Tensions politiques et crise économique, la première journée de la visite d’État du roi Philippe et de la reine Mathilde en Afrique du Sud s’est terminée par un dîner d’État à la résidence du président à Pretoria. Changements de programme et annulation d’invitations, les souverains belges ont probablement vécu leur première journée de visite d’État la plus improbable. La reine Mathilde a préféré ne pas porter de diadème, ce qui ne l’a pas empêchée de scintiller dans sa robe de soirée Natan.
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Une robe Natan scintillante et pas de diadème pour ce dîner d’État raboté
Les diamants représentent plus de 40% de la valeur totale des exportations sud-africaines vers la Belgique et la collaboration économique du secteur diamantaire est au programme de cette visite d’État belge exceptionnelle en Afrique du Sud. L’occasion était idéale pour la reine Mathilde, 50 ans, de sortir l’un de ses délicats diadèmes sertis de diamants pour le banquet d’État organisé ce 23 mars. La reine Mathilde a toutefois préféré ne pas porter de diadème et s’est contentée d’un bijou en diamants piqué dans son chignon.
La reine Mathilde avait-elle pris dans ses bagages un diadème ? A-t-elle décidé à la dernière minute de ne pas le porter ? Est-il prévu dès le départ que le diadème serait inapproprié ? Les banquets d’État, organisé à la fin de la première journée d’une visite d’État, sont les occasions pour les reines de porter un diadème. La reine Mathilde fait toutefois régulièrement l’impasse sur la règle. Il faut dire que cette visite d’État n’a rien de conventionnelle, et ce dès le premier jour à Pretoria.
Le journaliste Wim Dehandschutter qui suit la famille royale belge de près et assiste à toutes les visites d’État depuis des années a qualifié cette première journée de « chaotique » dans les colonnes de HLN. « Le président Cyril Ramaphosa, 70 ans, est arrivé avec une heure de retard, a annulé une partie cruciale du programme et a retiré les deux tiers des invitations à l’événement le plus prestigieux », explique le journaliste.
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Le roi Philippe range son discours et improvise
Même sans diadème, cela n’a pas empêché la reine Mathilde de scintiller. En journée, la reine des Belges avait rendu hommage à son pays en portant des marques belges, dont un imposant chapeau asymétrique de la Maison Delvigne en fibres naturelles. Pour la soirée, la aussi la reine Mathilde a mis à l’honneur son couturier fétiche, la Maison Natan. La reine portait une robe de soirée en tulle, ornée de sequins et fils scintillants.
La visite d’État est la première qu’un souverain belge assure sur le continent africain depuis 2004, lorsque le roi Albert II et la reine Paola s’étaient rendus au Maroc. La précédente visite remontait à 1979, lorsque le roi Baudouin et la reine Fabiola avait enchaîné deux visites d’État au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Les différents souverains, dont le roi Philippe lui-même, ont toutefois effectué de nombreuses visites officielles dans des pays africains, sans que ce soit des visites d’État.
Les visites d’État son extrêmement codifiées et suivent un protocole précis. Les visites sont aussi planifiées longtemps à l’avance et le programme est approuvé par le pays hôte et le pays visiteur. Ce jeudi, ce fut une première, presque de l’improvisation. En cours de journée, la délégation a appris l’annulation d’une visite au Freedom Park, où le roi Philippe s’est alors simplement contenté de déposer une couronne au mémorial, face à la Flamme éternelle.
On notera aussi le retard d’une heure du président sud-africain et son invitation à sa résidence pour laquelle deux tiers des invités ont dû annuler leur présence en dernière minute. Le banquet d’État s’est transformé en dîner. Il a été organisé à la résidence du président, probablement pour des raisons de sécurité. Au départ, 65 invités belges devaient participer au dîner. Ils n’étaient finalement que vingt à table. La reine Mathilde avait donc judicieusement compris que le diadème n’était plus de mise. Le dîner commence toujours par la lecture du discours des deux chefs d’État. Avant le repas, le roi Philippe a lui aussi joué la carte de l’originalité.
Le roi Philippe, 62 ans, a débuté en indiquant qu’il avait prévu un long discours de cinq pages mais qu’il se contenterait de le donner au président pour qu’il le lise. À la place, le roi a décidé d’improviser, ce qui est plutôt rare. Le roi des Belges s’est donc lancé dans un discours improvisé en anglais, dans lequel a surtout parlé de ses rencontres et de ses souvenirs avec Nelson Mandela « qui avait un grand cœur ». Le discours est habituellement le moment durant lequel l’invité fait l’éloge de son hôte et souligne les liens qui unissent leurs deux pays.
🇧🇪🇿🇦 Belgian King Philippe at state banquet in South Africa: “Mister president, I have prepared a very long [5-page] official speech.”
— [Wim Dehandschutter] (@WDehandschutter) March 23, 2023
President Cyril Ramaphosa: “We have the time.”
King: “I will give it to you [later].” And he started to improvise, e.g. about Nelson Mandela. pic.twitter.com/tznFesZf4X
Les changements de programme et l’aménagement du banquet en dîner sont dus aux importantes tensions politiques en Afrique du Sud. Le président Cyril Ramaphosa, empêtré dans des affaires de corruption et accusé de problèmes de gestion, est sur la sellette. Sur le plan international, les autorités sud-africaines sont critiquées pour le manque de position claire concernant la guerre en Ukraine. Le journal sud-africain News 24 explique que le président Cyril Ramaphosa « a chassé les journalistes de la salle » après l’intervention de la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, qui est aussi du voyage. La ministre a évoqué « la politique étrangère non alignée de l’Afrique du Sud sur l’Ukraine ».