmouth. Ils emmènent avec eux leurs deux filles, la princesse Elizabeth et la princesse Margaret. Louis Mountbatten, futur vice-roi des Indes et général-major des Armées, est alors encore capitaine de la Marine et est en charge de guider le roi lors de la visite. Louis présente son neveu, Philip, fraichement entré en tant que cadet au Royal Naval College.
La visite se prolonge avec un lunch et un thé, en compagnie de la famille royale. Marion “Crawfie” Crawford, gouvernante de la princesse Elizabeth, racontera plus tard les détails de ce moment où Lilibet tomba sous le charme de Philip. Elizabeth « ne l’a pas quitté des yeux », écrira la gouvernante, comme le rappelle Vanity Fair. Le prince Philip, qui lui est déjà un jeune homme de 18 ans, « ne lui a pas montré d’attention particulière ». Lilibet n’oubliera jamais ce moment, et comme le dira sa cousine Margaret Rhodes, « elle n’a jamais regardé personne d’autre ».
Peu de temps après, la Seconde guerre mondiale éclate. Le jeune Philip doit servir son pays. La Marine l’envoie en Méditerranée et dans le Pacifique. Il reviendra à plusieurs reprises en Angleterre, et sera à chaque fois accueilli par la famille royale. En décembre 1943, Philip est invité à fêter Noël à Windsor. Ce soir-là, Lilibet interprète un passage d’Aladdin et Philip est totalement sous le charme, elle a 17 ans. L’entourage de la famille se souviendra avoir remarqué que Philip est tombé amoureux d’Elizabeth durant ce séjour.
Malgré les circonstances particulières, Philip et Elizabeth vont s’échanger des lettres pendant la guerre. À l’été 44, Philip retrouve la famille royale à Balmoral. Après la guerre, en mars 1946, Philip part s’installer en Angleterre et vit dans la maison familiale des Mountbatten. Il intensifiera ses rencontres avec Elizabeth, parfois en présence de sa sœur Margaret. C’est à l’été 46 que Philip demandera la main d’Elizabeth. Après bien des concessions, comme par exemple abandonner tous ses titres et devenir un simple roturier, le roi George VI accepte qu’il épouse sa fille. Il sera fait duc d’Édimbourg avant son mariage afin d’avoir un titre de noblesse britannique.