Nerissa et Katherine Bowes-Lyon partageaient le même sang que la reine Elizabeth II. Elles étaient même ses cousines germaines. Les nièces de la reine-mère sont mortes en asile psychiatrique, dans la plus grande indifférence. Trois autres membres de la famille étaient atteintes de la même pathologie. L’épisode 7 de la saison 4 de la série The Crown fait référence à Nerissa et Katherine qui en 1963, furent déclarées mortes en 1940 et 1961. Elles étaient pourtant bel et bien en vie jusqu’en 1986 pour l’une et 2014 pour l’autre. Qui a caché leur existence ?
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Les descendants du comte et de la comtesse de Strathemore
Claude Bowes-Lyon, 14e comte de Strathemore et Kinghorne épousa en 1881 Cecilia Cavendish-Bentinck, petite-fille du 3e duc de Portland. Ensemble, ils eurent 10 enfants. Deux moururent de maladie, l’une de la diphtérie à 11 ans, l’autre de la diphtérie à 24 ans. Le comte de Strathemore et son épouse faisaient partie de la haute aristocratie britannique et leurs enfants survivants aux maladies ont contracté des mariages intéressants, tantôt avec la fille d’un duc, tantôt avec un comte.

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Parmi ces mariages, il y eut celui de Lady Elizabeth, avant dernier enfant. Elizabeth Bowes-Lyon épousa en 1923 le prince Albert, duc d’York. Le prince Albert était le fils du roi George V mais tout le destinait à garder cette position et à seconder son frère, le futur roi Edouard VIII.
Le destin en aura voulu autrement, puisque Lady Elizabeth, fille d’un simple comte deviendra reine consort lorsque son époux fut appelé à monter sur le trône en 1936, sous le nom de règne de George VI, pour succéder à son frère. En effet, moins d’un an après être devenu roi, Edouard VIII abdiqua pour épouser l’Américaine divorcée Wallis Simpson, un mariage incompatible avec sa fonction. Elizabeth devint reine consort et la famille du comte de Strathemore fut du jour au lendemain perçue comme l’une des familles les plus importantes du royaume. Elizabeth et George VI eurent deux filles : Elizabeth et Margaret. Elizabeth est devenue reine en 1952 et sa sœur Margaret est décédée en 2012.
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Nerissa et Katherine Bowes-Lyon ont été internées depuis leur adolescence
Parmi les autres enfants du comte de Strathmore, il y a leur deuxième fils, John Bowes-Lyon, frère de celle qui deviendra la reine Elizabeth, mère d’Elizabeth II. John Bowes-Lyon épousa Fenella Hepburn-Stuart-Forbes-Trefusis, fille du 21e baron Clinton. Ensemble, ils auront cinq filles, dont l’une mourut dans son enfance. Parmi les quatre filles survivantes, l’une deviendra la princesse Anne de Danemark lors de son deuxième mariage et deux autres furent atteintes d’une maladie mentale : Nerissa et Katherine.
Nerissa Bowes-Lyon, née le 18 février 1919 et Katherine Bowes-Lyon, née le 4 juillet 1926 furent internées en 1941 au Royal Earlswood Asylum for Mental Defectives, un hôpital psychiatrique au sud de Londres. Elles avaient 22 et 15 ans.
À l’époque, peu de gens connaissaient l’existence des nièces de l’épouse du roi George VI et les maladies mentales étant un sujet tabou, mieux valait ne pas parler d’elles. Comme expliqué dans « The Queen’s Hidden Cousins », un documentaire diffusé sur Channel 4, dans l’édition de 1963 du Burke’s Peerage, l’ouvrage de référence, considéré comme le bottin de la noblesse britannique, Nerissa et Katherine sont inscrites comme mortes en 1940 et en 1961.
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Les cousines handicapées de la Reine étaient indiquées comme mortes
Contrairement à ce qu’indique cet almanach de la noblesse, Nerissa et Katherine ont vécu respectivement jusqu’à 66 et 87 ans. Qu’est-il arrivé aux cousines d’Elizabeth et la princesse Margaret ?
Selon les témoignages, elles ont passé toute leur vie à Earlswood, considérées atteintes de « crétinisme » aussi appelé « débilisme » (ou décrites comme « imbeciles » en anglais). Selon leur petit-cousin maternel, Lord Clinton, qui s’est exprimé dans le Glasgow Herald en 1987, sa grande-tante, mère de Nerissa et Katherine serait à l’origine de la confusion dans la date de leur mort.
Selon lui, Fenella, l’épouse de John Bowes-Lyon aurait indiqué à Burke’s Peerage que ses filles étaient mortes en 1963 par confusion. Il qualifie Fenella de « personne floue ». « Elle était une personne âgée à cette époque. Ces formulaires arrivent chaque année et j’imagine qu’il a été complété de façon erronée ou pas complété du tout. Je ne pense pas qu’il y ait plus que ça là-dedans », assure le descendant du comte de Strathemore qui ne semble pas croire que la mère des deux filles ait voulu dissimuler leur existence.

