Charles et Camilla à Athènes pour célébrer les 200 ans de l’indépendance de la Grèce

Les premiers voyages royaux reprennent, après près d’une année de confinements successifs. Le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles effectuent leur première visite hors du Royaume-Uni depuis des mois. Ils sont invités pendant deux jours en Grèce, pour célébrer les 200 ans de l’indépendance du pays. Le prince Charles y est invité en tant que représentant des Britanniques, qui ont joué un rôle crucial dans l’indépendance du pays. On ne peut pas ne pas y voir aussi un hommage à ses ancêtres paternels, membres de la famille royale grecque.

Le prince Charles et la duchesse de Cornouailles au palais présidentiel, aux côtés de la présidente Katerina Sakellaropoulou et de son compagnon Pavlos Kotsonis (Photo : Tim Rooke/PA Wire/ABACAPRESS.COM)

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Le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles à la Pinacothèque nationale d’Athènes

Le 25 mars 2021, les Grecs voulaient fêter en grandes pompes cette date qui marque les 200 ans de leur indépendance. Selon Ekhatimerini, dès le mois d’octobre 2020, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a officiellement invité le président français Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine et le représentant de la Couronne britannique, le prince Charles, à venir célébrer ce bicentenaire à ses côtés.

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Les Grecs veulent mettre la crise sanitaire de côté, le temps de quelques festivités. Le prince Charles et son épouse sont arrivés dans l’après-midi du 24 mars à l’aéroport d’Athènes, accueillis par l’ambassadeur du Royaume-Uni en Grèce, Kate Smith. Ils se sont ensuite rendus à la Pinacothèque nationale d’Athènes pour sa cérémonie de réouverture officielle après plusieurs mois de fermeture, à cause de la crise sanitaire.

Le Premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis et son épouse, Mareva Grabowski-Mitsotákis, attendaient le prince Charles et Camilla devant la Pinacothèque. Ensemble, ils ont visité le musée, qui comprend des œuvres d’artistes britanniques comme Thomas Gordon et Frank Abney Hastings. Le Premier ministre, la ministre de la Culture et la directrice de la Pinacothèque ont prononcé un discours.

Le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles visitent la Pinacothèque (Photo : Chris Jackson/PA Photos/ABACAPRESS.COM)

Diner officiel au palais présidentiel grec

Dans la soirée, le prince Charles et Camilla étaient attendus pour le dîner officiel au palais présidentiel, organisé par la présidente Katerína Sakellaropoúlou, en fonction depuis mars 2020. Pendant le repas, le prince Charles a prononcé un discours mettant en lumière son histoire familiale en Grèce.

« La Grèce est la terre de mon grand-père et celle de naissance de mon père », rappelant qu’à la naissance de son père, il y a près de cent ans, on commémorait au même moment l’année du centenaire de l’indépendance grecque. « Plus tard, c’est à Athènes que ma chère grand-mère, la princesse Alice, pendant les années sombres de l’occupation nazie, a abrité une famille juive – un acte pour lequel, en Israël, elle est considérée comme Juste parmi les nations. » La princesse Alice repose au mont des Oliviers à Jérusalem.

Le prince Charles a prononcé un discours lors du dîner officiel (Photo : Tim Rooke/PA Wire/ABACAPRESS.COM)

« Je ressens un lien profond avec la Grèce – ses paysages, son histoire et sa culture – mais je ne suis guère seul. Il y a quelque chose de son essence en nous tous. En tant que source de la civilisation occidentale, l’esprit de la Grèce traverse nos sociétés et nos démocraties. Sans elle, nos lois, notre art, notre mode de vie n’auraient jamais fleuri comme ils l’ont fait. », continue le prince Galles.

Pour parler du triomphe de la Grèce sur l’occupant, le prince Charles a établi des parallèles avec la crise économique du pays et la réponse à la pandémie de coronavirus : « J’ai une telle admiration pour le courage du peuple grec, et j’ai été particulièrement touché par la remarquable résilience de sa jeunesse. Je suis particulièrement fier que mon Prince’s Trust International ait pu aider tant de jeunes en Grèce à travailler, à se former ou à démarrer leur propre entreprise, leur donnant les moyens de réaliser leur potentiel et de contribuer à la prospérité et à la force de leur pays. »

Le prince Charles a ensuite exhorter l’assembler à travailler ensemble à la reconstruction de « nos sociétés et nos économies après cette année de bouleversements inimaginables, et à mettre notre monde sur une voie plus durable, peut-être pouvons-nous nous inspirer du courage, de la détermination et ambition de 1821. Une fois de plus, les enjeux pourraient difficilement être plus élevés. Les choix que nous ferons détermineront le sort non seulement de nos nations, mais de cette planète singulière que nous partageons tous. Pour ma part, pour soutenir cette entreprise vitale, j’ai travaillé avec des centaines de PDG à travers le monde pour développer une feuille de route qui place l’homme, la planète et la nature au cœur de notre transition économique. J’ai appelé ce plan la Terra Carta et je suis profondément touché qu’Athènes veuille mettre en œuvre les idées qu’elle propose. »

« Aujourd’hui comme en 1821, la Grèce peut compter sur ses amis du Royaume-Uni. Les liens entre nous sont forts et vitaux et font une différence profonde pour notre prospérité et notre sécurité communes. Tout comme nos histoires sont étroitement liées, notre avenir le sera aussi. Dans cet esprit, demain, à vos côtés une fois de plus, vos amis britanniques seront très fiers de l’exhortation enthousiasmante de Dionýsios Solomós : Χαίρε, ω χαίρε, ελευθεριά. Ζήτω η Ελλάς!», ce qui veut dire, en français : « Vive, ô vive la Liberté. Vive la Grèce »

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ITV rappelle déjà la programme de la deuxième journée chargée du prince Charles qui l’attendant ce 25 mars. Le prince Charles et Camilla continueront leur visite à Athènes. Ils déposeront une gerbe au monument du soldat inconnu sur la place Syntagma. Ils assisteront à un défilé militaire à l’occasion du jour de l’indépendance et ils rencontreront des dignitaires grecs.

Commémoration du 25 mars 1821

Le 25 mars est le jour de la fête nationale en Grèce. Il rappelle le 25 mars 1821, jour où l’indépendance fut proclamée par les Hellènes réunis au Sénat. Coïncidence, le 25 mars tombe 9 mois avant le 25 décembre, jour de Noël, et est donc le jour de l’Annonciation, une fête religieuse importante pour les Grecs de confession orthodoxe. Cette année, le 25 mars sera d’autant plus particulier, que l’on fêtera la bicentenaire de l’indépendance du pays. 

La France, la Russie et le Royaume-Uni seront mis à l’honneur, pour les remercier de leur aide apportée il y a deux siècles. Bien que le 25 mars 1821 soit symboliquement gardé comme date de l’indépendance, il faudra tout de même attendre 1827 pour que les trois puissances envoient leur aide navale, notamment lors de la bataille navale de Navarin, durant laquelle les alliés ont exterminé la flotte turco-égyptienne. Le 3 février 1830, les trois grandes puissances se réunissent et signent l’indépendance de la Grèce lors du Traité de Londres, un accord également autorisé par la Prusse et l’Autriche. Le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha est choisi pour devenir le futur souverain.

Le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha étudie la proposition et finit par la rejeter, alors que la stabilité dans la région est toujours incertaine et que la limite des frontières pose encore question. Finalement, c’est en 1832 que le Traité de Londres est modifié pour la dernière fois, fixant les frontières définitives. Le jeune prince bavarois Otto de Wittelsbach, encore mineur, est choisi pour régner sur le nouveau pays. Autoritaire et très critiqué, Otto 1e sera renversé en 1862, au bout de 30 ans de règne.

Le prince Charles est l’arrière-petit-fils du roi Georges 1e

Un nouveau souverain fut élu en 1863. C’est le prince Guillaume, l’un des fils du roi Christian IX de Danemark qui fut choisi. Il régna près de 50 ans sous le nom de Georges 1e. Les descendants de Georges 1e et la dynastie qu’il fonda, régna non sans tumultes sur le royaume de Grèce jusqu’en 1973, date de l’abolition de la monarchie. 

Le roi Georges 1e de Grèce, né prince de Danemark, est l’arrière-grand-père du prince Charles (Image : Domaine public)

Le prince Charles est bien entendu attendu en Grèce pour représenter Sa Majesté la reine Elizabeth II, qui ne peut plus se déplacer à l’étranger au vu de son âge. Mais derrière cette raison officielle, on peut également y voir un clin d’œil à la dynastie des Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg. Bien que Windsor sur les papiers, le prince Charles est de facto un membre de la famille d’origine germano-danoise ayant régné pendant un siècle sur la Grèce. Son père, le duc d’Édimbourg est né prince Philippe de Grèce et de Danemark. Le prince Philip est le petit-fils de Georges 1e, le prince Charles est donc son arrière-petit-fils. 

Le prince Charles est l’arrière-petit-fils du roi Georges 1e, membre de la branche Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg de la famille Oldenbourg (Image : Histoires Royales)
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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr