Il aura fallu attendre 21 ans pour qu’un président français invite son homologue belge à effectuer une visite d’État dans son pays. Emmanuel Macron a finalement libéré de la place dans son agenda politique chargé pour accueillir le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique à Paris. Le roi et la reine des Belges visiteront la capitale ainsi que Lille, du 14 au 16 octobre. Pourquoi cette visite d’État est-elle exceptionnelle et quels sont les temps forts attendus durant ces trois jours ?
Le président Macron rend finalement la pareille au roi Philippe
Le 27 octobre 2003, le roi Albert II et la reine Paola de Belgique arrivaient tout sourire au palais de l’Élysée, accueillis par le président français Jacques Chirac. Ce 16 octobre 2024, soit presque 21 ans plus tard jour pour jour, le roi Philippe, 64 ans, fils d’Albert II et Paola, sera accueilli avec son épouse, la reine Mathilde, 51 ans, par le président français Emmanuel Macron au palais de l’Élysée.
Avant l’accueil au palais de l’Élysée, le roi et la reine des Belges fouleront d’abord les quais de la Gare du Nord, où les souverains arriveront en Eurostar. Une cérémonie d’accueil protocolaire est ensuite prévue au pied de l’Arc de Triomphe, avant de rejoindre l’Élysée. Ces cérémonies sont attendues depuis deux décennies car depuis 2003, aucun autre président français, ni Sarkozy ni Hollande, n’avait invité ses voisins. Les voyages en France sont bien évidemment nombreux mais les visites d’État sont plutôt rares. Ce voyage sera la quinzième visite d’État du roi Philippe à l’étranger depuis le début de son règne en 2013. La visite a un caractère particulier, puisqu’il s’agit de la première visite d’État sortante du roi Philippe cette année. Habituellement, le couple royal belge répond à deux invitations par an (une visite d’État au printemps et une autre à l’automne).
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Une visite d’État est un voyage – souvent de 2 à 3 jours – organisé par un chef d’État qui invite un autre chef d’État à découvrir son pays. Une visite d’État ne peut en principe avoir lieu entre deux mêmes chefs d’État qu’une seule fois au cours de leur mandat respectif. Cela s’applique aussi lorsque le chef d’État est un monarque. Une fois la visite d’État effectuée, les prochains voyages sont des visites officielles, qui ne nécessitent pas le même protocole. La visite d’État est le voyage qui adopte les plus hauts standards protocolaires tout au long du séjour. Le programme suit aussi un ensemble de conventions. Habituellement, la première journée commence par une cérémonie d’accueil protocolaire, un moment de recueillement devant un monument, des réunions bilatérales avec les différentes autorités du pays et un banquet d’État en soirée. La deuxième journée est consacrée à des visites culturelles ou de coopération entre les deux pays. La deuxième journée se termine par un événement de remerciement organisé par le chef d’État visiteur et la troisième journée peut éventuellement se dérouler en dehors de la capitale.
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Une visite d’État aux temps forts et symboliques
Toutes ces conventions seront bien au programme de cette visite d’État organisée par Emmanuel Macron qui, à la moitié de son deuxième mandat, corrige finalement son impair. Lorsqu’un chef d’État invite chez lui son homologue, il est convenu qu’une visite d’État de retour soit organisée dans les années suivantes, dans l’autre pays. Le roi Philippe et la reine Mathilde ont invité Emmanuel et Brigitte Macron en visite d’État en Belgique en 2018. Du côté belge, il faut l’admettre, les invitations sont également rares puisque la précédente visite d’État était celle de Georges Pompidou, à l’invitation du roi Baudouin, en 1972.
Malgré la rareté des invitations à de véritables visites d’État, les rencontres entre les présidents français et les rois des Belges sont très fréquentes, que ce soit à Paris ou à Bruxelles. Cette année, le roi Philippe et la président Macron se sont rencontrés à de multiples reprises, notamment lors des cérémonies du Débarquement en Normandie et à Paris, dans le cadre des Jeux olympiques. Le roi Philippe et la reine Mathilde se sont rendus à l’Élysée en juillet, juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. La sœur du roi Philippe, la princesse Astrid, était quant à elle à l’Élysée à la fin du mois d’août, avant le lancement des Jeux paralympiques.
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Un programme exceptionnel et symbolique
L’amitié franco-belge sera véritablement mise à l’honneur durant cette visite, qui rappellera aussi les liens historiques et familiaux qui unissent les souverains belges à la France. Après l’accueil protocolaire à l’Élysée, le roi Philippe et la reine Mathilde déjeuneront avec le nouveau premier ministre, Michel Barnier, à Matignon. Dans l’après-midi, le roi Philippe se rendra à l’Hôtel des Invalides pour parler défense, tandis que la reine Mathilde accompagnera Brigitte Macron au palais Garnier, où il sera question de mettre en lumière la collaboration entre l’Opéra de Paris et l’opéra de La Monnaie de Bruxelles.
En soirée, c’est au palais de l’Élysée que le président Macron organisera un dîner d’État pour ses invités. Les dîners ou banquets d’État sont eux aussi extrêmement codifiés, suivant un protocole presque similaire d’une visite à l’autre. Les reines et princesses sont aussi les seules à pouvoir porter un diadème. La reine Mathilde portera-t-elle un diadème lundi prochain ? Personne ne le sait mais rien n’est moins sûr. La reine Mathilde a pour habitude de ne pas user de ce privilège et préfère être plus modeste, surtout lorsqu’il s’agit d’une visite d’État à l’étranger. Elle préfère alors porter un bijou de tête ou d’autres bijoux. Tout de même, lors de la dernière visite d’État du couple royal belge en Allemagne, en 2023, la reine Mathilde portait son diadème des Neuf Provinces, dans sa version allégée en bandeau. Lorsque Philippe et Mathilde avaient convié Emmanuel et Brigitte Macron à Bruxelles en 2018, la reine des Belges portait également son diadème des Neuf Provinces dans sa version bandeau.
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Le roi Philippe visitera Chantilly, propriété de ses ancêtres, pour inaugurer une exposition sur son aïeule
Mardi 15 octobre, le roi Philippe et la reine Mathilde participeront à un forum avec des entreprises et des startup. Leur déjeuner aura lieu à la Résidence de Belgique, où le couple royal retrouvera des personnalits belges qui habitent en France. Dans l’après-midi, Philippe et Mathilde visiteront la Sorbonne où une présidentation académique les attend, mettant en lumière la coopération existante entre les institutions universitaires belges et françaises. Comme le veut la tradition, le roi Philippe organisera une soirée à Paris pour remercier le couple présidentiel de son hospitalité. Le couple royal belge a choisi d’organiser un dîner au centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition consacrée au surréalisme.
La troisième et dernière journée, celle du mercredi 16 octobre, ne sera pas la moins intéressante. Cette troisième journée sera aussi chargée. Le roi Philippe et la reine Mathilde quitteront Paris et seront d’abord en visite au château de Chantilly, accompagnés par Brigitte Macron. Le château de Chantilly a longtemps été la propriété de la famille de Montmorency, avant de passer au 17e siècle dans le giron des Bourbon-Condé, des ancêtres du roi Philippe.
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Fin du voyage à Lille pour Philippe de Belgique, en écho au voyage de ses parents
Outre la majesté du château de Chantilly, l’activité proposée aux souverains belge est elle aussi symbolique. Le roi Philippe, la reine Mathilde et Brigitte Macron inaugureront une exposition consacrée à Louise d’Orléans. Cette visite mettra à l’honneur les liens entre la dynastie belge et l’histoire monarchique française. Le roi Louis-Philippe 1er est considéré comme le grand-père de la famille royale belge. Le roi des Français était le beau-père du premier roi des Belges. Le roi Léopold 1er a épousé Louise d’Orléans en 1832. Ils sont les fondateurs de la dynastie belge. Le roi Philippe pourra ainsi se replonger dans la vie de son aïeule, la reine Louise étant son arrière-arrière-arrière-grand-mère.
Enfin, dernière étape du voyage, le couple royal prendra la direction du Nord. À l’invitation de Martine Aubry, maire de Lille, le roi Philippe et la reine Mathilde visiteront la cité nordiste. Martine Aubry les accompagnera lors de leur visite, après les avoir invités à déjeuner. Cette visite est un symbole de plus puisqu’elle fait aussi écho à celle des parents du roi Philippe. Le roi Albert II et la reine Paola étaient également passés par Lille lors de leur visite d’État en 2003, où ils étaient accompagnés par Nicolas Sarkozy, qui était le ministre de l’Intérieur de l’époque. De Lille, le roi Philippe et la reine Mathilde reprendront le train en direction de Bruxelles.
Avant la visite d’État de 2003, le frère d’Albert II, le roi Baudouin, avait lui aussi répondu à une invitation française. Baudouin avait été reçu à Paris par François Mitterand, le 30 novembre 1992, moins de huit mois avant son décès. Le roi Baudouin avait même eu droit à deux invitations. Le général de Gaulle avait également organisé une visite d’État pour le roi Baudouin en 1961.
