Le mariage impérial du grand-duc Georges de Russie

Ce 1e octobre 2021 s’est déroulée la tant attendue cérémonie de mariage du grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie et de Rebecca Victoria Romanovna Bettarini. Il s’agit du premier mariage impérial en Russie depuis plus de 100 ans. Le mariage religieux s’est déroulé devant un parterre de plusieurs milliers d’invités, réunis à la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, là où le tsar Pierre le Grand s’était marié en 1707.

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Un mariage impérial en Russie

Le grand-duc Georges Mikhaïlovitch a scellé son destin devant Dieu à Victoria Romanovna, devenue princesse Romanoff à son mariage. Ce 1e octobre, plusieurs milliers d’invités venus du monde entier ont été témoins de leur engagement solennelle à la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg. Le grand-duc Georges, fils de la grande-duchesse Maria Vladimirovna, prétendante au trône impérial, avait annoncé ses fiançailles au début de l’année 2021 avec Rebecca Bettarini, fille de l’ambassadeur italien Roberto Bettarini.

Rebecca est connue comme Victoria Romanovna depuis sa conversion à la religion orthodoxe en juillet 2020, en recevant le sacrement de la chrismation, à la cathédrale Paul-et-Pierre. Le 24 septembre 2021, Victoria Romanovna a épousé civilement le grand-duc Georges à Moscou. La mariée a reçu à cette occasion le titre de princesse Romanoff par sa belle-mère, un titre qui s’accompagne du prédicat d’Altesse sérénissime.

Ce 1e octobre, Georges et Victoria se sont mariés religieusement. Il s’agit du premier mariage Romanov en Russie depuis 100 ans. Le dernier mariage à s’être déroulé en Russie était celui du prince Andreï Alexandrovitch et Elisabetta di Sasso-Ruffo, en juin 1918, membres cadets de la famille impériale. Plus aucun mariage d’un Romanov n’a été célébré dans cette cathédrale depuis le mariage de Pierre le Grand avec Marthe Hélène Skavronskaïa, connue plus tard comme Catherine 1e, en 1707.

La cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg (Photo : Histoires Royales)

Le mariage s’est déroulé à la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, ville fondée par Pierre le Grand il y a plus de 300 ans. La construction de la cathédrale fut la préoccupation de trois empereurs successifs. Il a fallu 40 ans, de 1818 à 1858 pour construire la somptueuse cathédrale d’une superficie de 4 000 m2. Elle est la troisième plus grande cathédrale du continent, après la basilique Saint-Pierre de Rome et la cathédrale Saint-Paul de Londres. Son dôme de 28 mètres de diamètre culmine à 101 mètres de hauteur.

La cathédrale Saint-Isaac de face (Photo : Histoires Royales)

Sa construction a été initiée par Alexandre 1e mais il ne l’a jamais vue terminée. La construction s’est prolongée durant les 30 ans de règne de Nicolas 1e (de 1825 à 1855), et s’est terminée sous le règne d’Alexandre II. L’inauguration et la consécration de la cathédrale ont mobilisé l’empereur et sa famille pendant une journée entière, le 30 mai 1858. Le 30 mai est le jour de la Saint-Isaac de Dalmate. C’est aussi le jour de naissance de Pierre le Grand, fondateur de Saint-Pétersbourg, en 1703.

Vue sur la place et sur l’hôtel Astoria où les mariés organisent une réception après la cérémonie, depuis le dôme de la cathédrale (Photo : Histoires Royales)

La cérémonie de mariage à la cathédrale Saint-Isaac

Georges et Victoria avaient déjà célébré leurs fiançailles religieuses le 24 janvier 2021. Les fiançailles religieuses sont la première partie de la célébration d’un mariage orthodoxe. Habituellement, les fiançailles religieuses sont célébrées le même jour que le mariage, dans le vestibule de l’église, et constituent la première étape des célébrations, juste avant d’entrer dans le cœur de l’édifice et de procéder au mariage. Les fiançailles de Georges et Victoria ont eu lieu au monastère d’Ipatiev en janvier 2021, là où le tsar Michel, le premier empereur Romanov, a été appelé à monter sur le trône en 1613.

Ce 1e octobre 2021, Victoria Romanovna est arrivée au bras de son père dans la cathédrale. Pour la première fois, les invités ont pu apercevoir la robe de la mariée, gardée jusqu’ici secrète. Cette robe, confectionnée par des créateurs italiens et russes, était le secret le mieux gardé durant tous les préparatifs du mariage.

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Les mariés souhaitaient honorer les traditions de l’ancienne famille impériale, depuis l’envoi des cartons d’invitation jusqu’au choix des alliances. Par exemple, le sceau impérial était frappé sur les cartons d’invitation à l’aide d’un tampon d’origine datant d’avant la Révolution. Sur la tête, la mariée portait un diadème Chaumet, un joaillier qui a une longue histoire avec la famille impériale. Il en va de même pour le choix des alliances, dont la confection a été confiée à Fabergé.

Les alliances ont été confectionnées par Fabergé, un joaillier connu pour avoir conçu 54 œufs pour la famille impériale. Les œufs de Pâques réalisés par le joaillier pour Alexandre III, fin du 19e siècle, puis pour son fils, Nicolas II, sont devenus célèbres dans le monde entier. Le tsar Alexandre III avait croisé la route du joaillier Pierre-Karl Fabergé en 1882 lors d’une exposition. Séduit par le travail de cet artisan récompensé, il lui commande des boutons de manchette, qui l’impressionneront. Deux ans plus tard, Fabergé était nommé fournisseur de la Cour impériale, en concurrence avec Bolin, l’autre joaillier impérial.

(Photo : Histoires Royales)
Le grand-duc Georges attend Victoria au début de la cérémonie (Photo : Histoires Royales)

Les arrière-arrière-grands-parents du grand-duc Georges, le grand-duc Vladimir Alexandrovitch et la grande-duchesse Maria Pavlovna, étaient parmi les clients les plus importants de Fabergé au sein de la famille Romanov à partir des années 1880. La collaboration entre Fabergé et les mariés rappelle la relation historique entre la Maison Romanov et le joaillier.

Arrivée de la grande-duchesse Maria Vladimirovna au mariage de son fils unique (Photo : Histoires Royales)
La grande-duchesse Maria Vladimirovna porte une robe bleu givré comme la couleur du cordon de l’ordre de Saint-André (Photo : Histoires Royales)

La robe et le diadème de Victoria Romanovna

Le grand-duc Georges était très ému en apercevant Victoria entrer dans la cathédrale dans une robe blanche suivie d’une traine de six mètres. C’est à la créatrice libanaise Reem Acra que Victoria Romanovna a confié la création de sa robe. La couturière est célèbre dans le monde entier et a réalisé des tenues pour de grandes actrices hollywoodiennes. 

Le grand-duc Georges Mikhaïlovitch, la princesse Romanoff, le métropolite Varsonofi de Saint-Pétersbourg et le prince Boris de Bulgarie, héritier du roi Siméon II (Photo : Kovalev Peter/Tass/ABACA)
(Photo : Histoires Royales)

«Reem Acra a un goût exquis et ses robes sont conçues de manière holistique, comme si elles étaient un chef-d’œuvre de l’architecture», nous explique la mariée, qui n’avait que deux exigences : une robe raffinée et moderne. Il s’agit d’une robe en mikado de soie italien, un classique des robes de mariées italiennes des années 60, faisant honneur aux origines italiennes de la mariée.

La robe est à la fois complexe et sophistiquée, moderne et classique. Il s’agit d’une robe à longues manches avec une traine de 6 mètres et une cape créées par la couturière russe Elina Samarina.

Victoria Romanovna Bettarini, princesse Romanoff (Photo : Histoires Royales)

Elina Samarina, fondatrice de la marque Sergio Marcone, a réussi à ajouter des éléments symboliques et culturels en broderie. La broderie est un art traditionnel ancien en Russie. Il était important pour la mariée, qui entre en même temps dans l’histoire de la famille impériale, de rendre hommage à son nouveau pays d’adoption. La broderie effectuée sur le voile est de style Torzhok et est directement réalisée à travers le tulle. Il a fallu cinq semaines pour les réaliser.

Détails de la traine de la mariée (Photo : Histoires Royales)

Les motifs brodés sur le voile représentent des symboles «avec lesquels chaque Russe peut s’identifier. Le voile exprime la continuité entre le présent et le passé, et il est issu d’une collaboration de haut niveau entre nos pays». 

Sur la tête, la mariée portait un diadème Chaumet. Chaumet est l’une des maisons de joaillerie qui pendant plusieurs générations a fourni la Cour impériale de Russie en bijoux. La grande-duchesse Maria Pavlovna, arrière-arrière-grand-mère du grand-duc héritier Georges Mikhaïlovitch était l’une des meilleures clientes du joaillier français, fin du 19e siècle. Joseph Chaumet en personne a reçu l’ordre de Sainte-Anne pour le remercier des services rendus à la famille impériale.

Victoria avait choisi son diadème Chaumet lors d’une visite place Vendôme à Paris, au début de l’année. Il est rare que de nouveaux diadèmes soient créés et viennent compléter la collection de bijoux royaux. C’est pourtant une tiare contemporaine qu’a choisi Victoria, parmi la dizaine de bijoux anciens et nouveaux qui lui ont été présentés.

(Photo : Histoires Royales)

Ce diadème créé par Benoît Verhulle, chef d’atelier chez Chaumet, rappelle la forme du traditionnel kokoshnik, la coiffe haute portée depuis des siècles par les femmes en Russie. Les 438 diamants du diadème ont été sertis en utilisant la technique du «fil couteau», une spécialiste de la maison Chaumet. Le diadème en or blanc est aussi serti d’un diamant de taille ovale de 5 carats et d’un diamant de taille poire de 2 carats.

(Photo : Histoires Royales)
(Photo : Histoires Royales)
Le grand-duc Georges, son épouse et le métropolite Varsonofi de Saint-Pétersbourg (Photo : Histoires Royales)
(Photo : Histoires Royales)

Les invités du mariage du grand-duc Georges de Russie

Nicolas Fontaine, rédacteur en chef d’Histories Royales, a eu le privilège d’être invité aux célébrations du mariage impérial. Il a pu y croiser de nombreuses têtes couronnées qui avaient répondu présent aux différents événements. Les célébrations ont débuté le 30 septembre avec une réception et un cocktail de bienvenue pour accueillir le millier d’invités, principalement des membres du Gotha, de la noblesse européenne, des journalistes, des amis, de la famille élargie, des sympathisants et des représentants politiques, religieux et culturels. Cette soirée d’accueil était organisée au palais Vladimir, le dernier palais à avoir été construit pour un membre de la famille impériale, un ancêtre du grand-duc Georges.

Le roi Fouad II d’Égypte félicite la mariée. Devant, le roi Siméon et son épouse. Derrière, le prince Boris de Bulgarie, le prince héritier Leka d’Albanie et le prince héritier Mohamed Ali d’Égypte (Photo : Histoires Royales)
La mariée s’incline devant le roi Siméon II de Bulgarie (Photo : Histoires Royales)

Le grand-duc Georges est le cousin des 10 souverains qui règnent aujourd’hui sur les 10 monarchies européennes. Descendant à la fois de la reine Victoria et du roi Christian IX de Danemark, il est assuré d’une proximité généalogique importante avec un grand nombre de rois et reines du continent. Nous vous proposons de lire cet article pour découvrir tous les ancêtres royaux du grand-duc Georges. Cet article détaillé permet aussi de découvrir comment le grand-duc Georges est apparenté à chacun des 10 souverains européens.

(Image : Histoires Royales)
(Image : Histoires Royales)

Parmi les princes, princesses et autres membres de la noblesse européenne, on a pu remarquer la présence du roi Siméon II de Bulgarie et son épouse Margarita. Étaient également présents le prince et la princesse de Pontecorvo, la princesse Léa de Belgique, le prince Charles-Philippe d’Orléans ainsi que le prince héritier Leka d’Albanie et son épouse. Le prince Louis de Bourbon et la princesse Maria Margarita étaient à côté du duc de Bragance et de son fils.

Dans la suite du marié se trouvaient le prince Murat, le prince Boris de Bulgarie, l’oligarque Konstantin Malofeev et le prince héritier Mohamed Ali d’Égypte. Le roi Fouad II d’Égypte était aussi assis au première rang, à côté de l’ancien roi bulgare.

La grande-duchesse Maria Vladimirovna (bleu à gauche, le tsar Siméon II et son épouse Margarita (violet), le roi Fouad II d’Égypte, la duchesse de Bragance et son fils, Afonso de Herédia de Bragança, prince de Beira, la duchesse et du duc d’Anjou et la princesse héritière Elia d’Albanie (Photo : Histoires Royales)

La grande-duchesse Maria Vladimirovna portait une robe bleu givré, la couleur du cordon de l’ordre de Saint-André. Étaient également présents, le prince David Bagration, le prince Aimone de Savoie-Aoste, nouveau duc d’Aoste. Le prince Bagration représentait la famille royale de Géorgie dont est aussi aussi le marié du côté maternel. Notons aussi la présence de Charles-Philippe d’Orléans, du prince Carl-Philipp de Croÿ, de l’archiduc Maximilian de Habsbourg-Lorraine, du prince Philip et de la princesse Isabelle de Liechtenstein, du prince Rudolph et de la princesse Tilsim de Liechtenstein, ainsi que de personnalités comme Stéphane Bern et le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel.

Duarte de Bragança, duc de Bragance (gauche), le prince héritier Leka d’Albanie avec Aimone de Savoie-Aoste, duc d’Aoste (centre). À droite, le prince Boris de Bulgarie et le prince David Bagration discutent avec la princesse Olga de Grèce, épouse du duc d’Aoste (Photo : Histoires Royales)
Le roi Simeon II de Bulgarie (Photo : Histoires Royales)

Après le mariage à la cathédrale Saint-Isaac, les invités seront conviés à partager un verre lors d’une réception à l’hôtel Astoria. Dans l’après-midi, les jeunes mariés se rendront à la forteresse Pierre-et-Paul sur l’île aux Lièvres. Au centre de la forteresse se trouvent la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et le mausolée des grands-ducs. Ces deux édifices servent de nécropole à la famille impériale. Le tsarévitch et la princesse Victoria Romanoff se recueilleront sur les tombes des ancêtres Romanov. En soirée, la réception de mariage sera organisée au musée ethnographique. Enfin, le lendemain, c’est un brunch informel qui aura lieu au palais Constantin de Strelna.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr