Le prince François d’Orléans investi grand maître de l’ordre de Saint Lazare en présence de la famille royale à l’abbaye de Maredsous

Ce samedi 16 septembre 2023, l’ordre militaire et hospitalier de Saint Lazare, lié à l’histoire des rois de France depuis le Moyen-Âge, retrouve à sa tête un membre de la famille royale. Le prince François d’Orléans, fils du comte d’Évreux et cousin germain du comte de Paris, assurera dorénavant la fonction de grand maître de cet ordre qui puise ses origines charitables à Jérusalem. Le descendant des rois de France a été investi au cours d’une messe pontificale à l’abbaye de Maredsous. La cérémonie était présidée par le cardinal Kambanda, en présence du nonce apostolique Noël Treanor, ainsi que de nombreux membres de la famille d’Orléans.

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La famille royale de France retrouve la tête de l’ordre de Saint Lazare

L’ordre de Saint Lazare a choisi le prince François d’Orléans, comte de Dreux, 41 ans, pour devenir son 51e grand maître. L’ordre de Saint Lazare est une association privée de fidèles de l’Église catholique, actuellement sous la protection spirituelle du cardinal Antoine Kambanda et qui est historiquement lié la Maison royale de France. Les membres ont pour volonté d’aider leurs prochains, tout comme « Dieu a aidé » Lazare, ami de Jésus, par son intercession.

Photo portrait officiel du prince François d’Orléans, comte de Dreux, en tant que 51e grand maître de l’ordre militaire et hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem, après son investiture le 16 septembre 2023 (Photo : David Nivière)

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Les membres de l’ordre retrouvent donc à la tête de Saint Lazare le frère cadet de leur 49e grand maître. Le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, neveu du comte de Paris de l’époque et cousin de l’actuel comte de Paris, a assuré le magistère à partir de 2004, confirmant le lien de l’ordre avec la famille royale de France. Le comte Jan Dobrzenský z Dobrzenicz avait succédé à Charles-Philippe d’Orléans en 2010. Le prince est toutefois resté grand maître émérite de l’ordre.

La princesse Theresa, la princesse Barbara, le prince Michel, Louis-Nicolas Crépy d’Orléans, Carolina Torio Ballester, la princesse Clotilde et la princesse Béatrice avant la cérémonie d’investiture du prince Français à l’abbaye de Maredsous (Photo : David Nivière)

Le prince François d’Orléans, architecte paysager à Majorque, a épousé en 2014 l’aristocrate allemande Theresa von Einsiedel. Le deuxième fils du prince Michel et son épouse ont eu leur premier enfant, le prince Philippe, en mai 2017. Philippe a accueilli sa petite sœur, la princesse Marie-Amélie, en 2019. Le 4 septembre 2021, le petit prince Raphaël d’Orléans est venu compléter la famille.

Le prince Michel et la princesse Barbara, comte et comtesse d’Évreux, arrivent à l’abbaye de Maredsous ce 16 septembre 2023 (Photo : David Nivière)

Son épouse, la princesse Theresa est la fille du baron Curt Hildebrand von Einsiedel-Wolftitz et d’Amélie de Wurtemberg, princesse d’Urach. Elle descend du prince souverain Florestan 1er de Monaco par sa fille, la princesse Florestine, qui avait épousé le prince Frédéric-Guillaume, issu de la branche d’Urach, une branche morganatique de la famille de Wurtemberg. Le fils de Florestine et Frédéric-Guillaume, Guillaume d’Urach, a été brièvement roi de Lituanie sous le nom de Mindaugas II. La comtesse de Dreux est l’arrière-petite-fille de Mindaugas II, l’un de ses fils, Eberhard, étant le père de sa mère.

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Cérémonie d’investiture du prince François d’Orléans en tant que 51e grand maître de l’ordre de Saint Lazare

Le prince François a été investi ce 16 septembre 2023, au cours d’une cérémonie exceptionnelle dirigée par le père abbé Bernard Lorent, à l’abbaye de Maredsous, un monastère bénédictin situé en province de Namur, en Belgique. D’abord fondé sous forme de prieuré, le monastère a été élevé au rang d’abbaye par le pape Léon XII en 1878. En 1926, par un bref pontifical, l’église abbatiale a été élevée en basilique mineure. Le 3e abbé de Maredsous, Columbia Marmon, a été béatifié par Jean-Paul II en 2000. En 2023, l’abbaye a commémoré le centenaire de la disparition de son célèbre abbé. En 2022, l’abbaye de Maredsous a fêté ses 150 ans présence du roi Philippe et de la reine Mathilde.

L’investiture du prince François d’Orléans s’est déroulée à l’abbaye de Maredsous, en Belgique (Photo : Histoires Royales)
Damien Van Bellinghen, grand prieur émérite du royaume de Belgique et du grand-duché de Luxembourg, aide le futur grand maître à terminer de se préparer avant la messe pontificale (Photo : David Nivière)

La cérémonie a débuté avec l’arrivée en procession des membres, au son de la Marche du Sacre d’Auguste Verrees. À la tête de la procession se trouvait le frère servant Louis-Nicolas Crépy d’Orléans. Dans l’assemblée, on pouvait apercevoir plusieurs membres de la famille royale de France. Le prince Michel d’Orléans, comte d’Évreux, était présent au premier rang pour assister à l’installation de son fils. Le prince Michel était accompagné de son épouse, la princesse Barbara. La princesse Clotilde, sœur de François et également membre de l’ordre, était présente ainsi que leur mère, la princesse Béatrice.

La princesse Barbara, le prince Michel et la princesse Béatrice entourant la princesse Theresa qui photographie son époux pendant sa cérémonie d’installation (Photo : David Nivière)

Après l’ouverture de la cérémonie, le grand cérémoniaire a présenté le prince François à l’ordre, le présentant comme futur grand maître. Le grand capitulaire a confirmé l’élection du prince François à la tête de l’ordre.

Louis-Nicolas Crépy d’Orléans et sa mère, la princesse Clotilde d’Orléans lors de la messe pontificale (Photo : David Nivière)

La branche d’Orléans est intimement liée à l’ordre de Saint Lazare depuis des siècles. On dit que le premier grand maître de l’ordre de Saint-Lazare, à Jérusalem, fut Gérard Tenque dit de Martigues, en 1099. C’est en 1519 qu’un premier Bourbon, le comte de Saint-Paul, descendant direct de Saint Louis, devient le 26e grand maître de l’ordre. En 1720, le prince Louis d’Orléans, duc de Chartres et duc d’Orléans, gouverneur du Dauphiné et petit-fils de Louis XIV, devient le 41e grand maître.

Moment solennel pour le comte de Dreux lors de son installation à la tête de l’ordre de Saint Lazare (Photo : David Nivière)

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Le comte de Dreux devient grand maître de l’ordre de Saint Lazare treize ans après son frère

Après la bénédiction du grand collier par le cardinal Kambanda, le nouveau grand maître a reçu le collier pour remplir ses fonctions. Le prince François a ensuite reçu l’Épée de la Justice dans la main droite, symbolisant l’exercice de son autorité qu’il exercera avec impartialité. Le nouveau grand maître s’est vu remettre l’Étendard des batailles. Sur ce drapeau sont inscrites les batailles auxquelles ont participé les chevaliers de l’ordre depuis la bataille de Gaza en 1244 jusqu’à celle de Dieppe en 1667. Cette bannière d’honneur rappelle le caractère chevaleresque de l’ordre.

Le grand capitulaire remet le collier de l’ordre de Saint Lazare au 51e grand maître (Photo : David Nivière)

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L’installation du nouveau grand maître s’est terminée par sa prestation de serment. Le prince François a promis solennellement « de respecter et d’observer en tout temps » les commandements de Dieux. Il a également promis «  d’administrer et de diriger loyalement et fidèlement l’Ordre militaire et hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem comme il sied à la charge et à la dignité du Grand Maître, de respecter la Charte constitutionnelle, le règlement intérieur, les ordonnances et coutumes de l’Ordre et d’assurer que tous les membres les respectent ».

Moment de recueillement autour du nouveau 51e grand maître de l’ordre de Saint Lazare (Photo : David Nivière)

Une fois l’installation du grand maître terminée, les dignitaires de l’ordre ont présenté tour à tour leurs hommages à leur nouveau grand maître, en guise de reconnaissance et de loyauté. Tous les membres de l’ordre en ont fait symboliquement de même, en criant à l’unisson la devise de l’ordre : « Atavis et Armis ».

Le nouveau grand maître reçoit ses hommages (Photo : David Nivière)

La première action du prince François, en tant que grand maître, a suivi juste après son installation. Le prince François a appelé le frère servant Louis-Nicolas Crépy d’Orléans pour l’élever au rang de chevalier. Louis-Nicolas est le neveu du prince François, fils de la princesse Clotilde d’Orléans. Louis-Nicolas s’est agenouillé devant son oncle, a promis d’observer les règles de l’ordre, et il a été fait chevalier de trois coups d’épée sur les épaules.

Le frère servant Louis-Nicolas Crépy d’Orléans a été fait chevalier de l’ordre par son oncle, tout juste installé grand maître (Photo : David Nivière)

Le cardinal Antoine Kambanda a prononcé son homélie, après la lecture de l’Évangile selon saint Luc (6, 43-49). Le cardinal a également prononcé la bénédiction finale. Le cardinal Kambanda, actuel protecteur spirituel de l’ordre, a été ordonné prêtre en 1990 par le pape Jean-Paul II. Il est devenu évêque de Kibungo en 2013, puis archevêque de Kigali en 2018. En 2020, le pape François l’a créé cardinal lors du consistoire du 28 novembre. « Il est le premier Rwandais à recevoir le titre cardinalice », précise La Croix. À ses côtés ce samedi, se trouvait Mgr Noel Treanor, nonce apostolique auprès de l’Union européenne. En novembre 2022, l’évêque irlandais avait été désigné par le pape François pour devenir son « ambassadeur » après des institutions européennes, l’élevant par la même occasion à la dignité d’archevêque.

Le prince François est reconnu par les membres de l’ordre à l’issue de son investiture (Photo : David Nivière)

Une fois l’Ave Maria de Giulio Caccini terminé, les membres de l’ordre sont sortis en procession de l’église, au son de l’Alleluia de Georg Friedrich Haendel. Un déjeuner dans le réfectoire des moines de l’abbaye de Maredsous était ensuite organisé par le nouveau grand maître après une réception dans le cloître.

Le 51e grand maître pose avec son grand magistère, entouré du nonce apostolique Noël Treanor et du cardinal Antoine Kambanda (Photo : David Nivière)

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La relation entre les rois de France et l’ordre de Saint Lazare

En choisissant le comte de Dreux, l’ordre de Saint Lazare renoue avec sa tradition royale. Au 12e siècle, les Patriarches grecs de Jérusalem avaient sous leur juridiction l’une des léproseries construites à l’extérieur de Jérusalem, connue comme l’hôpital Saint-Lazare. À partir des croisades, cet hôpital eut pour particularité d’accueillir en son sein des chevaliers et des nobles croisés, ayant eux-mêmes attrapé la lèpre ou une maladie. Les chevaliers quittaient alors leur ordre d’origine pour rejoindre ce nouvel ordre, l’ordre de Saint Lazare, et se dévouaient à la protection des pèlerins, tout en prodiguant des soins aux autres chevaliers malades. Lorsque le roi Louis VII de France participa à la deuxième croisade, en 1146, il découvrit le fonctionnement de cet ordre et fut impressionné par les compétences des chevaliers hospitaliers. Louis VII demanda à une poignée de chevaliers de rentrer avec lui en France et il les installa en 1154 dans son château de Boigny-sur-Bionne, qui rapidement deviendra une commanderie-léproserie.

La petite église de Boigny-sur-Bionne, édifice religieux historique de la commanderie de Boigny où l’ordre avait établi sa résidence (Photos : Histoires Royales)

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Le siège de Saint-Jean-d’Acre de 1291 marque la fin de la période des croisades et les dernières positions latines quittent alors l’Orient. Le grand maître de l’ordre de Saint Lazare rejoint Boigny, en France, qui deviendra la commanderie magistrale. En 1308, le roi Philippe le Bel devient le protecteur de l’ordre et déclare ses successeurs comme protecteurs héréditaires de l’ordre. Au fil des siècles, l’ordre fait des émules et se répand en Europe mais la famille royale de France reste active en son sein. Par exemple, le duc de Berry, futur Louis XVI devient grand maître de l’ordre en 1757. En 1773, c’est le comte de Provence, futur Louis XVIII qui occupe cette fonction. Même en exil, confisqué de sa commanderie et de tous ses biens, le comte de Provence continue à diriger l’ordre et à investir de nouveaux chevaliers.

L’actuel château de la commanderie de Boigny, tel que reconstruit en 1700. Seuls quelques vestiges, dont une tourelle, subsistent du château historique saccagé au 16e siècle et laissé à l’abandon (Photo : Histoires Royales)
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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr