Le roi Misuzulu sacrifie un lion avant son couronnement

Ce samedi 20 août 2022, le roi Misuzulu sera couronné lors d’une cérémonie exceptionnelle à Nongoma, en Afrique du Sud. Parmi les rituels pratiqués depuis quelques jours en marge du couronnement, il y a la fameuse chasse aux lions. Misuzulu a tué un lion, puis un taureau, lors d’une chasse rituelle. Il est attendu qu’il porte la peau de ce lion lors de la cérémonie de couronnement.

Lire aussi : La dernière tentative d’empêcher le couronnement du roi des Zoulous a échoué

Le roi Misuzulu perpétue le rituel sacrificiel du lion initié par le roi Chaka et respecté par le roi Goodwill Zwelithini

En mai 2021, le roi Misuzulu a succédé à son père, le roi Goodwill Zwelithini, décédé deux mois plus tôt. La désignation de Misuzulu n’a pas fait l’unanimité au sein de la famille, entraînant divers recours en justice pour tenter de faire annuler son règne. En mars 2022, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a publié une ordonnance présidentielle dans laquelle il reconnaît Misuzulu en tant que roi des Zoulous.

Ce samedi 20 août 2022, après plusieurs reports dus à la crise sanitaire, puis aux intempéries, le couronnement du roi des Zoulous aura lieu à Nongoma, la ville royale située à 300 km au nord de Durban, dans la province de KwaZulu-Natal. Depuis jeudi, diverses cérémonies ont déjà eu lieu. Une cérémonie d’État, qui viendra officialiser son installation, en présence du gouvernement provincial, devrait aussi avoir lieu fin du mois de septembre, peut-être le 24.

Jeudi, le roi Misuzulu, 47 ans, entouré d’un groupe de rangers et de soldats traditionnels, est entré dans la réserve de Mkuze Falls, dans le but de tuer un lion. Il s’agit d’un des rituels préparatoires au couronnement. « En entrant dans la réserve de gibier, ils ont repéré le premier lion mais avant que le roi ne puisse l’abattre, il a disparu dans la brousse », a expliqué un prêcheur à IOL, qui faisait partie de l’entourage du roi lors de cette cérémonie. Les rangers ont conseillé au roi de ne pas suivre l’animal car il devenait trop dangereux une fois dans la brousse.

C’est alors qu’est apparu un deuxième lion, allongé à côté d’un plan d’eau, face au roi et aux chasseurs. « Avant qu’il ne puisse les voir, le roi lui a tiré, dessus dans la patte avant, mais il a dû être aidé par les rangers pour l’achever quand le lion blessé ne s’avance vers eux car il devenait dangereux. »

YouTube video

Lire aussi : Le roi des Zoulous rencontre Miss Afrique du Sud : les réseaux sociaux s’enflamment

Le sacrifice du lion symbolise la prise de pouvoir du roi

Le lion symbolise le roi et le tuer revient à un régicide. Le rituel impose donc de contrer le massacre. Le mot roi est « Ingonyama » en zoulou, le même mot utilisé pour désigner un lion. Il était donc important que le roi se purifie après avoir tué un autre roi. La purification a lieu en tuant un taureau. L’animal a été abattu une fois le roi de retour au palais. Par ailleurs, 10 autres vaches ont été tuées vendredi dans le cadre d’autres rituels liés au couronnement. Selon la BBC, il devrait porter la peau du lion lors de la cérémonie de couronnement de ce samedi au palais KwaKhangelamankengane de Nongoma.

Le premier roi zoulou à avoir tué un lion pour son couronnement est le mythique roi Chaka. Il est le fondateur de la dynastie zouloue. Il a régné sur le royaume zoulou entre 1818 et 1828. Le royaume des Zoulous ou Zoulouland fut indépendant jusqu’à son annexion par les Britanniques en 1887. En 1971, le roi Goodwill Zwelithini, descendant du frère du mythique roi Chaka, s’était inspiré des rituels de son ancêtre pour organiser son couronnement. Il fut donc le deuxième roi des Zoulous à pratiquer le rituel de la chasse au lion. À présent, comme son père, Misuzulu réitère ce rituel.

La semaine dernière, le prince Simakade, demi-frère du roi Misuzulu, s’est autoproclamé roi lors d’une cérémonie de couronnement soutenue par une faction de la famille royale. Un couronnement illégitime, qualifié de « stupide provocation » par les partisans de Misuzulu.

Une partie de la famille reproche à Misuzulu d’avoir volé sa place sur le trône. Normalement, au décès du roi, un conseil de famille se réunit pour élire le successeur parmi les princes de la famille. À la mort du roi Goodwill Zwelithini en mars 2021, son testament indiquait la nomination d’une de ses six épouses, la reine Mantfombi pour assurer la régence le temps de la période du deuil. À l’issue de cette période, le nouveau roi devait être désigné. Rien ne s’était déroulé comme prévu puisque la reine Mantfombi est décédée dans des conditions suspectes, au bout de trois semaines de régence. Le testament de la reine régente désignait son fils, Misuzulu, comme le nouveau roi. Le conseil de famille a bien voté en ce sens, suivant les directives de la défunte reine.

Depuis lors, toute une partie de la famille s’oppose à cette succession. Sa légitimité est pourtant confirmée par le président d’Afrique du Sud et Misuzulu bénéficie du soutien de son oncle, le roi Mswati III d’Eswatini. De nombreuses personnalités sud-africaines lui ont déjà publiquement accordé leur soutien, dont la princesse Charlène de Monaco, qui était très proche de feu Goodwill Zwelithini et qui a d’ailleurs assisté à ses funérailles à Nongoma en 2021.

L’article 212 de la constitution sud-africaine reconnaît un certain nombre de royaumes traditionnels, dans lesquels les monarques occupent un réel rôle de médiateur au niveau local et un rôle symbolique, en tant que garants de la préservation culturelle de leur tribu. Le roi Misuzulu Zulu est le souverain du peuple zoulou, anciennement regroupé dans le Zoulouland, qui aujourd’hui fait partie de la province sud-africaine du KwaZulu-Natal. Parmi les royaumes traditionnels, celui des Zoulous est le plus important en termes de population. On estime à un cinquième de la population sud-africaine appartenant à l’ethnie zouloue.

Arbre généalogique de la famille royale zouloue, cousine de la famille royale swazie depuis peu, et descendante des chefs du clan zoulou (Image : Histoires Royales)

Après des siècles de clans et tribus dirigés par un chef, le royaume des Zoulous (ou Empire zoulou) fut un État reconnu lorsqu’il acquit son indépendance en 1816. À la fin de son règne, en 1883, le roi Cetshwayo kaMpande vit son royaume devenir le Zoulouland et passer sous le contrôle britannique. Lorsque l’Afrique du Sud prit son indépendance en 1961, la république reconnut également une liste de royaumes traditionnels.

La population zouloue étant majoritairement regroupée dans la province du KwaZulu-Natal, qui correspond aussi approximativement au territoire de l’ancien Zoulouland, la famille royale zouloue a été attribuée comme souveraine de ce territoire, le roi des Zoulous y agissant comme un monarque constitutionnel. Par exemple, c’est le roi qui ouvre chaque nouvelle année parlementaire provinciale, comme le fait le roi en Norvège, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. La monarchie zouloue reçoit une subvention annuelle de l’État qui avoisine les 5 millions de dollars.

Avatar photo
Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr