Création d’un nouveau titre pour les femmes de la famille impériale du Japon

Une source du gouvernement a laissé entendre au très sérieux Japan Times qu’une piste de réflexion est en cours pour accorder un nouveau titre aux femmes de la famille impériale. Ce titre permettrait surtout aux femmes mariées de continuer à exercer une activité d’une façon ou d’une autre au sein de la famille. Jusqu’ici, lorsqu’une princesse se marie, elle fait dès lors partie de la famille de son époux, elle perd ses titres, et n’est plus un membre actif de la famille impériale.

Le prince Hitachi, entouré des femmes de la famille impériales. Les femmes mariées pourraient retrouver un titre leur permettant d’assurer des fonctions officielles (Photo : Jiji Press/ABACAPRESS.COM)

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Un compromis avant la réforme de la loi de succession

Depuis des mois, le gouvernement est censé se réunir pour discuter de l’avenir des femmes dans la famille impériale et l’éventualité d’abolir la loi salique. Mais l’année 2019 était dédiée aux cérémonies liées à la passation de pouvoir entre l’empereur Akihito et son fils Naruhito. Ensuite, en 2020 était censée se dérouler la cérémonie d’installation du frère de l’empereur en tant qu’héritier, de nombreux événements qui ont été chamboulés par la crise du coronavirus. Un retard qui arrange bien certains membres du gouvernement qui ne sont pas vraiment enclins à accepter qu’une femme puisse un jour siéger sur le trône du Chrysanthème.

Puisque les conservateurs vont très certainement compliquer le débat et se montrer inflexibles sur l’abolition de la loi salique, il semblerait que le gouvernement soit favorable à opter pour un compromis, que même les conservateurs pourraient accepter. Une source gouvernementale a expliqué au Japan Times que le titre honorifique de kōjo pourrait être envisagé pour les femmes mariées de la famille. Kōjo peut se traduire simplement en français par princesse.

En obtenant un titre officiel, cela permettrait de justifier le fait que les femmes mariées puissent continuer leurs devoirs de représentation. La Maison impériale exclut jusqu’ici les femmes mariées, qui perdent tous leurs titres à leur mariage. « C’est une idée qui pourrait être soutenue par les différents partis », assure la source au journal nippon. L’idée est, faute de pouvoir agrandir la liste des héritiers potentiels pour le moment, d’au moins agrandir la liste des membres qui peuvent travailler pour la famille.

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Les anciennes princesses pourraient retrouver un titre une fois mariées

La famille impériale est vieillissante et seuls quels princes et princesses ont actuellement un agenda officiel. Certains enfants du prince héritier et de l’empereur sont encore aux études et la génération de l’ancien empereur est trop âgée pour travailler.

Par contre, avec ce nouveau titre, Sayako Kuroda, connue comme la princesse Sayako de Nori jusqu’à son mariage en 2005 avec un roturier, pourrait à nouveau réintégrer la famille, où du moins accepter des fonctions officielles. L’ancienne princesse Sayako est le troisième enfant de l’empereur émérite Akihito. Bien qu’elle soit la sœur de l’actuel empereur Naruhito et du prince héritier Fumihito, et qu’elle a de bons contacts avec ceux-ci, elle ne fait plus partie de la Maison impériale depuis son mariage.

En juin 2020, les princesse Mako et Kako assuraient un engagement en mémoire de l’impératrice Kojun, un événement impossible à réaliser une fois mariées (Photo : Jiji Press/ABACAPRESS.COM)

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Le titre de kōjo pourrait donc être attribué à Sayako mais aussi, plus tard, aux filles du prince héritier et surtout, à la fille unique de l’empereur. La princesse Aiko, qui vient juste de rejoindre l’université cette année, est l’enfant unique de l’empereur Naruhito et de l’impératrice Masako. Une fois qu’elle aura fini ses études, elle pourra se montrer plus disponible pour assurer des engagements en solo. Mais cela pourrait être de courte durée si elle venait à se marier. Ce nouveau titre permettrait donc d’éviter de la perdre. Il en va de même pour les deux filles du prince héritier, la princesse Mako et la princesse Kako, 29 et 25 ans. D’autant plus que la princesse Mako, bien que l’organisation du mariage connaisse quelques contretemps, est fiancée depuis 2017.

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L’abolition de la loi salique reste à discuter

La révision de la loi successorale au Japon est en discussion depuis de nombreuses années. Le besoin urgent d’abolir la loi salique avait été temporisé en 2006, suite à la naissance du prince Hisahito, qui laissait entrevoir une possibilité de prolonger la dynastie. En effet, le petit prince, qui a maintenant 14 ans, est celui sur qui tous les espoirs reposent, dans la configuration actuelle et selon les modalités de succession. Le frère des princesses Mako et Kako est le seul fils du prince héritier Fumihito. Par conséquent, son père est destiné à devenir le prochain empereur, lorsqu’il succédera à son frère, qui n’a qu’une fille. Hisahito deviendra alors l’héritier puis à son tour empereur. Si Hisahito n’a pas d’enfant mâle, la dynastie s’éteindra, car la seule autre personne faisant actuellement partie de l’ordre de succession est l’oncle de l’empereur, le prince Hitachi, déjà âgé de 85 ans, qui n’a pas d’enfants.

Source : Japan Times

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr