Pendant six siècles, il fut appelé le royaume de Siam. Depuis de 1939, il s’appelle le royaume de Thaïlande. Et depuis 1782, c’est la dynastie Chakri qui règne sur le pays. Tous les rois de la dynastie portent le nom de règne de Rama. Après le règne exceptionnellement long de Rama IX, son fils, Maha Vajiralongkorn (ou Rama X) lui a succédé en 2016. Sommes-nous en train de vivre la fin du royaume de Thaïlande ? Les protestations ont dépassé le stade du mécontentement. Plus de 100 000 personnes ont courageusement signé une pétition demandant de modifier la constitution pour un changement de régime.
The protesters have arrived at parliament. Move Forward MPs are here to greet them. It is expected that the speaker of the house or a secretary will receive the petition. #1ในแสนเสียงแก้รัฐธรรมนูญ #แก้รัฐธรรมนูญ pic.twitter.com/qaX7wmQfpO
— Thai Enquirer (@ThaiEnquirer) September 22, 2020
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Bientôt l’abolition de la monarchie en Thaïlande ?
Depuis l’ascension sur le trône de Maha Vajiralongkorn, les Thaïlandais sont devenus méfiants et remettent en question l’utilité de leur Roi. Déjà en tant que prince héritier de nombreuses rumeurs et polémiques avaient entaché sa réputation. Une fois sur le trône, l’excentrique Maha Vajiralongkorn ne s’est pas assagi. Il pensait pouvoir régner tranquillement sur la Thaïlande, grâce à des lois très strictes, interdisant de critiquer le Roi, sa famille ou le système monarchique. Mais depuis quelques semaines, les Thaïlandais se rebellent et osent descendre dans la rue.
Depuis 2007, Maha Vajiralongkorn vit quasiment à longueur d’année en Allemagne. Il a choisi ce pays, attiré par une clinique en Bavière tenue par un médecin thaïlandais au méthodes « révolutionnaires ». On le dit atteint du VIH et son fils, le prince héritier, d’autisme. Il pensait donc pouvoir guérir en toute discrétion en Allemagne. Pour ce faire, depuis plus de 10 ans, il loue des étages entiers dans différents hôtels. Il avait établi ses quartiers au dernier étage de l’hôtel de l’aéroport de Munich, puis ces dernières années, c’est une aile du Grand Hotel Sonnenbichl dans la station de Garmisch-Partenkirchen qu’il a privatisée. Il y a installé son harem, où il vit avec une vingtaine de maitresses. Son épouse officielle, la reine Suthida, vit elle dans un hôtel en Suisse.
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Sans parler de ses excentricités, comme d’avoir créé un régiment militaire pour ses maitresses, d’avoir promu son chien maréchal de l’Armée ou d’avoir officiellement titré sa maitresse favorite, ce sont ses dépenses faramineuses, son absence du territoire, son régime autoritaire et son gouvernement corrompu qui ont provoqué la colère des Thaïlandais. La crise du coronavirus a mis le feu aux poudres. L’indifférence totale du souverain thaïlandais qui est resté confiné dans son hôtel de luxe en Bavière avec ses maitresses a choqué la population, bien qu’officiellement il soit difficile de s’exprimer sur le sujet dans le pays, au risque d’être emprisonné pour lèse-majesté.
La vie dissolue du Roi, comme en témoignent les photos diffusées par la presse étrangère où il apparait régulièrement vêtu d’un crop top et d’un slip moulant, commence à bien faire. Au pays, l’une de ses sœurs, la princesse Sirindhorn, tente d’assurer la représentation du Roi sur le territoire.
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Les manifestations à l’encontre du régime s’intensifient
Après plusieurs manifestations devant l’hôtel du roi en Allemagne, puis quelques manifestations dans des campus universitaires de Bangkok, la jeunesse thaïlandaise a courageusement envahi les rues du pays. Ces derniers jours, ils étaient des dizaines de milliers à manifester dans le pays, demandant un changement considérable dans la politique du pays, voire un changement de régime. Le gouvernement militaire, à la botte du roi de Thaïlande, a du mal à contenir ce mouvement populaire historique.
Il y a quelques jours, sur la place Sanam Luang, un espace qui fait face au Palais royal et où sont répandues les cendres des rois de Thaïlande, des manifestants ont réussi à enterrer une plaque dans du ciment. « À cet endroit, le peuple a déclaré sa volonté : ce pays appartient au peuple et n’est pas la propriété du monarque comme on l’a faussement prétendu », déclarent les manifestants. La place a brièvement été baptisée la « Place du peuple » par les protestataires. La plaque est un clin d’œil provocateur à une autre plaque qui avait été retirée en 2017, qui commémorait l’abolition de la monarchie absolue de 1932.
Aujourd’hui, des milliers de manifestants sont arrivés devant le parlement avec une pétition signée par plus de 100 000 citoyens demandant une réforme de la constitution. La prochaine visite du roi Maha Vajiralongkorn en Thaïlande est prévue pour le 24 septembre. Bien qu’en faillite, Thai Airways a de nouveau reçu l’ordre d’organiser des vols spéciaux pour le bref voyage du roi à Bangkok. Ce jour-là, le roi est censé honorer la mémoire de son grand-père, le prince Mahidol Adulyadej.
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La prochaine visite de Maha Vajiralongkorn sera sous haute tension
Le roi de Thaïlande et la reine de Thaïlande seront sur le territoire, plus en danger que jamais. Une grande manifestation est prévue à Bangkok et le régime a déjà ouvertement mis en garde les manifestants contre la violence, affirmant que s’ils allaient trop loin, ils risquaient une violente réaction de la part des monarchistes, prenant en exemple les violentes manifestations de 1976. Cette année là, alors qu’une réforme de la monarchie avait déjà été demandée par le peuple, les dissidents avaient été sauvagement abattus, mutilés, pendus en public pour dissuader de toutes représailles. À l’époque, les royalistes qui soutenaient le régime étaient encore nombreux et les protestataires minoritaires. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Le journaliste spécialiste de la monarchie thaïlandaise Andrew MacGregor Marshall explique : « Il est clair que la grande majorité des Thaïlandais n’ont aucun respect pour Vajiralongkorn. Si le régime tente de répondre aux appels à la réforme par la violence, cela conduira probablement au renversement de la monarchie. Même si le régime parvient à s’accrocher au pouvoir, ses jours sont comptés. L’une des ironies du règne désastreux de Vajiralongkorn est que sa tentative de rétablir l’absolutisme royal est vouée à l’échec. Il a 68 ans et à sa mort, il n’y a pas de successeur capable de maintenir l’emprise du palais sur le pouvoir. » En effet, parmi ses nombreux enfants, son seul héritier considéré comme dynaste est le prince hériter Dipangkorn Ramsijoti, 15 ans, qui est éduqué en Bavière. L’adolescent, qui souffre de troubles du comportement de type autistique, s’exprime maladroitement en thaïlandais, parlant l’allemand au quotidien.
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« C’est un combat que la monarchie et l’armée thaïlandaises perdront. Les seules questions sont de savoir combien de temps il faut pour réformer le palais et l’armée et combien de Thaïlandais seront tués alors que le régime se bat pour s’accrocher au pouvoir dans une lutte qu’il ne peut pas gagner. » Comme de nombreux observateurs politiques, le journaliste craint que le régime utilise la violence pour tenter d’intimider les protestataires.
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