Son nom ne parle aujourd’hui qu’aux historiens, aux touristes cultivés qui ont eu le plaisir de visiter la Roumanie ou encore aux amateurs de folklore sanguinolent, dans le sillage du célèbre livre de Bram Stocker, le père du moderne Dracula. Mais peut-on confondre Vlad, seigneur de Valachie et Dracula, le vampire à la postérité toujours renouvelée ?
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Vlad III, prince valaque
Au XVème siècle, dans la petite principauté de Valachie, une région qui recouvre le sud de l’actuelle Roumanie, les mœurs ne sont pas des plus tendres ! Aux confins de la belliqueuse puissance ottomane, les occupants de cette terre, chrétienne orthodoxe, sont un terrain de bataille entre l’empire byzantin, qui vit ses dernières heures, (Constantinople chutera en 1453) et l’empire turc assoiffé de conquêtes.
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Dracula, nom au-dessus de tout soupçon
Vladislav dit l’Empaleur, Vlad Țepeș, aussi appelé Vlad III – mais les souverains de la Valachie sont avant tout désignés par des surnoms et non des numéros comme les rois de France -, est un boyard, c’est-à-dire un membre de l’aristocratie terrienne des pays slaves orthodoxes. Il naît entre 1431 et 1434 et son père, Vlad II, répond au surnom de Dracul ou « dragon » parce qu’il appartient à l’Ordre du même nom, digne confrérie du Saint-Empire romain germanique. Il règne sur la Valachie, mais son pouvoir est fragile, sans cesse menacé à l’intérieur comme aux frontières.
Tout naturellement, Vlad portera le surnom de Dracula, qui ne signifie pas autre chose que « fils du Dagon »…
Mais quoi de commun entre le vampire qui se repaît du sang des vivants, sortant la nuit de son château pour chasser d’innocentes proies, et le prince brutal du Moyen-Âge ? Vlad l’Empaleur était-il un monstre aux pouvoirs surnaturels ou un guerrier appliquant les règles des combats sans merci que se livraient à l’époque les armées ennemies ?
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Les croyances populaires autour du vampire
Le vampire est une vieille connaissance, présente dans la culture populaire, en particulier en Europe centrale. Ce mort-vivant est en fait immortel et ceux qu’il attaque et tue en buvant leur sang le deviennent également. Pour s’en protéger, le bon peuple dispose de quelques remèdes éprouvés, le crucifix, l’ail, le sel et l’eau bénite. Et, le cas échéant, un pieu dans le cœur du vampire…
Vlad était-il réellement amateur de sang frais ? En tout cas, l’époque, pourtant accoutumée aux pillages, meurtres, viols et massacres, lui bâtit une réputation qui fait encore frémir.
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Des morts comme s’il en pleuvait
Le portrait de Vlad Tepes est exposé au château d’Ambras, en Autriche. Un visage long et fin, larges yeux sombres, nez aquilin, moustaches fines. Cet homme aurait assisté, alors qu’il était adolescent et otage princier à la cour du sultan pendant trois ans, au supplice de l’empalement, pratique courante chez les Ottomans. Il saura s’en souvenir un dimanche de Pâques 1457, resté dans l’histoire des massacres les plus cruels. Ce jour-là, Vlad va se venger des boyards impliqués dans l’assassinat de son père et de son frère aîné. Il invite leurs familles, à l’occasion de la fête pascale, à un grand repas. Il aurait fait aussitôt supplicier les femmes et les enfants, obligé les hommes survivants à une marche de cent kilomètres puis les aurait épuisés et humiliés en leur faisant reconstruire une citadelle de leurs mains.
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Un surnom bien mérité
Contre le sultan Mehmet II, dont les émissaires auraient refusé d’ôter leur turban en sa présence, il fait clouer ces turbans sur les crânes avant d’empaler les malheureux. Seront empalés de la sorte des centaines d’officiers turcs vaincus, un spectacle qui aurait frappé d’effroi le sultan lui-même. La « Forêt des pals », où étaient exposés les corps des suppliciés, se trouvait aux alentours du château de Vlad et ne laissait aucun doute sur la fermeté du prince. L’empalement n’était d’ailleurs pas réservé aux soldats turcs mais un châtiment courant applicable à tout opposant. Vlad se serait en outre débarrassé de minorités encombrantes, telles que les gitans, les mendiants, en les invitant à un banquet et en les faisant brûler vifs…
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Bon an, mal an, Vlad aurait assassiné quelque 40 000 personnes, un sinistre bilan que son descendant imaginaire, le comte Dracula, n’atteint pas. Mais Vlad est mort et bien mort, tué par les Turcs lors d’un combat en 1476 ; sa tête aurait été donnée au sultan pour être montrée, fixée sur un pieu, et dissiper ainsi la crainte qu’il inspirait par l’assurance de sa mort.
En revanche, qui peut, aujourd’hui, attester de la mort du comte Dracula ?…
Sources : Nationalgeographic.fr, Mindshadow.fr, Lejournalinternational.info