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Qui était au courant de l’existence des nièces de la reine-mère ?
Dans le documentaire sorti en 2011, des anciennes infirmières de l’asile psychiatrique affirment que jamais aucun parent ni membre de la famille royale a rendu visite aux deux sœurs. Elles ne reçurent aucune carte de vœux à Noël ni à aucune occasion, alors qu’elles savaient parfaitement qui elles étaient et qui étaient les célèbres membres de leur famille.
Quand Nerissa mourut en 1986, une simple étiquette en plastique avec un numéro d’identification fut collé sur la croix, posée au dessus de sa sépulture. Dans les années 80, l’existence des cousines fut révélée et soudainement une pierre tombale fut posée après la révélation de son identité dans la presse.
Trois autres cousines de Katherine et Nerissa Bowes-Lyon étaient internées
Ce n’est pas tout. Trois autres cousines de Nerissa et Kahterine furent internées en même temps qu’elles. Idonea Elizabeth Fane, Rosemary Jean Fane et Ethelreda Flavia Fane, mortes en 1972, 1996 et 2002, étaient les filles d’Henry Nevile Fane et d’Harriet Hepburn-Stuart-Forbes-Trefusis, fille du 21e baron Clinton et sœur de Fenella. Ces trois filles n’ont donc pas de lien de parenté direct avec la reine Elizabeth II.
Les études du docteur David Danks du Murdoch Institute ont permis de comprendre que les 5 cousines avaient hérité d’une maladie génétique altérant leurs capacités mentales. La maladie avait tué les garçons de la famille alors que les filles avaient survécu mais étaient handicapées. La maladie provient du côté maternel et a probablement été transmise par le 21e baron Clinton, père de Fenella et Harriet.
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Qui était au courant de l’existence des sœurs Bowes-Lyon envoyées à l’asile ?
La famille royale était-elle au courant de l’existence des cousines de la Reine atteintes de maladies mentales ? L’épisode 7 de la saison 4 de la série The Crown laisse penser que la reine-mère, tante de Nerissa et Katherinen, était au courant que pendant tout ce temps elles étaient en vie, alors qu’elles étaient déclarées mortes. Ce détail est d’autant plus choquant que la reine-mère Elizabeth était la marraine de la Royal Mencap Society, une association qui vient aide aux personnes atteintes de retards mentaux et de difficultés d’apprentissage.
Selon The Sun, qui revient sur cette affaire, un journal britannique prétend que la reine-mère a été mise au courant de cette situation seulement en 1982, contrairement à ce qu’indique la série, et que depuis lors, elle leur envoyait une somme d’argent conséquente à Noël et à d’autres occasions. Le père des deux filles, le baron Clinton, lui, envoyait seulement 125 £ chaque année à l’hôpital pour leurs soins.

Rien n’indique que la princesse Margaret ait été mise au courant de l’existence et de la condition de vie de ses cousines germaines, contrairement à ce que prétend la série. Concernant la reine Elizabeth, là non plus, rien ne permet d’affirmer qu’elle était au courant et le cas échéant, si oui ou non elle a aidé ses cousines Nerissa et Katherine.
Quand l’asile du Royal Earlswoord a fermé ses portes en 1997, Katherine Bowes-Lyon qui était encore en vie, a été transférée dans un autre hôpital psychiatrique du Surrey. Dans un article du Daily Mail, une ancienne infirmière d’Earlswood avoue que les patients étaient maltraités. Dans le documentaire de Channel 4, une ancienne infirmière révèle aussi que les cousines auraient pu aujourd’hui « être compréhensibles si elles avaient suivi des cours d’orthophonie et qu’elles auraient pu mieux communiquer. Elles comprenaient plus que ce qu’on aurait pu croire. C’était trop triste. Pensez à ce que leur vie a pu être. Elles étaient deux sœurs adorables ». Aujourd’hui les bâtiments d’Earlswood ont été réaménagés en appartements de luxe.
Sources : The Sun, Glasgow Herald, Channel 4, Mail Online, Bustle