Depuis quelques mois, le parquet anti-corruption espagnol enquêtait secrètement sur l’origine de fonds utilisés par l’ancien roi Juan Carlos pour couvrir des dépenses de sa vie courante. D’après les informations révélées hier par El Diario, l’homme d’affaires mexicain Sanginés-Krause, ami du roi émérite finançait le père de Felipe VI. Ces fonds auraient également été utilisés par la reine émérite Sofia, ainsi que des petits-enfants du couple, qui utilisaient des cartes de crédit opaques pour réaliser leurs dépenses. Le procureur général de l’État a transmis l’affaire au parquet de la Cour suprême.
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Juan Carlos, Sofia et leurs petits-enfants ont utilisé des cartes de crédit opaques
Le journal El Diario a révélé hier que le parquet anti-corruption avait enquêté ces derniers mois, dans le plus grand secret, sur l’utilisation de cardes de crédit opaques par le roi émérite Juan Carlos, 82 ans, et d’autres membres de sa famille. Il a été précisé que le roi Felipe ne fait pas partie de ses personnes, ni la reine Letizia, ni leurs deux filles. Par contre, la reine émérite Sofia, 82 ans, a également utilisé ces cartes de crédits ainsi que d’autres membres de la famille, dont certains petits-enfants de Juan Carlos et Sofía.
Le parquet a enquêté sur l’origine des fonds, les comptes en banque reliés aux cartes de crédit n’étant ni aux noms de Juan Carlos ni à aucun autre membre de la famille royale. Les mouvements dont il est question ont été effectués de 2016 à 2018 et ne sont donc pas prescrits. Le roi Juan Carlos ne bénéficie plus de protection constitutionnelle depuis son abdication en 2014 et est par conséquent pénalement responsable pour des faits éventuellement commis à partir de cette date. La loi espagnole permet d’ouvrir une enquête sur un possible délit de fraude fiscale lorsque l’on soupçonne une augmentation de revenus non déclarés dépassant les 120 000 euros dans un seul exercice fiscale.
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Une enquête pour fraude fiscale est ouverte depuis des mois en secret
La justice espagnole a envoyé des commissions rogatoires dans différents pays pour retracer l’origine de ces fonds, dont les comptes seraient situés à l’étranger. Les commissions rogatoires n’ont encore fait l’objet d’aucun retour des autorités fiscales étrangères. Le but est de savoir s’il s’agit de dons ou de comptes cachés à l’étranger.
Pour le moment, l’enquête concerne le délit de fraude fiscale. Elle pourrait se transformer en enquête pour blanchiment d’argent s’il est possible de prouver avec précision comment ces sommes fraudées au Trésor ont été dépensées.
Deux personnes seraient liés à ces comptes. Selon les premières informations, l’homme d’affaires Allen de Jesús Sanginés-Krause serait celui qui approvisionnait les comptes et Nicolás Murga Mendoza serait une sorte de prête-nom ou aurait servi d’intermédiaire entre les cartes et les comptes.
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Le Mexicain Allen de Jesús Sanginés-Krause, né en 1959, est un ami de longue date de Juan Carlos. L’homme, qui a obtenu la nationalité britannique, est considéré comme l’un des hommes les plus riches du Mexique et a réalisé d’importants investissements immobiliers en Espagne ces dernières années, devenant notamment propriétaire de l’hôtel Villa Magna à Madrid. Il est propriétaire du château de Killua, en Irlande, là où le roi Juan Carlos s’est réfugié à certaines occasions, notamment avec sa maitresse Marta Gaya. Si la relation entre Juan Carlos et Sanginés-Krause était connue publiquement, rien ne laissait supposer qu’ils avaient un accord financier.
Le lieutenant-colonel de l’armée de l’air Nicolás Murga Mendoza, fut quant à lui le plus proche collaborateur du roi émérite pendant plus de dix ans. Il fut son aide de camp et selon l’enquête actuelle, c’est lui qui était en charge de faire transiter l’argent de Sanginés-Krause sur les cartes de crédit mises à la disposition de la famille royale pour couvrir une partie de leurs dépenses personnelles. Dans l’ombre du Roi, il apparait toujours derrière lui sur les photos prises lors d’événements officiels auxquels participait Juan Carlos.
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L’enquête a été transmise au parquet de la Cour suprême
Suite à la révélation de l’existence de l’enquête par El Diario, le procureur général de l’Etat, Dolores Delgado, a publié un communiqué indiquant que le parquet anti-corruption allait « envoyer immédiatement » au procureur de la Cour suprême les enquêtes en cours « afin que la procédure continue jusqu’à leur conclusion ». C’est le procureur en chef des délits économiques, Juan Ignacio Campos, qui sera en charge des enquêtes à la Cour suprême.
C’est également lui qui finalise le rapport sur le don de 65 millions d’euros que Juan Carlos I a reçu en 2008 du roi d’Arabie saoudite et qu’il a transféré en 2012 à Corinna Larsen. Ces faits font également l’objet d’une enquête en Suisse. La partie espagnole du dossier est abandonnée étant donné qu’en 2008, il était encore chef d’État et bénéficiait donc de son immunité.
« Parmi les dépenses imputées à la carte de la reine Sofia, il y a plusieurs voyages à Londres, où l’épouse du roi a maintenu sa résidence habituelle pendant des années », explique El Diario, en partageant les informations reçues par ses sources. Rappelons que la reine Sofia reçoit une allocation annuelle de l’État. En 2020, elle recevra un total de 111 854 euros sur le budget alloué à la Maison royale. Le roi émérite, pour sa part, a encaissé 161 034 euros d’allocation de l’État en 2019. Cette année, il n’a perçu qu’un quart de ce montant, puisque son fils Felipe VI a décidé de mettre fin à son allocation en mars, suite à l’enquête pour blanchiment d’argent en cours en Suisse.
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Source : El Diario