Le mariage de la princesse Mako : ses adieux à la famille impériale après 4 ans de polémiques

En septembre 2017, la princesse Mako présentait au monde son fiancé, Kei Komuro, rencontré à l’université. Quatre ans plus tard, le couple s’est marié civilement au Japon. La fille ainée du prince héritier Fumihito a abandonné ses titres, son statut, son travail, sa place au sein de la famille. Atteinte d’un trouble de stress post-traumatique complexe à cause de la pression autour de son mariage, l’ancienne princesse s’apprête à rejoindre les États-Unis pour démarrer sa nouvelle vie de roturière.

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Un mariage d’amour approuvé par dépit par la famille impériale

En septembre 2017, la princesse Mako et Kei Komuro apparaissaient pour la première fois officiellement ensemble, lors d’une conférence de presse annonçant leurs fiançailles. Le mariage était prévu pour novembre 2018. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les règles de la Maison impériale exigent qu’une princesse quitte la famille de l’empereur lors de son mariage avec un roturier.

En septembre 2017, la princesse Mako présentait son fiancé, Kei Komuro, lors d’une conférence de presse (Photo : Pool/Jiji Press/ABACAPRESS.COM)

Depuis plusieurs décennies, le sort des princesses qui se marient est connu et c’est une quasi fatalité. Dans le cas de la princesse Mako, ce n’est pas sa privation de titre qui a posé problème mais bien un différend financier dans la famille de Kei Komuro. Dans le courant de l’année 2018, on apprenait que le mariage était repoussé afin de laisser plus de temps pour son organisation. En réalité, la famille impériale tentait de mettre fin à ce mariage.

La mère de Kei Komuro est en litige avec son ex-compagnon, qui lui réclame un remboursement du soutien financier qu’il a apporté pour l’éducation de son fils. On parle d’une somme d’environ 30 000 euros. Une somme qui aurait pu être réglée discrètement et rapidement mais qui jusqu’à aujourd’hui est toujours impayée.

L’année dernière, le prince héritier Fumihito d’Akishino, frère cadet de l’empereur Naruhito, a finalement donné son accord pour que sa fille épouse Kei Komuro. «La Constitution stipule que le mariage doit être fondé uniquement sur le consentement mutuel des deux sexes. Si c’est ce qu’ils veulent vraiment, je pense que c’est quelque chose que je dois respecter en tant que parent», avait fini par affirmer l’héritier du trône de Chrysanthème lors d’une conférence de presse organisée à Tokyo à l’occasion de son 55e anniversaire. La princesse héritière Kiko, mère de la princesse Mako, en a fait de même cette année dans une lettre envoyée à l’occasion de son anniversaire et relayée par Japan Times.

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Le mariage de la princesse Mako et Kei Komuro

Ce 26 octobre en matinée, la Maison impériale a fourni les papiers du mariage à l’État civil, au nom des deux époux. L’union civile a eu lieu à ce moment-là. Quelques minutes plus tard, Kei Komuro a quitté sa résidence à Yokohama. À Tokyo, la famille héritière est apparue sur le pas de la porte de leur résidence d’Akasaka. La princesse Mako, qui à ce moment précis est déjà officiellement Mako Komuro, portait une robe bleu pâle et tenait un bouquet de fleurs en main. Elle s’est inclinée à plusieurs reprises devant ses parents, le prince héritier Fumihito et la princesse héritière Kiko. Sa sœur, la princesse Kako, l’a prise dans les bras. L’émotion était perceptible chez la princesse Kako. Mako a quitté le palais d’Akasaka pour rejoindre un hôtel de la capitale.

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La princesse Kako était très émue en faisant ses adieux à sa sœur. La princesse Mako quitte la résidence familiale le jour de son mariage (Photo : Jiji Press/Abacapress)

Quelques jours avant le mariage, la princesse Mako avait organisé différentes cérémonies à titre privé. La famille impériale a décidé qu’il n’y aurait aucune cérémonie traditionnelle shinto habituelle, en raison des polémiques autour du mariage. Avoir une dette est considéré comme un déshonneur et l’opinion publique s’est montrée très critique envers Kei Komuro. Les Japonais attendent que ce soit une personne irréprochable qui épouse la fille du futur empereur. Il y a quelques mois, Kei Komuro a publié un rapport de 24 pages dans lequel il détaillait les raisons du litige financier de sa mère et dans lequel il promettait de rembourser lui-même la somme dont il était question.

La princesse Mako s’incline devant ses parents, le prince héritier Fumihito et la princesse héritière Kiko, devant le pas de la porte du palais d’Akasaka, en présence de sa sœur (Photo : Jiji Press/Abacapress)

Après avoir terminé ses études de droit à l’université chrétienne internationale de Tokyo, où il a rencontré la princesse Mako, Kei Komuro devait prolonger ses études aux États-Unis, après son mariage, initialement prévu en novembre 2018. Si le mariage a été annulé, son départ pour New York a bien eu lieu, où il a étudié pendant 3 ans à l’université de Fordham, dont il est diplômé depuis le mois de mai. Il est à présent inscrit au barreau de New York et vient tout juste de rejoindre un cabinet d’avocats.

Ces derniers jours, la princesse Mako s’est rendue à titre privé aux mausolées de ses arrière-grands-parents, l’empereur Hirohito et l’impératrice Kojun, pour leur signifier son mariage. Elle a également déposé des offrandes au sanctuaire de ses ancêtres. Habituellement, ces cérémonies sont réalisées dans un cadre officiel selon un cérémoniel particulier. Les seuls traditions organisées en marge du mariage furent les rencontres avec son oncle et sa tante, l’empereur Naruhito et l’impératrice Masako, puis celle avec ses grands-parents, l’empereur émérite Akihito et l’impératrice émérite Michiko.

En épousant un roturier, la princesse Mako a perdu son titre de princesse. Elle a perdu son statut au sein de la famille et son nom a été rayé des registres impériaux en même temps que la signature de son mariage. La princesse Mako a dû rendre la diadème et la parure de diamants que reçoivent toutes les princesses le jour de leurs 20 ans. La princesse Mako, qui a étudié l’histoire de l’art, devra se trouver un nouveau travail aux États-Unis. Elle travaillait jusqu’à présent pour la famille impériale, marraine de plusieurs associations et impliquée notamment dans l’éducation des personnes malentendantes.

Avant de quitter la famille impériale, la princesse Mako a reçu différentes décorations à la hâte, de la part de délégations étrangères. Le Brésil a remis une distinction honorifique à la princesse Mako. L’ambassadeur du Paraguay a également récompensé la princesse la semaine dernière. Son dernier engagement officiel au sein de la famille impériale a eu lieu il y a quelques jours, lorsqu’elle assistait pour la dernière fois à la cérémonie annuelle des offrandes à la déesse Amaterasu.

La princesse Mako porte ici son diadème pour la première fois, le jour de ses 20 ans, après avoir rencontré son grand-père, l’empereur Akihito. Elle porte aussi le collier assorti et l’écharpe jaune et rouge de Grand Cordon de l’ordre de la Précieuse couronne (Photo : Jiji Press/Abacapress)

Afin de faire profil bas au maximum, la princesse Mako était d’accord de réduire son mariage à une simple union civile, comme le désirait aussi ses parents, qui eux craignaient d’associer la famille impériale à un tel mariage. Par conséquent, la princesse Mako a renoncé à recevoir la dotation à laquelle elle avait droit à son mariage. La constitution prévoit que l’État donne une somme d’argent conséquente en compensation des titres et du statut perdus par la mariée. Cette somme est habituellement de 150 millions de yens, soit environ 1,1 million d’euros. La princesse a demandé à ne pas recevoir cet argent, ne voulant pas être redevable de quoi que ce soit envers le contribuable, qui n’approuve qu’à moitié son mariage.

La conférence de presse du mariage de la princesse Mako

À 14 heures très précises, Mako et Kei Komuro étaient attendus dans un hôtel de Tokyo où ils avaient organisé eux-mêmes une conférence de presse. Hier, un communiqué indiquait que l’organisation de la conférence de presse était modifiée. La princesse Mako se contenterait de lire une déclaration. Le couple a également répondu par écrit à cinq questions présélectionnées par les journalistes. La princesse Mako a préféré annuler la séance de questions réponses en raison de son état de santé qui ne lui permet pas d’affronter les questions des journalistes.

Kei et Mako Komuro ont organisé une conférence de presse ce 26 octobre 2021 (Photo : capture d’écran vidéo)

Il y a quelques semaines, le psychiatre de la princesse Mako a rendu public son diagnostic psychiatrique. La princesse Mako souffre d’un trouble de stress post-traumatique complexe lié à la pression autour de l’organisation de son mariage. Ces dernières années, elle a affronté seule les critiques et les attaques régulières autour de son mariage. Kei Komuro est resté vivre aux États-Unis durant tout ce temps, sans prendre la parole. On a également appris il y a quelques jours que Kei Komuro et la princesse Mako ne s’étaient plus vus depuis 3 ans et 2 mois, soit depuis le jour où Kei Komuro est parti étudier à New York. Ils se sont revus pour la première fois en trois ans ce lundi, lorsque Kei Komuro s’est rendu au palais d’Akasaka pour rencontrer ses futurs beaux-parents.

Mako et Kei Komuro ont pris la parole lors de la conférence de presse (Photo : Jiji Press/Abacapress)

Durant cette conférence de presse, organisée dans un hôtel et non dans un bâtiment officiel et aux frais des jeunes époux, la princesse Mako a présenté ses excuses envers ceux qui désapprouvaient son mariage et pour le trouble causé. Kei Komuro a réaffirmé son amour : «J’aime Mako. On ne vit qu’une seule fois et je veux passer ma vie avec la personne que j’aime». À 14 heures 12, la conférence de presse prenait fin, le couple a salué ensemble les journalistes avant de se diriger vers la sortie.

La première apparition de la princesse Mako en tant que Mako Komuro (Photo : capture d’écran vidéo)

La princesse Mako, connue à présent comme Mako Komuro, a fêté son 30e anniversaire ce 23 octobre 2021. Elle a vécu un dernier tourment ces derniers jours, alors que son grand-père, le père de la princesse héritière Kiko, a été emmené d’urgence à l’hôpital. Elle lui a rendu visite à deux reprises avec sa sœur Kako, entre deux préparatifs du mariage.

(Image : Histoires Royales)

Mako est la fille ainée du prince héritier Fumihito d’Akishino et la nièce de l’empereur actuel Naruhito. L’empereur Naruhito et l’impératrice Masako ont une fille unique, la princesse Aiko. Les femmes ne pouvant accéder au trône du Chrysanthème, c’est le frère cadet de l’empereur qui est son héritier. Le prince héritier Fumihito et la princesse héritière Kiko sont les parents de Mako, Kako et Hirohito.

Le prince Hirohito, 15 ans, est 2e dans l’ordre de succession au trône impérial du Japon. Il est aussi le seul par lequel la dynastie peut se poursuivre. Le prince Masahito, oncle de l’empereur actuel, âgé de 85 ans, est le troisième et dernier membre de la famille à figurer dans l’ordre de succession selon les critères actuels. Le prince Masahito n’a pas d’enfants.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr